Faut-il posséder ses propres vignes pour élaborer de grands vins de terroir ? Voilà une question à laquelle, la très brillante Jane Eyre pourrait répondre avec humour : « Acheter des vignes en Bourgogne ? Facile, il faut juste avoir gagné au loto avant »… Cette Australienne qui, par passion pour le vin, est passée de la coiffure à la viticulture, s’est fait un nom en partant « de rien », et s’est vu attribuer la distinction de « révélation de l’année » par la RVF qui couronne sa gamme de 2 étoiles. Il faut dire que Jane a travaillé chez de grands noms de la région, comme Dominique Lafon, qui dans sa pépinière de jeunes talents à Beaune, héberge quelques micro productions dont celle de Jane. Déjà en 2014, nous sonnions l’alerte auprès de nos clients en soulignant le potentiel de cette vinificatrice hors pair, et mettions en avant quelques Gevrey-Chambertin 2012. Les 2018 ont suivi, avec quelques Savigny et Chassagne-Bondues juste renversants. Alors évidemment, quand sont arrivés les 2019, on s’attendait à du très haut niveau compte tenu du millésime. On a franchement pas été déçus ! Le Fleurie, né d’une sélection massale super qualitative de vignes de 80 ans est une brillante lecture du cru, un vin aussi floral aux notes de maras des bois, de poivre sauvage et de pivoine. Le millésime est solaire dans la région, et cela a participé à la construction en bouche des plaisirs.Côté pinots, le Côte de Nuits Village est un pétard sur 2019, qui place la barre haute pour l’appellation. Avec ceux de la jeune Alix Millot, c’est le meilleur bu cette année, un vin digne d’un grand village de Côte de Beaune, avec une étoffe, un fruit gourmand et long. Son élevage ne prend pas le dessus sur le fruit comme ce fut le cas dans le passé sur cette cuvée. J’ai adoré ! Sur Gevrey, le simple village donne le ton : Jane aime les pinots murs, les bouches charnelles, les fruits profonds... C’est un concentré de fruits noirs et un village qui dixit la RVF « prend des airs de premier cru par sa sapidité et sa profondeur de bouche. » On est d’accord ! Dernier étage de la fusée : Les Corbeaux, que nous avons l’habitude de servir à l’atelier chez Serafin, est un premier cru éblouissant, très intense et épicé sur 2019. Sa persistance et sa profondeur de goût en font, à notre avis, la plus grande bouteille jamais signée par Jane Eyre... Une grande bouteille à retardement !
Un foncier intenable, des fermages hors de prix... Avec la terrible récolte de 2021, l’étau se resserre sur ces jeunes talents de Bourgogne, qui partis de rien, tentent de se faire une place au pays de ceux où il fallait mieux naître fils de... Mais cela ne décourage pas Jane Eyre, qui dévorée par sa passion du pinot noir, fait tout pour surmonter ces épreuves. Nous lui adressons tous nos encouragements ! Si vous ne connaissez pas encore, et que vous voulez faire connaissance avec les plaisirs de cette nouvelle pousse de Bourgogne, alors foncez les yeux bandés sur 2019. Le millésime est grandiose, Jane ne travaille que de belles vignes, et ne fait aucune concession sur la qualité. Vous le sentirez dès le premier tour de verre !