Jéroboam Côte-Rôtie Champin Le Seigneur 2021
Domaine Jean-Michel Gerin

« Tendresse et volupté dans ce millésime pour Champin Seigneur ; Viallière sort du lot par sa profondeur de goût et son allonge. Côte Bodin confirme son statut parmi les nouvelles parcellaires, et encaisse mieux le bois que dans le passé. Dans les Grandes Places et la Landonne, c’est le terroir qui pousse dans tous les sens ! » Chers membres, chaque année à cette période, c’est la même excitation au bureau. On sait que la plupart des beaux domaines de Côte Rôtie sortent leurs trésors après deux ans de cave, et notre plus grand plaisir est de les comparer côte à côte, en sondant la structure du millésime. En 2021, année de demi-corps qui a donné du fil à retordre aux vignerons de la région, je trouve que le résultat global chez les grands domaines est bien plus enthousiasmant que je ne l’imaginais au départ. Chez Pierre-Jean Villa, chez Jamet ou, comme ici, chez Jean-Michel Gérin et ses enfants, on découvre 2021 comme un millésime bien plus profond que les 2014 de l’époque (année fragilisée par des piqûres d’une petite mouche et à peine mûre), avec parfois, de grandes bouteilles ! Comme évoqué dans le teaser, Champin Seigneur est une caresse cette année, un vin qui fait un câlin aux papilles, sur fond de violette et poivre sombre. La suavité de l’attaque, le rythme acidulé et la tendresse tannique laissent envisager une ouverture assez rapide pour cette cuvée. Pour Viallière, même constat chez les Gérin que chez Guillaume Clusel-Roch (dégusté cette semaine), la profondeur et l’allonge des vins nés sur cette parcelle sont superbes en 2021, ça mérite d’être souligné. Rappelons qu’on est juste sous les Grandes Places, donc sur les schistes du nord de l’appellation, mais sur un terroir qui tend moins les vins que les Grandes Places en jeunesse. Ne ratez pas ce trésor si vous êtes un peu plus exigeant en matière de persistance, que sur Champin Seigneur. Côte Bodin trouve ses marques au domaine, nous vous présentions il y a deux ans les premiers coups de crayon des enfants Gérin autour de cette parcelle. Mieux gérée que dans le passé sur le bois, et plus rayonnante qu’avant, elle assume vraiment son statut ! Je ne commenterais même pas Grandes Places et Landonne qui, pour moi, sont des Grands Crus de Côte Rôtie... D’expérience, je sais que, quelque soit la structure du millésime, ces vins finissent toujours par bluffer ceux qui les ouvrent, à l’instar d’un Chambertin ou d’un Clos de la Roche en Bourgogne... C’est le terroir qui pousse et qui dessine l’allonge gustative, ici sur fond de fusain, d’olive, de pétale de violette. On notera la gourmandise de La Loye sur 2022, ce Condrieu que nous achetons désormais depuis 8 ans. Les enfants Gérin l’ont sculpté comme un Condrieu pas trop envahissant, ni trop aromatique. Perso, je préfère, car on peut parfois tomber dans le stéréotype autour de ce cépage viognier, surtout quand il naît dans une année chaude.

Un domaine qui tient ses promesses dans le temps... Chacun ira de ses commentaires sur le style et les domaines qu’il préfère en Côte Rôtie... Moi, je dis, après 22 ans de sommellerie, que des courbes de jeunesse ne reste que le terroir quand le temps passe. J’ai ouvert récemment des Champin Seigneur 2011, délicieuses, tout comme certaines en 2008 ( année glaciale et vive jeune) qui ont tenu toutes ces années. Alors je sais que ces 2021 sont partis pour nous régaler si on a la patience de les attendre un petit peu. Misez sur 2 ans pour Champin, 4 ans pour les parcellaires, 6-8 ans pour les grands terroirs comme Landonne ou Grandes Places. Quant au Condrieu, il fait partie de ces flacons qui prolongent les fragrances d’été... Perso, j’en ai besoin et ne vais pas les attendre trop longtemps !