Châteauneuf-du-Pape La Bessade 2019
Domaine Le Prieuré des Papes

Mon plus gros coup de cour en Rhône sud de ce début d’année 2022 ! Voilà de quoi vous mettre les fondus de Châteauneuf-du-Pape sur la piste des plaisirs nouveaux, car je vous l’annonce et signe en dessous : il va se passer un truc, dans cette belle propriété située au nord de l’appellation, sur les sables qui dessinent les vins les plus fins ! Pour la petite anecdote, c’est mon ami Antoine Pétrus, un des plus brillants sommeliers de sa génération (il est double MOF, en salle et sommellerie) qui est à la tête de ce domaine viticole. Il y a quelques semaines, il m’a proposé de m’envoyer quelques vins du domaine (leurs premiers vins), histoire de découvrir... Je me rappelle lui avoir demandé au téléphone : « c’est quel style ? » Il me répondit : « Le style que ton palais de Bourguignon va adorer : infusé, fin, long ! » Un teaser alléchant ! Quelques semaines plus tard, Mathieu avait planqué les bouteilles reçues au milieu d’une série à l’aveugle, car c’est ainsi chez Chais d’œuvre, on goûte tout à l’aveugle, même les vins des domaines stars, ou comme ici des copains ! Et là franchement, j’ai flashé ! Des 4 échantillons reçus, j’ai d’abord aimé le style de la première cuvée en blanc... Elle est absente dans cette sélection, car on ne peut pas tout proposer, mais c’est un Châteauneuf sur le fil, saillant, finement anisé et agrumé qui mérite votre attention. En rouge, le Vieille vigne (50 ans) est un assemblage grenache, syrah, mourvèdre, dont on mesure la finesse au premier tour de verre. Il vous plonge dans un concentré de framboise sauvage à l’eau de vie, de fraise au chaudron, de poudre de tomate avec un relief d’épices sudistes : laurier, olive, et pointe de sauge. En bouche, c’est malgré l’évidente jeunesse, assez redoutable, on surfe sur un contraste de suavité et d’une très fine amertume. Les tanins sont diplomates, juste posés où il faut. Dans sa catégorie de prix, ce vin frappe fort ! Des deux parcellaires qui sont plus haut de gamme, on retiendra surtout la cuvée La Bessade, une vraie bombe à mon sens ! Exposition nord, des grenaches bien mûres, un peu de vendange entière... des sables... Ceux qui sont venus cette semaine encore à la masterclass Rayas, auront quelques repères... Dans ce vin, que j’ai préféré à « Couchant », l’autre parcellaire, on surfe sur l'élégance du bouquet, l’évanescence florale qui se déploie au gré de la matière. Les tanins sont superbes, le jus long et précis. Un immense coup de cœur, qu’il me tardait de vous présenter !

Essayer d’être objectif, même quand c’est le vin des copains ! Après ce coup de cœur, et cette dégustation à l’aveugle assez concluante, je suis retourné déguster les vins du domaine à Wine Paris, histoire de voir si l’émotion serait aussi intacte... Franchement, ce fût le cas ! J’ai pu découvrir l’histoire en devenir de cette propriété en mouvement, mais aussi l’histoire des autres domaines du groupe qui ont vocation à rayonner dans quelques millésimes. Assurément, c’est un domaine à suivre, tant pour la partie vin, que vous pourrez mesurer dans ces superbes Châteauneuf, que dans la partie « Hôtellerie Restauration », car ils ont aussi réenchanté la « Mère Germaine » à Châteauneuf, un endroit au décor saisissant, où l’on cultive l’art de vivre, les grands produits, l’art du service... Et la carte des vins est comme vous pouvez l’imaginer, au rendez vous ! On en attendait pas moins d’un talent hors norme, comme Antoine Petrus !