Anjou 2021
Domaine Thibaud Boudignon

Des diamants ! Voilà ce que je réponds à des clients quand ils me demandent comment sont les vins de Thibaud Boudignon ! Ce jeune et brillant interprète de l’Anjou Noir, que j’ai vu débuter en 2009, est aujourd’hui au sommet de l’affiche ligérienne et signe des vins d’esthète, d’une précision quasi chirurgicale, qui parle à tous ceux qui aiment les vins tendus, sapides, très élancés. A chaque visite, je revois cette cave moderne à la Possonnière, ce chais à barrique éblouissant où Thibaud taille au laser les jus de ses schistes noirs. En sortant dehors, il faut marcher 50 mètres pour tomber dans le Clos de la Hutte, puis un peu plus loin pour la Fremine. Un regard sur Les Murets et vous imaginez le sol, ce feuilletage somptueux de schistes qui, à moins de 20 cm sous terre, offrent les minéralités aiguisées de ces Savennières. Chez Thibaud, le maître mot est « précision », un peu comme son ami Louis-Benjamin Dagueneau avec qui il partage beaucoup de choses. A chaque visite ou bouteille ouverte lors de nos masterclass à l’atelier, je me régale de ces jus de cailloux qui s’étoffent avec les années et qui prennent une complexité fantastique quand on sait les attendre. Dans sa gamme, il faut d’abord découvrir l’Anjou blanc qui naît sur l’autre rive, dans le secteur de Bonnezeaux. C’est un Anjou sec, traçant, qui conjugue salinité, vibration minérale et longueur, à un univers légèrement exotique. Sa pureté impressionne. Deux millésimes sont proposés aujourd’hui : des 2022, qui allient confort et sapidité, et des 2021, millésime plus ciselé mais que les puristes adoreront pour son rythme et son cœur salivant ! Derrière, il y a À Françoise qui naît sur Saint-Lambert, de vieilles vignes ici, qui plongent dans une voie de chemin de fer niveau terroir. Toujours plus épaulée que la première cuvée, elle brille par sa netteté, son caractère fumé, sa patine légère des bois, sa trame de poires fraîches. Perso, j’adore cette cuvée, nous l’avions mise dans un coffret en 2011 dès les débuts de Thibaud ! En attaquant Frémine et Clos de la Hutte, vous passerez en vitesse lumière mais à une seule condition : les attendre, les attendre patiemment pour laisser les jus se minéraliser et gagner en épaules avec le temps. J’ouvre en ce moment des 2014, 2015 du domaine qui commencent à chanter ! Le Fremine affiche déjà une trame lumineuse éblouissante, sa minéralité est le témoin de cette roche « à fleur » que l’on observe en se promenant dans les Clos du domaine. Le Clos de la Hutte est encore plus savoureux et racé, c’est un peu le grand cru de Thibaud, le genre de vins qui affiche une trame insolente de personnalité, de pureté... Un jus de cailloux sculpté dans la roche mère, avec une jolie patine d’élevage autour qui, à aucun moment, ne vient brouiller ses messages. Pour moi, ces vins relèvent autant de l’art que de la viticulture, ils s’adressent aux puristes, aux patients, à celles et ceux qui préfèrent l’esprit aux muscles !

Il y a 12 ans, Thibaud Boudignon sortait ses premiers millésimes en parallèle de son activité de conseil, aujourd’hui le succès est au rendez-vous et Thibaud est devenu une star de la région. Le domaine compte 8 ha mais ne grandira pas plus, Thibaud est un perfectionniste qui, dans les vignes, exige de ses équipes l’engagement d’une équipe sportive de haut niveau. Pour bien comprendre cela, il faut aller marcher avec lui dans les vignes de son Clos de la Hutte et voir ces parcelles menées au cordeau comme un jardin.Pour lui, un grand vin est avant tout un " jus de cailloux " que des maturités justes et des élevages précis emmènent en persistance. Si vous faites partie des puristes, des amateurs de ces profils ciselés et racés autour du chenin ou du sauvignon façon Dagueneau, alors vous adorerez toute la gamme de Thibaud. Maintenant, notez bien sur la bouteille qu’il faut au moins 2-3 ans à chaque cuvée pour s’ouvrir, et 5 à 7 ans pour les fameux Clos de la Hutte et Frémine... Armez-vous de patience, vous serez récompensés !