En ce lendemain de week-end prolongé, Chais d’oeuvre vous propose de découvrir un monument alsacien: un Riesling Cuvée Frédéric Emile 2007 du Domaine Trimbach.

Vendue sous l’appellation Alsace, cette cuvée est en fait bien plus que son étiquette ne laisse paraître. La maison Trimbach a toujours fait le choix de commercialiser ses grandes cuvées sous un nom, au lieu de revendiquer l’appellation  » Grand Cru ». Issue de l’assemblage des grands crus Geisberg et Osterberg,  deux meilleurs grands crus d’Alsace, cette cuvée est certainement une des plus belles lectures du Riesling en Alsace. Elle dépasse dans ses dimensions et son exceptionnelle longévité les standards de l’appellation Alsace Grand Cru.

Avec plus de 400 ans d’histoire et aujourd’hui 13 générations de vignerons de père en fils animés par l’excellence, la famille Trimbach est pour l’Alsace, un domaine absolument incontournable. Avec la cuvée Frédéric Emile et le meilleur Riesling du monde le très célèbre » Clos Sainte-Hune » en tête de leur gamme,  la maison  perpétue  son  style de vins secs, francs, racés,  vibrants et longs. On parle de la « patte Trimbach » qui est aisément reconnaissable à l’aveugle; une patte dictée par 3 mots au domaine: « Équilibre, équilibre, équilibre ». Jamais de sucre, de la matière, une belle acidité, une forte concentration en extraits secs… Le petit plus au domaine, les vins sont commercialisés uniquement quand ils amorcent leur maturité ( 5 ans minimum après la récolte) pour optimiser l’expression des vins.

La viticulture au domaine suit l’éthique de qualité que se fixe le domaine, avec un minimum d’intervention, une interaction permanente avec la plante. Les vendanges sont systématiquement manuelles sur ces grands crus aux pentes vertigineuses. Des levures indigènes sont utilisée et un élevage en foudre est réalisé pendant 18 mois. Puis vieillissement en cave entre 5 et 6 ans après la récolte.

L’avis de Manuel Peyrondet

J’aime:

Frédéric Emile 2007 c’est l’archétype du style Trimbach, un immense riesling sec et racé,  une Ferrari de précision, poussé en saveurs dans ce millésime d’exception.  Imaginez un pur sang qu’il faudra apprivoiser patiemment, mais qui  d’ici quelques années, se livrera dans une complexité que très peu de blancs de l’hexagone proposent. Un vraie bombe à retardement…!

J’achète: 

Je ne manque aucun millésime de cette cuvée de collection car son évolution à  10-12 ans tire vers une complexité unique en France: infusion, truffe blanche, caramel, orange sanguine, le tout bercé d’une minéralité ébouriffante! Une complexité recherchée par tous les collectionneurs qui s’arrachent les quelques vieux millésimes du marché à des prix deux ou trois fois plus élevés qu’en jeunesse. Une rentabilité bien meilleure que votre livret A!

Dégustation:

La robe jaune pale de cette cuvée ne trahit en rien ses 7 ans de maturité. L’impression visuelle suggère en tous points, un vin beaucoup plus jeune.
Le nez encore timide à cet âge, exprime avec brio le style Trimbach. Citron vert, minéral exacerbé, pierre humide, beaucoup de franchise aromatique et de netteté.
L’attaque en bouche est rythmée par une nervosité, une trame ferme et fraîche. Pas la moindre trace de sucre résiduel, mais un volume suave et élégant qui confirment les qualités du millésime. La finale presque cistercienne à ce stade, confirme un léger pécher de jeunesse, mais brille par sa persistance d’environ 7 caudalies.
Immense potentiel.

Conseils de dégustation: 

Carafez cette bouteille au moins 15 minutes avant de déguster en jeunesse, à boire dès maintenant et avant 2035. Elle est née pour traverser les décennies. Elle commence pleinement à livrer son potentiel et s’ouvrira comme une fleur d’ici un ou deux ans. Autour de 15 ans, elle deviendra absolument exceptionnelle.

Suggestions gourmandes: 

Le relief agrumé de cette bouteille lui garantit un succès immédiat dès l’apéritif, même auprès de convives avertis. Vous provoquerez des passions si pour l’accompagner, vous préparez des petites verrines avec des poissons marinés ou fumés. A table, le Riesling est un ambassadeur de toutes les nuances marines ou iodées, ainsi que les nuances asiatiques.
Dans ses premières phases aromatiques, j’aime cette cuvée sur les préparations crues ou froides, tournées vers l’iode. Un carpaccio de langoustine au citron vert, un tartare de saumon au pamplemousse, une préparation de crabe légèrement citronné, un émincé de bar cru mariné au Yuzu. Les pistes sont nombreuses.

Au fil du temps, les notes d’écorce et le minéral appuyé feront appel aux poissons nobles. Un turbot poché, déposé sur une sauce mousseline aux algues et une purée de pommes de terre ratte au citron confit (recette de l’auberge de L’ill *** en Alsace). Pensez aussi à des ravioles de crustacés à la mandarine ou au gingembre qui offriront à cette cuvée des envolées aromatiques spectaculaires. Autour de 15 ans, ce Riesling gagnera en gras, en profondeur et en texture. Il pourra alors s’affranchir de quasiment toute restriction. On peut imaginer des viandes blanches ou des volailles avec dans la série des « classiques », une bonne poule au pot ou un beau ris de veau. Avec un vieux riesling , on touche au sublime!