Secret de sommelier : pour savoir si un domaine du Beaujolais vaut le coup, placez le dans un salon professionnel à Paris, entre le stand de Christine Vernay et de Dauvissat à Chablis. Laissez déguster les pros et si le stand est blindé, alors foncez ! C'est exactement ce qui nous est arrivé lorsque dans une grande dégustation à Paris, Antoine Sunier présentait au milieu de domaines stars, ses merveilleux Fleurie, Régnié et Morgon. Ce jeune talent, Bourguignon d'origine qui avec son frère, suivent les conseils de leurs maîtres à penser : Roumier et Albert Mann en Alsace (deux légendes), font de véritables miracles dans la région. Installé en 2013 en reprenant un micro-domaine de 6 ha, Antoine s'est très vite distingué par la finesse et le peps de ses cuvées inspirées de la méthode Chauvet : extraction douce, fruit scintillant, macération semi carbonique en raisins entiers, longs élevages en fûts bourguignons... Bref, chez lui, on prend son temps, la viticulture dépasse tous les curseurs du BIO, on est chez un des GRANDS du Beaujolais. Son Morgon 2018, qui naît d'un assemblage de 5 parcelles est une pure merveille. Il déploit un bouquet de fleurs séchées, où l'Iris et la pivoine croisent des notes de noyau de cerise et du poivre de Timut. L'ensemble est porté par les notes ferrugineuses typiques du terroir de Morgon et livré en bouche dans une finesse de trait remarquable, qui nous a fait tomber à la renverse de bonheur. IMMENSE coup de cœur.
Pourquoi proposer à 3 jours du Beaujolais nouveau un Morgon d’Antoine Sunier ? Tout simplement parce que cette bouteille est l'inverse opposé de ce type de vin que je déteste par-dessus tout. A quoi bon travailler toute une année dans les vignes, si c'est pour bâcler le travail en cave ? Car dans un Beaujolais nouveau, la fermentation est accélérée, le levurage outrancier, l' élevage inexistant, les mise en bouteille se font à l'arrache... et depuis 1965, il se vend 26 millions de bouteilles de Beaujolais Nouveau qui détruisent l'image de toute une région au fur et à mesure des déceptions... Bref, nous on vous parle d'un vigneron de génie qui marche dans les traces de son frère récompensé cette année par la RVF pour son ascension (1 étoile), d'un grand terroir, de quelqu'un qui prend son temps et d'un beau millésime. Évidemment, il n'y en a pas des millions de bouteilles, mais ce n'est pas grave. Ceux qui veulent goûter à l'essence de la région se régaleront des quelques pépites que nous avons pu avoir dans ce beau millésime !