Sauternes 2017
Château Les Justices

Le meilleur rapport prix/complexité/plaisir dégusté à Sauternes depuis très très très très longtemps ! Quel bonheur de retrouver les Justices ! Ce trésor de 9 ha sur Sauternes que la famille Respide Médeville mène de main de maître en complément de sa pépite « Gilette » (les antiquaires de l’appellation), est assurément une des adresses les plus excitantes de l’appellation, dont les vins naissent en terme d’équilibre à l’opposé de ceux que le public fuit aujourd’hui. Au domaine, c’est bien connu des pros, la recette est simple : toute la complexité vient de choix de baies, du botrytis (une sélection drastique) mais on ne met surtout, surtout pas de bois... Pas de cocolactone , pas de vanille qui viennent farder la pureté du fruit, mais une ligne pure, précise, et envoûtante des sémillons... C’est délicieux ! Dans ces 2017, vendus un peu plus moins d’une trentaine d’euros (une misère quand on connaît les coûts de production), vous aurez la griffe des Justices : un jus teinté de noyau, de pâte d’amande, de compote de mirabelle twistée d’agrumes et d’écorce. Un peu de safran vient chatouiller les narines à l’aération. En bouche, les papilles sont bercées d’une liqueur rassurante, mais qui en aucun cas, ne vient saturer la gourmandise. On s’étonne du contraste de fraîcheur, de l’envie d’y revenir, voire de finir aisément son verre. Impossible en écrivant ces lignes, de ne pas penser aux 1997 et 2001 que je servais à l’aveugle au verre lors de mes années chez Taillevent. Tout le monde pensait à des 1er grands crus de l’appellation, et à des prix stratosphériques... Non, non, une trentaine d’euros pour un délice... Franchement, c’est le meilleur rapport prix-plaisir de l’appellation, sans hésiter !

Le prix, c’est une chose... Mais le vin surtout, est franchement merveilleux ! Quand je vois la manière dont les amateurs fuient (parfois par snobisme ou effet de mode) les grands vins de Sauternes, ou les Quarts de Chaume en Loire, je me gratte la tête... Je ne comprends pas. Car si les équilibres et la précision sont là, sincèrement, ces grands liquoreux sont la quintessence de ce qu’un raisin peut engendrer dans un verre. J’adore ça ! Mon conseil, même si vous êtes hésitant : prenez une paire de bouteilles, ou un magnum... Au prix où vous les aurez achetés, le risque de vous planter est nul, vraiment nul même. (Vous n’êtes pas en train d’acheter une quille de moelleux en tête de gondole de grande surface, vous êtes chez Chais d’œuvre !)  Et ouvrez en une rapidement, histoire de voir si je bluffe ou non. Sur un beau Roquefort, avec quelques abricots confits de Favols...Je vous dis même pas. Et la seconde bouteille, attendez là. Attendez là 5-7 ans, avant de l’ouvrir à nouveau. Là, vous aurez la certitude que ces quelques lignes n’ont pas été écrites par hasard. Si vous n’aimez pas, je vous remplace la deuxième bouteille... J’ai déjà fait ces paris, et les ai rarement perdus...