« Tempier 2020... Le rayon de soleil que tous wine lovers accueillera avec bonheur dans cette période d’inflation délirante ! » Chers membres passionnés, le moral est en berne au bureau, le monde du vin va mal, très mal... Entre les vignerons stars de certaines régions qui se prennent pour des acteurs d’Hollywood, la folie des grandeurs en Champagne où certains qui disent « ne pas pouvoir équilibrer le domaine avec des vins à 250€ ht », on se demande un peu ce qui se passe dans l’univers de la viticulture... C’est dans ces moments qu’il faut revenir aux fondamentaux, à l’essence du rapport prix-potentiel de garde-plaisir, à ce qui finalement, nous rallie à ce qu’est et à ce que devra toujours être le vin : une boisson ! En écrivant ces lignes, je repense à Daniel Ravier, le maître de la cave chez Tempier qui aligne avec une constance désarmante près de 20 millésimes au domaine avec panache. Des 2020, que j’ai pu déguster cette année à l’UGM (Union des gens de métier), j’ai retrouvé un millésime un peu moins solaire et corsé que les 2019, ce qui n’est pas pour me déplaire. La cuvée Classique (qui s’appelle désormais Lulu et Lucien) brille, malgré son évidente jeunesse et affiche tous les attributs d’un millésime de demi-garde (10-12 ans). Bleuets, myrte, cacao et épices font partie de l’équation mais dans une phase encore primaire à ce stade, il faut lui laisser 3 ans de bouteille pour que la lumière arrive ! Dans Migoua, Tourtine, Cabassaou, le curseur de l’émotion passe à un autre niveau. Migoua joue la carte de la suavité avec sa proportion de grenache accrue, cette cuvée m’impressionne depuis la vendange 2018 par sa constance, alors que dans les millésimes du passé, je préférais Tourtine. J’aime comparer d’ailleurs ces deux cuvées, comme on compare une Côte-Rôtie de la Côte Blonde à une Côte-Rôtie de la Côte Brune. Le jeu de la suavité et de la richesse parfumée d’un côté, la dimension tellurique et plus profonde de l’autre. Dans Tourtine 2020, pour l’instant, c’est silence radio, impossible de lire au travers de ce flacon d’une dimension impériale, mais verrouillée à double tour pour l’instant. Ceux qui connaissent et qui ont déjà bu des Tourtines d’une dizaine d’années, savent de quoi on parle. Enfin la cuvée « du cru dans le cru », c’est Cabassaou, le saint des saints, le cœur du cœur. Là encore, n’imaginez même pas une seconde impressionner vos convives avec cette énorme bombe à retardement à Noël car l’acheter, c’est comme entrer au couvent. Rien avant 10 ans ! Mais quelle bouteille, quelle magie, toutes celles que nous avons servies en masterclass vieux millésime à l’Atelier sont les témoins ce cœur de Tourtine ! Avis aux collectionneurs ! Petit mot au passage sur le blanc 2021, très sympa, un petit bouquet de fleurs blanches à ouvrir au printemps 2023 au moment des premiers rayons de soleil... Pour le coup, le millésime n’est pas très riche et ça, pour un blanc de Bandol, c’est merveilleux !
Bon, à l’heure où un Chambertin vaut plus de 800€, la question que tout amateur de vin (ceux qui les boivent) doit avoir en tête est : Où sont les grands terroirs de garde qui offrent encore des rapports prix-plaisir évidents. Mathieu et moi sommes totalement d’accord à ce sujet : Bandol, Châteauneuf, l’Alsace, la Loire ou même Cahors où autour de 30-50€, le terrain de jeu est totalement magique ! Si vous avez une belle cave et que Tempier fait partie comme pour nous, des fondations de l’excellence du rapport prix-plaisir, alors foncez. Vous rigolerez dans 10 ans en disant à vos amis avoir payé ces merveilles en pleine crise d’inflation pour une bouchée de pain !