Castillon Côtes de Bordeaux 2016
Domaine de L'A

« Un millésime qui entrera dans l’histoire des plus grands vins signés par Stéphane Derenoncourt au domaine de l’A, une pure merveille ! » Quelle magnifique dégustation, quelle gifle surtout ! Il y a moins d’une semaine, Christine Derenoncourt et Philippe Noyé, (alias « Ma Poule » pour les intimes) ont débarqué chez Chais d’œuvre avec un sourire qui en disait long sur leurs intentions... D’abord, ils savent que depuis plus de 20 ans, je suis un inconditionnel du domaine de l’A et que depuis les premiers millésimes, je ne rate aucun flacon... Alors franchir le seuil du 55 rue de Châteaudun avec quelques 2015 (les derniers) et l’immense millésime 2016, c’était se frotter à la résistance d’un beurre pommade. Nous avons commencé par redéguster les 2015 qui commencent à truffer légèrement. Ce millésime du domaine est séveux, intense, mûr et complet, il affiche une griffe et une race qui souligne l’excellent contraste des cabernets francs (en proportion accrue depuis 2014) et des merlots. Assurément, il y a une classe, un côté aristocratique des grands Bordeaux de Rive droite dans ce vin. A l’aveugle, on dit Grand Cru classé de Saint Emilion sans forcer ! Et puis vint le 2016... Là, on passe dans une autre galaxie... L’année est dingue, c’est un peu le pendant des 1990 ou des 2010 dans la région : maturité, concentration, acidité, volupté. En découvrant le spectre du vin, j’ai dit à Christine : « ce qui impressionne dans ce vin, c’est sa cohérence de l’attaque à la finale et sa capacité à faire passer de l’intensité en finesse ». Car oui, l’attaque est sphérique, enveloppée, charnelle, le cœur de bouche salivant, sans dureté ni tanin rebelle. En cœur de bouche, on a toute l’empreinte salivante des calcaires, ce grain poudré très fin sur les joues. En finale, la sphère s’éternise, avec le souffle aromatique qui étire la matière en persistance. Je pense sincèrement, que c’est le plus grand vin dégusté depuis 10 ans au domaine, un truc de fou !

Un vin dément et des prix qui ne bougent pas... C’est assez dur à comprendre, mais à l’heure où toute la planète vin à la folie des grandeurs au niveau des prix, le domaine de l’A conserve son cap et prouve avec ce duo de 2015 et 2016, qu’il parle avant tout aux véritables passionnés. J’invite chaque personne qui n’a pas encore mis des mots sur des sens avec ce domaine, à ne surtout pas manquer ces flacons et d’y goûter... Car c’est bien du « Jardin » de Stéphane Derenoncourt dont on parle qui, dans ces deux grands millésime, trouve le souffle et la persistance de grands crus classés vendus plus du double. Niveau timing, commencez par les 2015 qui après une bonne heure de carafe, sont à tomber. Les 2016 sont tellement immenses qu’il faudra juste « une quille pour goûter » mais les autres, par pitié, donnez leur du temps. Vous ferez avec ces bouteilles et magnums, un de vos meilleurs achats sur Bordeaux de l’année !