Bourgogne Aligoté Raisins Dorés 2020
Domaine Michel Lafarge

Un classicisme admirable, une patte imperméable aux modes du vin... de purs jus de terroir qui traversent le temps avec majesté ! C’est ça le domaine Lafarge à Volnay ! Avec Mathieu, nous en rêvions depuis des années car lors de nos masterclasses Volnay vs Pommard à l’Atelier, il ne manquait qu’eux aux côtés de ceux de Dominique Lafon, Thomas Bouley, Comtes Armand, Angerville ou Thibaud Clerget... Nous sommes donc très heureux de pouvoir pour la deuxième année consécutive, vous glisser quelques mots sur les merveilleux 2020. Mais avant d’entrer dans les détails, parlons style, empreinte, esprit, avant d’évoquer les crus. Au domaine, on aime les vendanges « bien mûres », on extrait peu, les raisins sont parfois égrappés à la main, l’artisanat est lisible à tous les étages dixit Clothilde qui était venue en 2021 nous parler de ses vins. En termes d’élevage, les vins ne sont jamais assis sur des boisés perceptibles, on laisse la parole au fruité intense du pinot noir qui, au domaine, naiî de séléctions massales solides ! Mais ce style est surtout au service de vin de lieux qui, notez le, exigent un bon 4-5 ans de bouteille avant de se révéler pleinement. Les passionnés qui ont bu, comme moi, quelques Clos des Chênes à maturité vous diront qu’ils font partie des vins de légende, comme le précisait d’ailleurs Jean-Claude Vrinat (patron de Taillevent) dans son ouvrage « 100 vins de légende ». Vous allez donc découvrir une petite partie de la gamme du domaine, sans oublier les très beaux terroirs de Fleurie où le domaine brille depuis quelques années sur quelques hectares. Là encore, un style infusé, précis, peu boisé... Perso, j’adore !

Les Burgundy lovers du club seront comme des enfants à la découverte de la série proposée par le domaine : l’aligoté « doré » d’abord qui porte merveilleusement son nom et que le domaine va chercher « bien mûr ». Il offre un contraste saisissant entre sentiment de densité et la salivation. Il vous plongera dans des instances de fruits de verger pochés, tout en faisant sauter de joie vos papilles par ses vertus acidulées. En rouge, son pendant est le délicieux Passetoutgrain que le domaine baptise « L’exception », une cuvée hommage qui fait la part belle à de vieilles vignes de gamay et pinot noir. 2020 est à l’image de son ainé : grandiose, mais né dans un profil plus athlétique encore. Son fruité juteux sur le noyau, la griotte, associé à la pointe poivrée du gamay rend la partition très addictive. On passe aux choses beaucoup plus sérieuses avec les vins de Volnay qui s'ouvrent dans notre allocation sur la « Vendange Sélectionnée ». Dans ce millésime sérieux, la concentration s’exprime sur la prune, associée à des fleurs séchées... Le noyau pousse derrière, avec un relief épicé. Il faudra 3-4 ans à cette bouteille pour éclaircir ses messages, mais on saluera en jeunesse son grain qui rappelle bien que le terroir en dessous : c’est Volnay ! Le petit tour par Beaune dans les Aigrots s’impose encore cette année, comme en 2019 ! Les aficionados du domaine vous confirmeront qu’il n’y a pas qu’à Volnay que le domaine excelle, les Aigrots et les Grèves font partie des grands flacons à déguster. Dans les Aigrots 2020, j’ai adoré le fruit canalisé de cette vendange d’une teinte très sombre sur le noyau et la burlat. Son assise est structurée, mais élégante à la fois, on sent le joli terroir en filigrane, la puissance est en demi-corps. D’ailleurs, je ne suis pas le seul à le souligner, la presse spécialisée salue ici une des belles bouteilles de la gamme sur 2020 ! Là encore, patience, 4-5 ans hors taxes ! Les grands frissons viendront naturellement dans les premiers crus : Clos des Chênes et Clos du Château des Ducs. Choisir entre les deux est un crève cœur, car d’un côté, je revois les flacons de mes premiers pas de sommelier, et de l’autre, je pense à Guillaume d’Angerville et à son fameux Clos des Ducs (le clos du Château des Ducs épouse celui-ci). On soulignera sur 2020, l’extrême finesse et amabilité du Clos des Chênes qui affiche une classe folle... On pourrait presque la boire jeune, même si la sagesse nous invite à un peu de retenue. Dans le Clos du Château des Ducs, le grain est différent, le vin plus séveux mais là encore, quelle bouteille de dingue. Des deux, c’est lui qui affiche le plus de persistance ! Alors oui, choisir est un crève-cœur, évitez vous ça et prenez une de chaque !