Bonnes-Mares Grand Cru 2022
Domaine Robert Groffier Père & Fils

« Deux nouvelles nuances d’Amoureuses dans la gamme de Nicolas Groffier font de ce millésime 2022 un collector au domaine… Pour le reste, la gamme est grandiose, poussée en saveurs par un millésime fabuleux… C’est, sans exagération, mes plus belles émotions à la propriété, depuis les 2019 ! Le grand frisson ! » Chers membres passionnés, chers burgundy lovers, quel bonheur de partager avec vous ces quelques lignes… Il est précisément 17h54, nous sommes le 23 février 2024 et je suis dans la voiture, arrêté à quelques centaines de mètres de chez Nicolas Groffier en contrebas des Bonnes Mares et je profite de l'émotion ressentie pour vous raconter cela à chaud et sans attendre ! Entrons un peu dans le vif du sujet, et pointons du doigt le thème surexcitant du jour : ces fameuses Amoureuses du domaine, divisées pour la toute première fois en deux sous-parcelles baptisées ”La délicatesse des Sables” et “La Grâce des Argiles” …Deux nuances d’Amoureuses, que j’ai arpentées cet après midi avant d’y goûter les vins. En se promenant dans le coteau des Amoureuses et en écoutant Nicolas, plusieurs choses m’ont frappé : le dénivelé d’abord, entre les deux identités géologiques que Nicolas a isolées. Le haut, sablonneux, caillouteux tire ensuite vers les Musigny. L’autre parcelle, plus au sud, plonge sur la Vouge. En face, ce sont les Petits Vougeot. Il y avait également le ressenti du vent. En haut, le vent sec qui souffle et qui venait de sécher 20 mm d’eau tombés hier… Et en bas, un dôme, une lumière, avec le côté protégé de cette parcelle plus argileuse et plus chaude. (Rappelons que les Amoureuses tirent leur nom du fait que la terre colle aux chaussures). Ça, c’est le terroir. L’autre fait qui m’a frappé, c’est l’homme : Nicolas, quarantenaire, 20 millésimes derrière lui, veut continuer à écrire l’histoire de son domaine et laisser libre court à son imagination ! Pour lui, la Bourgogne des grands vins doit désormais prouver autant qu’elle promet, elle doit « bosser », et dans certains cas, innover… En regardant ses mains, on sait qui taille, on sait qui passe 10 heures dans les vignes et qui chouchoute ses très vieilles vignes. Lors de la dégustation, je me suis mis en jambes avec le Bourgogne, superbe dans ce millésime que Nicolas n’a pas pigé. On est précoce, donc on infuse, on étire, mais on ne force pas les traits. Le vin fait 12,8% naturel, mûr, il brille par son fruit et sa fraîcheur… J’ai même pas craché ! Derrière, j’ai pu tremper mes lèvres dans le duo d’Amoureuses, avec une comparaison dingue entre les Argiles et les Sables.. .Deux vins vinifiés exactement de la même manière, 100 % vendange entière. Le premier raconte l’histoire charnelle et enveloppante des argiles, par une matière divine, pleine et structurelle. Un vin grandiose, long, mais assez séveux à ce stade, qui porte encore un poil l’univers fumé des pièces François Frères. Nicolas me disait que les argiles tendaient à « dominer » l’autre cuvée lorsqu’elles étaient assemblées, comme deux sœurs qui ne s’entendent pas. Dans les Sables, en revanche, c’est de la pure dentelle, du parfum, un vin immense de présence aromatique et si délicat en bouche… Une sensualité hors norme, coiffée d’une persistance délirante ! Peu de bois en sensation ici, le vin est taillé dans la soie ! De manière imagée, Nicolas me disait : “à gauche, c’est la glace, à droite, c’est le sorbet” …. Bon, c’est deux sorbets de dingue, mais cela image un peu le contraste de texture. J’ai adoré ce duo, que j’ai pu d’ailleurs redéguster sur 2016, car Nicolas avait fait deux micro-vinifications « test » avant de se lancer. Et Les Argiles 2016 ont dominé le débat… Bref, l’un ou l’autre, quand on évoque les Amoureuses, c’est forcément immense. Je pourrais continuer ainsi sur une bonne trentaine de pages, mais Agnès, notre stagiaire adorable, attend ces textes avec impatience, lisez le j’achète pour plonger dans le reste de la gamme !

Bon, avec un tel pitch sur le duo d’Amoureuses, j’espère que les collectionneurs ou passionnés d'extrême finesse se retrouveront derrière ces deux sublimes bouteilles. Mais revenons un peu sur Terre, je vous le disais, la Bourgogne est superbe sur 2022, pas trop réduit, pas trop riche, c’est salivant, juteux, peu tannique… Un bonheur. Vous retrouverez dans la foulée le Gevrey Seuvrées, excellent village (le seul) de la gamme qui raconte la teinte de noyau de Gevrey, en prime du style charnel des vins du domaine. Dans les deux Chambolle, impossible de ne pas citer Nicolas sur les Hauts Doix qui, sur la parcelle d’Amoureuses, me disait : “La partie des Amoureuses Des Sables monte un peu ici et forme un petit dôme. En basculant au nord, c’est mes Hauts-Doix”. Bref, même strate géologique, même finesse, mais exposition différente ! Ceci explique le caractère délicat, suave et caressant de ce Chambolle. Dans les Sentiers, on parle de vieilles vignes, d’un matériel végétal vénérable, d’un vin profond et tellement long ! Rien à voir avec les Hauts-Doix, on boxe plus, et c’est normal, avec les Bonnes Mares, situés juste au dessus. La gamme se complète avec ces derniers qui, en passant à l’étage supérieur en termes de présence et d’allonge, rappellent combien la Bourgogne est bien délimitée ! Grande dimension minérale, caractère, fruité glorieux, tout y est. Le Clos de Bèze derrière, rappelle que c’est lui le patron et que ses vignes sont centenaires… Vin extraordinaire, immense de charisme et d’allonge… Hélas très très haut de gamme, mais un vin à boire au moins une fois dans sa vie !