" Faire du vin, c'est un peu comme suivre des étapes spirituelles dans sa vie. Plus on avance, plus on évolue, plus on sait ce qui nous fait vraiment vibrer. Dans le Clos des Fées 2016, je vibre, j'ai de l'émotion, j'y retourne facilement parce que ce vin est habité par quelque chose qui me transporte. Contrairement au 2017, qui sera un vin de concours, le 2016 est celui qui adorent boire du vin..." Voici texto, les mots d'Hervé Bizeul, avec qui j'échangeais encore hier soir au téléphone, après que Mathieu et moi ayont pu déguster les tous derniers tirages des vins du domaine. Côte à côte, nous avons pu comparer les deux millésimes en question, en nous disant dès le premier tour de verre : les boisés sont plus intégrés que dans le passé, le style s'est affiné, Hervé a évolué dans ses propositions. Dans ce match 2016 vs 2017, y a pas photo comme on dit ! Le 2016 est vibrant, plus frais, plus digeste, la matière est toujours aussi dense dans la cuvée, mais la fluidité de bouche et la finale très fine en tanins, nous ont fait oublier les 2017, qui campe dans une trame plus solaire, plus fatiguante à ce stade. Je me suis surpris à me resservir du 2016, qui comme le dit si bien Hervé, transporte franchement par ses saveurs de mûre sauvage, réglisse, pointe d'épices, figues rôties avec un trait de très vieux balsamique. Une décharge d'émotion, ensoleillée, mais pas que. Il y a un truc qui interpelle, et qui sincèrement, fait de ce Clos des Fées 2016, une nouvelle version par rapport à ce que j'ai toujours pu déguster au domaine. On a ADORÉ !
Le temps passe, les styles évoluent, et les profils de vins s'affinent ! Je le dis très souvent lors de soirées Chais d'oeuvre, on observe dans toute les régions en France, mais aussi dans le monde, des évolutions stylistiques, et de nouvelles modes s'installer. Le retour de la vendange entière sur les pinots, les Châteauneuf évanescents facon Rayas qui remplacent les bêtes à concours, les blancs élancés et sapides du Roussillon récoltés à 12,5% et tant d'autres... Chez Hervé Bizeul, on a toujours apprécié la constitution du Clos des Fées, qui s'est inscrit dès les premiers millésimes, comme un vin de longévité et de grande garde. Il a souvent été concentré, bien boisé aussi, mais comme je vous le précisais avec les 2015, le style change, le Clos des Fées s'affine, et le bois est moins présent. Vous retrouverez donc cette splendide cuvée des calcaires de Vingrau, dans un millésime de rêve, pour ceux qui aiment les bouches plus sapides, plus fines, et les vins de grand contraste. 2016 a tout : l'étincelle, le fruit, la classe dans les tanins, l'accessibilité jeune... C'est magique !