Aujourd’hui, Chais d’oeuvre vous propose de découvrir une cuvée qui selon Manuel est « un concentré de bonheur », un Anjou « A Françoise » 2013 du Domaine Thibaud Boudignon.

La zone d’appellation comprend deux régions distinctes :
– L’ »Anjou noir« : sur sols sombres de schistes (bordure Sud-Est du Massif Armoricain) est l’aire la plus étendue.
– L’ »Anjou blanc« : sur des terres blanches résultant de l’altération de la craie (tuffeau) de l’extrémité Sud-Ouest du bassin parisien, est de surface très restreinte.

L’Anjou est une vaste appellation qui s’étend sur 3 départements (Maine et Loire, Deux Sèvres et Vienne) et représente en blanc environ 900 ha. Dans l’ombre de la très célèbre AOC Savennières, elle élabore des vins blancs à base du cépage Chenin Blanc, Chardonnay et Sauvignon. Les meilleures cuvées sous cette appellation sont nées du Chenin à 100% planté sur terroir de schiste.
Le climat de type océanique tempéré permet d’obtenir des maturités plus soutenues que dans le Saumurois ou la Touraine. Souvent galvaudée, c’est une appellation qui connait une amélioration très spectaculaire depuis une dizaine d’années.

Thibaud Boudignon a commencé en 2009. En 3 millésimes seulement, il s’est imposé comme un des meilleurs producteurs de toute la région. Son style s’inspire des grands Saumurs blancs du domaine du Clos Rougeard, avec des vins fermentés sous bois. Le choix des barriques est essentiel pour Thibaud qui cherche à exprimer au mieux son terroir.

La viticulture est au cœur de la réussite de ce domaine. Le vignoble est soigné comme s’il s’agissait d’un grand cru. Les vignes encore jeunes (1990) expriment déjà toute la minéralité du sous-sol schisteux. Seules les levures indigènes sont utilisées. Les vins connaissent un élevage sous bois pendant 12 mois. Cette cuvée « Domaine » passe dans des fûts d’un vin et deux vins de chez Ramonet en Bourgogne. Le reste du parc à barrique vient de la tonnellerie du Centre et de chez Dussiaux, un artisan qui signe les barriques du Clos Rougeard et celles de Romaine Guiberteau.

L’avis de Manuel Peyrondet:

J’aime:

Issue d’une sélection drastique des plus belles vignes  de Thibaud Boudignon, A FRANCOISE  2013 est certainement unes des plus belles lectures du chenin sur schistes que j’ai pu goûté cette année. La précision minérale , le relief, la texture, l’allonge en bouche, la petites note de réduction en finale qui rappellent certains Bourgogne… Tout dans cette cuvée est un concentré de bonheur. Bien carafée, servie avec un beau plateau de Clams farcies avec un beurre noisette, c’est le 7ème ciel!

J’achète:

« A Françoise » fait partie des ces rareté ligériennes dont je ne rate aucun millésime. Véritable bombe à retardement, elle prend aisément la place dans ma cave de certains Bourgognes blancs, dont les rapports prix plaisir, sont de moins en moins bons. Servie à l’aveugle sur quelques saveurs iodées, c’est la bouteille qui bluffe systématiquement les convives, car les Anjou de ce niveau, en théorie, ça n’existe pas!

Dégustation: 

La robe est typique d’un jeune chenin avec une teinte lumineuse de ton jaune pâle aux reflets argentés. Les larmes sont moyennement prononcées car ce vin ne titre que 13° d’alcool.
Au nez, une petite note toastée de l’élevage ouvre la marche, avec un boisé très léger qui pourrait être, dans l’approche, celui d’un beau bourgogne banc. Puis on découvre derrière tout le tempérament aromatique du chenin par des notes de poire juteuse, de coing et de fleurs blanches. En filigrane, la roche mère, le schiste, s’exprime par des notes de pierre à fusil et de silex frotté.
En bouche l’attaque est franche, le tempérament du cépage s’impose par son dynamisme. Le profil est vif et tendu. La texture prend le relais en bouche, avec un gras sec conséquent, ce qui est un peu la résultante des choix d’élevage de Thibaud.
La finale, elle, est très minérale avec une longue persistance gustative de 6 caudalies. On retrouve en rétro-olfaction la petite note boisée qui s’estompera dans le temps. A l’évolution ce registre encore primaire évoluera sur des notes plus complexes de truffe noire et de miel.

Conseils de dégustation: 

Servez ce vin à une température de 10° dans de beaux verres, un carafage en jeunesse lui permettra de développer tout son potentiel. Cette bouteille est à boire à partir de 2016 et avant 2026. Les Chenins de Loire offrent d’excellents potentiels de vieillissement. Manuel lui prédit une magnifique évolution sur au moins 10 ans, avec de superbes notes mellifères et quelques pointes de truffe. Côté mode d’emploi, il s’agit d’un vin de tous les instants, depuis l’apéritif jusqu’à table, cet Anjou est un grand blanc de gastronomie. Carafez-le dans ses premières années et jouez avec les températures pour des accords de contrastes avec les mets.

Suggestions gourmandes: 

Pour l’apéro, quelques pointes d’asperges avec une mousseline citronnée seront superbes.
En entrée, concentrez vous sur les saveurs iodées: palourdes ou clams rôtis au four avec un beurre noisette est une première piste. Le minéral du vin ira chercher l’iode dans la préparation.
Les poissons, saumon ou truite, cuits au court bouillon et servis en entrée avec une sauce finement citronnée, seront une belle association avec la fraîcheur acidulée de ce chenin.
En plat, tous les beaux poissons (brochet, sandre ou bar de ligne) aimeront la compagnie de cet Anjou, si vous les faîtes griller ou rôtir avec un beurre blanc.
Comme fromage, vous avez l’embarras du choix dans la famille des chèvres. Choisissez-les légèrement affinés, comme le Selle-sur-Cher légèrement crémeux, le Valencay ou un bon Sainte Maure de Touraine.