" Le covid nous a apporté ce que mes frères et moi n’avions jamais pu mettre en place avant : 6 mois de plus à la sortie des fûts, pour une mise en masse en cuve qui a étiré les matières et qui nous a permis de ne pas filtrer. Cela a tout changé : la précision, l’intensité, l'homogénéité des matières. Ça fait 20 ans qu’on y pensait, mais nous n’avions jamais franchi le pas... " ! Voilà ce que me disait Emmanuel Guillot cette semaine au téléphone, en me parlant de ses sublimes 2019 qui comme vous l’avez compris, ont profité de la crise pour se faire " une petite cure de jouvence " avec de longs élevages... On a toujours tendance à dire que pour les grands vins, ce sont les petits détails qui font les grandes différences, et franchement, cela se vérifie dans la superbe ligne de parcellaires d’Emmanuel Guillot ! Si vous découvrez, nous parlons avant tout du village de Cruzille, une pépite du nord du Mâconnais, qui fut un des hauts lieux de la viticulture défrichée par les moines de l’Abbaye de Cluny. En termes de surface, c’est un mouchoir de poche, mais un véritable trésor géologique qui offre à mi-coteau, certains des plus beaux socles calcaires du Mâconnais qui sculptent des cuvées de haut vol digne pour certaines, des meilleurs blancs de Côte de Beaune. Au domaine, le BIO n’est pas une nouveauté, puisqu’il est en place depuis 1978, comme c’est le cas d’ailleurs, sur la quasi-totalité du village. Les rendements y sont serrés, et la lecture de chaque cru franchement remarquable. De tous les noms évocateurs qui composent la gamme : Genièvrières, Perrières, Clos de la Mollepierre, ou Combettes... Tout est grandiose, y compris La Myotte, ce Pinot Noir juteux issu d’une massale de grand pinot, qu’Emmanuel vinifie façon Trapet (il y a travaillé) : une infusion de petites baies concentrées, aux parfums inimitables de cerise et de poivre sauvage. Lisez le j’achète pour vous plonger dans chaque cuvée, mais surtout, ne vous retenez pas. Cette série de 2019 est une démonstration, peut-être les plus grands vins que le domaine aient produit jusque là !
Si vous lisez ce j’achète, c’est que vous êtes torturé par l’immense diversité des cuvées, et que vous ne savez pas quoi choisir. Voici donc quelques lignes qui je l’espère, vous permettront de trouver le bonheur. La gamme des blancs 2019 s’ouvre avec un splendide Genièvrières, qui trouve dans ce millésime un éclat et une étincelle qu’elle n’avait jamais eu jusque là : c’est un blanc en demi-corps, crémeux à souhait, teinté de poire, de châtaigne, d’une petite pointe de miel frais et d’agrumes. C’est en jeunesse, le plus immédiat de la série, un vin qui porte peu de bois et un plaisir exquis ! La montée en gamme se fait ensuite dans Les Combettes, une cuvée impressionnante de matière sur 2019, avec un coffre et une trame de bouche digne d’un Meursault village. Un rien plus toasté, l’élevage colle à un fruit plus mûr ; la pêche, la poire, donnent le ton au bouquet qui rappelle de belles signatures du secteur de Saint-Aubin, Meursault ou Chassagne ! On monte clairement d’un ton ! Le relais en finesse se fait dans le Clos de la Mollepierre, cette parcelle dans le coteau d’un vieux clos de 400 ans, qu’Emmanuel à défriché et planté il y a une quinzaine d’années. Là, on attaque la roche mère, tout devient plus sapide, plus minéral, son grip sur la langue le fait passer dans une autre dimension, on joue dans la cour d’un super Saint-Aubin 1er Cru genre Remilly. Enfin, la cuvée la plus sensationnelle est comme toujours Les Perrières : une tuerie comme chaque année au domaine, où sincèrement, l’appellation n’a plus rien à voir avec le vin. Du cailloux, de l’iode, une puissance remarquable et une allonge de folie, on est plus proche d’un grand Premier Cru de Chassagne, et on se pose la question : est-ce vraiment un Mâcon-Cruzille ? Non, c’est un Perrières, et ça en Bourgogne, c’est pas un nom qu’on a mis n’importe où ! Enfin, il y a la Myotte, un Pinot Noir renversant qui, dans une tonalité très poivrée, vient surprendre par sa singularité aromatique. Sa matière est séveuse, longue, le fruit est intense et juteux, c’est le genre de pinot qui à 3-4 ans, peut être servi à l’aveugle, dans une série de Gevrey village... Les 2015, les 2012 avaient écrit une superbe partition au domaine, les 2019 iront certainement plus loin ! Bref, un millésime du feu de Dieu, un grand terroir et un interprète en pleine forme... C’est ça les 2019 chez Guillot-Broux !