La nuit du 03 avril 2022, la Bourgogne a flambée pour protéger ses vignes du gel !

Mars et avril sont deux mois redoutés par les vignerons… La raison ? Le gel ! En effet, le gel fait des ravages et cela depuis des années. Il a cependant plus ou moins d’impacts en fonction des années et des régions. La Bourgogne mais pas que… L’année 2021 a été particulièrement destructrice en terme de rendements dans la majeure partie du vignoble français. Dans la région bordelaise, dans le Languedoc ou encore la Vallée du Rhône, le gel a fait et continu de faire des ravages. Touchés entre 50 et 100%, certains vignobles ont connu l’épisode de gel le plus catastrophique de cette dernière décennie, l’année dernière.

Les gelées de printemps sont à l’origine des dégâts directs sur la production de raisin en cours : la vigne a repris son cycle végétatif et les gelées sous -2°C peuvent nuire au rendement plus qu’à la pérennité de la plante. Selon le stade de la vigne au moment du gel, les dégâts sont variables.

Pour lutter contre le gel, les vignerons mettent en œuvre de nombreux moyens et se doivent d’être solidaires afin de trouver des solutions efficaces pour protéger leurs vignes.

Quels sont les impacts causés par le gel ?gel sur pied de vigne

Le gel est un fléau qui touche beaucoup de vignerons chaque année. Ils le redoutent car il peut faire d’importants dégâts pour la récolte.

Selon la température atteinte pendant le gel, la mort de la souche ne sera pas systématique. Mais des dégâts sont tout de même à craindre.

Au printemps, les bourgeons tout juste sortis peuvent être brûlés par le froid à partir de -2°C. Les bourgeons et les tissus embryonnaires sont brûlés et fanent. On peut estimer les dégâts à l’œil quelques jours après la période de gel car les bourgeons brunissent, car ils sèchent.

Si le bourgeon est brûlé tardivement dans sa croissance, il ne donnera pas de raisin cette année.

Cependant, quand le gel intervient plus tôt dans la saison, des bourgeons secondaires peuvent progressivement apparaître. De nouveaux rameaux vont donc pouvoir se développer mais cela va entraîner des disparités de maturités difficiles à gérer pendant les vendanges.

Tout est donc une question d’état de la vigne et de temps , la vigne est très sensible au gel au printemps car c’est la période à laquelle les bourgeons sortent et que le cycle végétatif commence. Voici les différents stades de développement du bourgeon :

etapes bourgeons

  • Appelé aussi un œil, le bourgeon d’hiver est presque entièrement recouvert par des écailles protectrices. À ce stade le gel n’a aucun effet sur l’évolution du raisin.
  • Vient, le bourgeon dans le coton, l’oeil gonfle, les écailles s’écartent et la bourre est visible, protégée par un duvet blanc.
  • À l’état de pointe verte, le bourgeon s’ouvre. C’est le débourrement. Puis, les feuilles font leurs apparitions. C’est à ce moment que le gel de printemps est risqué pour la récolte.
  • Au stade d’étalage des feuilles, les feuilles sortent une à une du bourgeon.

Plus le cycle de la vigne est avancé, plus le gel est un danger.

Quels sont les moyens de lutter contre le gel ?

Les bougiesbougie

Les bougies, aussi appelées chaufferettes sont des blocs de paraffine dans des boîtes métalliques disposés tous les 10 mètres pour réchauffer l’air près du sol autour des vignes.

Les bougies sont plutôt adaptées aux petites parcelles, elles ne représentent pas un investissement fixe mais elles ont tout de même un coup assez élevé.
Leur approvisionnement est compliqué en cas de prévisions de gelées, beaucoup de vignerons achètent ces bougies et leur stock est très souvent limité.
L’allumage des bougies est réalisé à la main et est très délicat. Les employés viticoles les allument souvent en pleine nuit. Les bougies se révèlent également assez polluantes puisqu’elles émettent du Co2.

La bougie est une technique très répandue car elle fait partie des moins coûteuses. Cependant, au delà de -5°C, les bougies ne protègent plus vraiment les vignes.

L’aspersionaspersion

La technique d’aspersion consiste à pomper l’eau et l’asperger par le biais de tuyaux sur les vignes pour former un « coton de glace » autour du bourgeon. Cela forme comme un igloo et protège le bourgeon. La transformation de l’eau en glace produit de l’énergie et donc de la chaleur ce qui aide à maintenir la température du bourgeon à 0°C alors que la température extérieure continue à descendre.

L’aspersion nécessite très peu de main d’œuvre et est efficace jusqu’à -9°C. C’est la technique la plus efficace et la plus respectueuse de l’environnement car elle ne pollue pas. Néanmoins, l’installation est très onéreuse et requiert la présence d’une rivière ou d’un réservoir d’eau à proximité. Il ne faut pas moins de 50 m3 d’eau par hectare !

 Les tours antigel

Les tours antigel sont installées dans des vignobles afin brasser l’air pour le réchauffer. Elles consistent à rabattre les couches supérieures d’air chaud vers le sol. Ces tours peuvent occupées une surface allant jusqu’à 5 hectares.

Il faut cependant prendre en compte le fait qu’elles ne fonctionnent pas en présence de vent et ne protègent pas au-delà de -6°C. De plus, la nécessité d’un terrain plat pour les installer peut aussi être une contrainte, installées sur les vignes durant toute l’année, elles ne se fondent malheureusement pas dans le paysage. D’autre part, son installation est très onéreuse.

Ce n’est donc pas la solution au gel à laquelle les vignerons pense en premier.

L’écran de fuméeécran de fumée

Cette technique consiste à créer un nuage artificiel en brûlant des bottes de paille et du bois à proximité des vignes.

Ce nuage artificiel a pour but de couvrir les vignes et empêcher aux rayons de soleil de brûler les bourgeons épris par le gel matinal. Cependant, cette technique reste très aléatoire car elle dépend de la direction du vent. Certains vignerons ne brûlent pas toujours que de la paille ce qui peut s’avérer très polluant.

Les câbles électriques chauffantscable chauff

Parmi les multiples techniques luttant contre gel, on retrouve les câbles chauffants. Ces câbles sont fixés le long des fils qui tiennent les baguettes de la vigne et sont reliés à un système de régulation qui réchauffe directement les parties sensibles.

Les câbles ont une longue autonomie et un bilan carbone faible s’ils sont branchés sur le secteur. Néanmoins, l’investissement lié à l’implantation de ces câbles dans la vigne est non négligeable. L’installation se limite généralement aux petites parcelles, à proximité des villages car l’accès à l’électricité est indispensable.

En conclusion, on peut donc trouver divers moyens afin de contrer les effets du gel et protéger les bourgeons pendant le printemps :

  • Les bougies réchauffent l’air près du sol
  • L’aspersion crée un cocon autour du bourgeon
  • Les hélices rabattent l’air chaud vers le sol
  • La fumée crée un écran de protection
  • Les câbles réchauffent la zone de contact

Chaque région en France et dans le monde possède sa technique pour se protéger contre le gel. Par exemple, à Chablis, l’aspersion est très répandue. En Bourgogne, les bougies illuminent les rangs de Chardonnay et Pinot Noir et dans l’ouest, dans la Loire ou encore à Bordeaux, les tours antigel sont souvent préférées car les paysages sont généralement plats.