Chevalier-Montrachet Grand Cru 2020
Domaine Jacques Prieur

« Un style charnel avec des blancs de texture où l’envergure impressionne... En rouge, beaucoup plus de finesse qu’avant et des émotions dans beaucoup de cuvées »... Chers Burgundy lovers, c’est presque un rendez-vous de rentrée cette vente du domaine Prieur, un rendez-vous où chaque amateur du domaine vient chercher quelques perles et ces vins si prisés de Côte de Beaune. Depuis le millésime 2013 que nous avons acheté aux débuts de Chais d’œuvre, je suis enthousiasmé comme pas mal de mes confrères sommeliers, par les choix pratiqués au domaine par Edouard Labruyère et Nadine Gublin. Des dates de vendange plus précises, des vins moins exotiques et moins boisés ; des rouges plus en parfums et moins en structure... La progression est fulgurante ! Lors du grand Tasting à Paris l’année dernière, nous soulignions ce phénomène autour de quelques cuvées où les messages sont clairs et précis : le Meursault « Clos du Mazeray » par exemple, superbe sur 2020, alors que dans le passé c’était plus un « chardonnay épaulé et bien élevé » qu'un grand vin... Depuis plusieurs millésimes, j’adore pour ce concentré d’intensité et d’équilibre. Gros coup de cœur également, et ce depuis les 2017, sur le Beaune Grèves, une vraie bombe qui ne rougit pas face aux appellations phares du domaine comme le Combettes. Ce vin affiche une amplitude de bouche fabuleuse avec une minéralité qu’on ne soupçonne pas dans un Beaune de ce secteur. Les 2020 ne sont pas aussi corsés que les 2019, mais gardent ce rythme de fraîcheur qui étire ses notes d’amande et de noisettes du Piémont. Dans le Combettes, on joue forcément dans une cour supérieure, avec cette étincelle en cœur de bouche que Puligny propose... En goûtant à ces 2020 reçus récemment, j’ai pensé aux autres Combettes que nous avons en cave, et y voit un genre de mélange entre 2018 et 2016.. De la craie, des fleurs, de l’épice, du sel... ça pousse fort ! Côté grands crus, je ne m’attarderai pas sur les Chevaliers-Montrachet, cru chouchou d’Edouard qui y voient une quille presque supérieure à ses Montrachet. Plus en élégance que ce dernier, ils affichent des qualités athlétiques extraordinaires, c’est un vin parti pour 12 belles années de maturation en cave, avant d’exploser comme une bombe ! Côté prix, ça décoiffe, mais ça reste quand même plus sage que le Montrachet. En rouge, notre tiercé de grands crus favoris est au rendez-vous, avec le très fin Corton-Bressandes, une quille qui jusque-là était sous-évaluée dans la gamme, mais qui tient largement son statut de grand cru face aux ténors de Côte de Nuits. J’adore sa trame, son caractère apaisé et fin, c’est un grand cru de puissance aromatique et non structurelle. Le ton monte en Côte de Nuits avec l’Echezeaux, très sombre et profond, mais qui garde cet éclat sur 2020, année de top maturité et de contraste salivant. Une magnifique trame de tanins sur ce vin. Le Clos Vougeot passe derrière sans broncher, il parait un poil plus extrait, mais ne sèche pas en bouche au contraire, la dimension tellurique envoie tout ce petit monde vers des notes plus épicées. L’ensemble est bien élevé, mais moins boisé que dans le passé, je trouve d’ailleurs commun sur tous les grands crus, qui sont libérés des touches parfois un peu poussées des élevages du passé... Tant mieux ! Les collectionneurs ou passionnés qui ont bu un Chambertin du domaine, savent qu’on joue ici au sommet de l’échelle de Richter... Un Chambertin surdimensionnel, très intense et concentré sur la jeunesse, qui mérite 10 ans en cave avant de libérer ces notes de cerise et de pivoine. 2020 est parti pour traverser 3 décennies sans forcer dans cette bouteille ! Enfin le Musigny se passe de tout commentaire, c’est un Musigny... Les quelques membres qui ont bu les 2012 avec moi en masterclass ont tellement été scotché par ce vin qu’ils ne s’en sont pas encore remis... Côté prix, ça décoiffe autant... Hélas ! Bref, les amateurs du domaine Prieur à Meursault retrouveront leurs petits avec cette belle vendange, les vins sont intenses et vraiment délicieux... Je vous conseille d’en stocker un peu, pour éviter le trou d’air en cave que va nous imposer les 2021 !

Des prix qui doublent sur les grands crus... en 3 ans ! Il n’y a pas que l'électricité ou l’essence qui flambent en ce moment, il y a aussi la Bourgogne de Côte d’Or... Chez Prieur, les grands crus ont suivi le phénomène mais certains restent accessibles, comme le Corton qui vaut franchement le coup. Les autres sont à la hauteur de leurs ambitions mais ils deviennent de moins en moins accessibles, hélas ! Si vous voulez cocher des cases et faire des affaires, le Mazeray et Beaune Grèves vous en donneront largement pour votre argent. Le Combettes sera le trait d’union entre la folie des grands crus et un plaisir supérieur... A vous de choisir, selon vos envies et budget, mais saluons au passage, l’évolution stylistique du domaine ! J’ai adoré ce millésime au domaine !