"Un style Volnaysien, une matière mûre et suave, une superbe allonge minérale liée aux terroirs crayeux du Kimméridgien". C'est juste bluffant ! Amateurs de pinots Bourguignons qui claquent et qui mettent tout le monde d'accord dans une série de grands vins à l'aveugle, voici la bouteille pour vous ! La semaine dernière, après nous avoir fait voyager avec une série exceptionelle de blancs, Jean-Hughes Goisot nous a littéralement "scotché" avec le niveau et la profondeur de ses rouges 2017. En pensant au millésime, plutôt souple en Côte de Nuits et Côte de Beaune qui a fait naître des vins spontanés et de demi garde, je me suis gratté la tête en essayant de comprendre comment il est aujourd'hui possible de faire des pinots aussi profonds et vibrants, là où ils murissaient à peine il y a encore 10 ans ! La réponse de Jean-Hughes fût claire, et sans détour : "Le réchauffement climatique nous aide beaucoup, et comme je bride les rendements à 30 hl/ha, on a forcément un fruit plein et des finales de bouche mûres, et bien enveloppées !". C'est bien sûr ce genre de détail, qui nourrira vos échanges avec vos amis lors d'une soirée bien pensée. Ils seront la porte ouverte à de nombreuses questions, comme nous les avons soulevés hier soir lors de notre Masterclass sur les grands vins à maturité : le pinot noir est-il en sursis en Bourgogne, va-t-on déplacer ses plaisirs vers le nord ? Les pinots des Côte d'Auxerre sont-ils aussi légitimes que certains grands de Côte de Beaune ou de Côte Chalonnaise ? A cette question, la réponse est OUI, sans la moindre hésitation. Si vous êtes curieux, ou comme moi, tout simplement fondu de Bourgogne, goûtez vite à ce trésor, et vous mesurerez l'exploit fabuleux de Jean-Hughes Goisot dans ce millésime ! Incroyable !
Hier soir encore, la Masterclass sur les grands vins à maturité fût riche en enseignements. Les 16 membres présents ont en effet commencé à halluciner en goutant au Givry 1er cru Clos de la Servoisine 2005 de Jean-Marc Joblot, en y trouvant une jeunesse ébouriffante, un fruit percutant, et une note irrésistible de noyau de cerise ! Avant d'attaquer les magnifiques Gevrey Champeaux d'Alain Burguet et Chambolle Les Cras de Roumier, certains m'ont demandé combien valait à l'époque le Givry : je leur ai dit que c'était le même prix que le Côte d'Auxerre La Ronce de Goisot. Mais pourquoi cette comparaison me direz-vous ? Et bien tout simplement car ce vin coche en terme de style et de sensation, exactement les mêmes cases que ce Givry de l'époque: un fruit profond induit par les rendements serrés et la biodynamie ; un bouquet précis grâce à une vendange totalement égrappée; une bouche suave, enveloppée et fondue que l'acidité fine des terroirs du nord de la région confère au pinot noir ; un élevage canon en fûts Chassin comme tous les rouges de chez Vincent Dureuil... Résultat, je pense que vous avez là un terroir du nord de la Bourgogne que les années ont révélé, avec un potentiel tactile et aromatique fabuleux, et un rapport prix/plaisir tout aussi génial que ces grands vins qui nous font vibrer entre Santenay, Givry, Rully. En tous cas, cette bouteille est bluffante et tellement inattendu pour un rouge du Nord de la Bourgogne, qu'elle mérite que vous y goutiez ne serait-ce qu'une seule fois !