Magnum Chevalier-Montrachet Grand Cru 2021
Domaine Bruno Colin

« Une nouvelle cave flambante, dotée d’une table de dégustation magnifique qui plonge sur le Premier Cru Maltroie... Ça bouge chez Bruno Colin, et pas que dans la cave ! » Chers Burgundy lovers, si vous faites partie des clients historiques de Chais d’œuvre, vous connaissez forcément Bruno Colin et ses merveilles sur Chassagne Montrachet. Nous les avons servies des centaines de fois en soirées, ou en masterclass, nous les avions mises ( quand c’était possible) dans vos coffrets en saluant à chaque fois le style, très pur et proche de la roche mère de ces grands vins ! En mars de cette année, j’ai rendu visite à Bruno et Antoine, son bras droit au domaine, histoire de mettre des mots sur des sens autour des 2021 : rares, mais très beaux au domaine ! C’est dans son nouvel écrin, flambant et hyper design que j’ai fait cette dégustation, et je me suis bien régalé ! Juste avant, nous en avons profité pour faire un petit tour de cave, où il y a désormais de la place, des contenants adaptés pour assembler, et reposer les vins après vinification sous bois. J’ai noté des petites évolutions depuis que cette nouvelle cave est arrivée, avec des 2021 superbes, très lumineux et moins comprimés que les millésimes précédents. Assurément, la gestion du S02, du gaz carbonique et des lies fines ont permis ce résultat qui, pour moi, fait grimper le domaine d’un étage ! Plongez-vous vite dans le j’achète pour découvrir les cuvées, j’ai tout goûté avec passion et émerveillement, du simple Bourgogne au Chevalier Montrachet !

Une fois n’est pas coutume, commençons par les rouges du domaine que j’ai trouvés souriants, fins, évanescents et franchement délicieux. Le trio Santenay, Chassagne, Maranges est un crescendo de sensations, qui débutent au gré d’un cœur de bouche salivant et de baies acidulées. Une ambiance pleine de floralité dont on ne se lasse pas, je n’ai noté aucune trame végétale dans ces 3 vins alors que le millésime en propose parfois ! Franchement, n’hésitez pas à en prendre quelques unes, tout est très bon et vaut le coup en rapport prix-plaisir. Mention spéciale au Maranges Fussières, dont le millefeuille aromatique et tactile est fabuleux ! Dans le Maltroie rouge, rappelons que l’on parle d’une massale de pinot d’Angerville ( le fameux pinot de Volnay)... on change clairement de catégorie et de prix. Une ambiance volnaysienne dans ce vin fin, expansif et long. A attendre 3 ans pour profiter de son millefeuille ! En blanc, le petit Bourgogne est « spécial » sur ce millésime. Il y avait peu de raisins, donc tout est passé sous bois ! Perso, je préfère mille fois ce dessin à ceux d’autres millésimes où une partie de la cuvée passe en cuve. Là, c’est de la pêche de vigne, de l’agrume, un blanc à la fois salivant mais assez plein qui se livre ! Petit coup de cœur autour de ce flacon qui atteint rarement ce niveau ! Le Saint Aubin Charmois est délicieux, ce ne sont pas les vignes en propre du domaine, mais un achat rondement ficelé qui, dans les mains de Bruno, prend la dimension des grands vins de la gamme. Premier Cru oblige, on a déjà la lecture minérale crayeuse de Saint-Aubin dans ce vin, qui fermente en 350 litres pour un résultat fin et peu boisé. Côté prix, la fièvre bourguignonne se retrouve à l’addition. « Les raisins coûtent une fortune aujourd’hui... » me disait Bruno, désolé.
Le Chassagne village qui vient de 5 parcelles est un trésor, c’est lui qui m’a fait ressentir le virage stylistique. Moins réduit et coincé en jeunesse que ses aînés, j’ai adoré son gras sec, ses notes de poudre de craie, sa fine patine du bois. Très belle quille qui vaut son prix ! Dans les Premiers Crus qui ont dépassé la barre des 100€, on a l’embarras du choix... Difficile de dire qui est mieux que l’autre, chacun affiche des arguments différents. Grande finesse tactile dans Vergers, un vin qui se livre en longueur et avec raffinement. Pour certains, il sera plus classe que le Maltroie qui est un peu plus brut de terroir, avec des sensations plus fuselées. Coup de cœur dans les Chaumées cette année, alors que dans des années plus solaires, j’ai tendance à le bouder un peu plus que les autres. Son exposition le sert sur ce millésime plus frais et l’équation devient complète entre texture, minéralité et allonge. Les Chenevottes est un must si vous cherchez le Chassagne parfait. Pas trop léger, pas trop minéral, très long et tendre... C’est le gendre parfait ! On quitte le monde réel en attaquant les Rémilly, cette micro parcelle qui épouse les Chevalier Montrachet et que très peu de domaines proposent. Ici, tout est décuplé, on est plus fin en sensation que sur les crus plus au sud de Chassagne, limite plus « Puligny » dans l’esprit. Sa classe est celle d’un diamant ! Plus intense et affichant un pédigree de terroir excellent, Les Truffières sont au rendez-vous malgré leur rareté. Beaucoup de roche mère ici, une trame de Puligny évidente, et une longueur de dingue.. Sur 2021, j’y vois un genre de 2014 à l’époque, des millésimes à attendre 6-7 ans pour avoir toute la dimension du cru. Le Blanchots est un Grand Cru déguisé en Premier Cru... C’est normal, il est situé sous le Montrachet, côté sud. Très souvent dans ce vin, on est pas loin d’un Criots ( juste en face) avec une grande dimension. C’est une véritable perle, dédiée aux collectionneurs, ne vous forcez surtout pas... Je les boirai avec plaisir si elles ne partent pas ! En Grand Cru, les Charlemagne sont forcément grands, ils ne peuvent pas ne pas l’être avec un tel tarif. Poudre de craie dans ce cœur nucléaire de minéralité, avec de l’amande, une trame plus arrondie et douce que sur Chassagne et Puligny. Le Chevalier Montrachet n’a été produit qu’en magnum, il est ultra ultra rare (une pièce) et fait partie des vins qui n’existent pas. Le tarif affiché décoiffe totalement, mais le vin tout autant. Si vous pouvez vous permettre cette folie, vous ferez partie des rares personnes sur terre à posséder un tel trésor ! Une quille atomique dédiée à un moment de célébration unique