Chablis 1er Cru Forêts 2020
Domaine Moreau-Naudet

« Mon style préféré sur la jeunesse à Chablis... et dans mon top 4 autour de 10 ans... Des vins qui tutoient, sinon dépassent, en plaisir, certains Raveneau ou Dauvissat ! » Cette petite phrase va faire bondir les aficionados de ces domaines de légende, en se disant : comment ? J’assume ! Je vous le dis et signe en-dessous : si les vins de Dauvissat et Raveneau à Chablis ne sont pas attendus une bonne dizaine d’années, les ouvrir est un infanticide et ça ne sert à rien de s’en procurer ! La preuve, encore, lundi dernier lors de la Paulée de l’Anjou Noir à Saumur, un des convives de ma table débarque avec un magnum de Forest 2014 de Dauvissat... Sur le papier, c’est une bombe.. Dans le verre, c’est un vin comprimé, bridé au S02, pas franchement vibrant que nous avions... C’était 5 ou 7 ans trop jeune, minimum. Autre gamelle récente pour un Raveneau 2015 dégusté à l’aveugle chez Fred Savart il y a 4 semaines... On a même pas dit Chablis tant les messages paraissaient troubles et le vin peu en place ! Alors quand on sait ce que valent ces vins sur le marché et toute la spéculation organisée autour de ces domaines de légende, je vous pose la question : que cherchez vous vraiment ? Si c’est de grands Chablis qui offrent texture, volupté, allonge et précision, une des plus belles adresses que je vous conseille c’est Moreau-Naudet. Chez Chais d’œuvre, on adore... Je dirai même qu’on est complètement fans. C’est à Virginie Moreau que nous devons aujourd’hui ces merveilles qui, dans les traces de son mari Stéphane parti bien trop tôt, perpétue sa vision. Des Chablis cristallins, purs et sapides, imprimés par leurs sols... Des Chablis de grand style mis en marché 24 mois après la récolte, posés par de longs élevages. Même le village ou le Petit Chablis, qui sont merveilleux, connaissent ce traitement. On ne peut s'empêcher, en y goûtant, de faire le parallèle stylistique avec certains vins de Benjamin Dagueneau qui, avant le départ brutal de Stéphane, offrait de précieux conseils à ce domaine. Aujourd’hui, ce sont les très beaux 2020 que nous vous proposons, avec un crescendo de plaisir renversant. Les quelques personnes qui ont bu ces vins dans leur coffret ou lors de masterclass, savent de quoi on parle. Pour les autres, plongez vous dans le j’achète pour mettre des mots sur des sens.

Inutile de vous représenter le Petit Chablis et Chablis Village 2020, ils étaient déjà à l’affiche il y a quelques mois... En gros, vous avez ici les vins les plus complexes que je connaisse dans ces catégories. Même ceux de Benoît Droin, dont nous adorons la précision, ne sont pas aussi texturés, aussi denses et savoureux. Ils sont clairement au sommet de la pyramide de leur catégorie à mon sens ! Dans les premiers crus, le ton monte, et les vins décoiffent. Crescendo de puissance, la gamme se déploie dans les Vaillons, merveilleux compromis de gras sec et de sensations marines et iodées liées au sol. Sans dimension chaleureuse sur ce millésime précoce, il saisit par son étoffe, sa présence. Même jeune, on a envie de lui faire un sort sur des préparations crues, marines et iodées. Dans les Montmains, c’est bien connu chez la plupart des domaines qui en font, on élargit le coffre, la trame de bouche est plus ample et les sensations plus appuyées. Amande, miel frais, craie, agrumes sont de la partie, avec sur la jeunesse, moins de relief sapide. Mais quand il va se minéraliser, ce sera un des plus beaux premiers crus que vous pourrez trouver au domaine ! Attendez le 2 ans et vous verrez ! Dans Forest, on sculpte les courbes au laser, véritable diamant parmi les crus de la rive gauche du Serein, ce cru est dédié aux puristes, aux esthètes, à ceux qui aiment les impressions minérales fortes et les vins ciselés. En gros, si on s’autorise la comparaison, les Forest est à Chablis, ce qu’un Caillerets est à Chassagne. Du cailloux, du cailloux, du cailloux ! Perso, j’adore, je bois en ce moment les 2015 qui me régalent ! Derrière, il y a Montée de Tonnerre qui joue plus dans la catégorie des grands crus qu’autre chose. On est dans la prolongation des Clos et ça se sent : poudre de craie intense sur les joues, notes beaucoup plus corsée des messages avec une étoffe remarquable. Grande quille mais à retardement, comptez 5 ans pour cette bombe, vendue une misère par rapport à des plaisirs similaires de Côte de Beaune ! Clou du spectacle : Valmur qui, sincèrement, joue dans la cour de pas mal de Corton-Charlemagne (qui valent le triple)... Vincent Dauvissat himself en échange avec Virginie, c’est vous dire si on boxe dans une catégorie hors norme pour ce terroir solaire, puissant et intense. Un dernier mot avant de vous laisser, il n’y a quasiment pas de 2021 à Chablis, alors faites des réserves, on est ici chez une des rolls de l’appellation et les prix restent sages ! Tant mieux !