Meursault 1er Cru Blagny 2020
Domaine Matrot

Le raffinement et l'élégance sont-ils l'apanage de l'art de vivre ? Vous avez 3 minutes ! À cette grande question posée autour des grands blancs de Meursault en Bourgogne, tout le monde aura une réponse différente. En ce qui me concerne, plus je vieillis, plus je bois… (enfin, je veux dire plus je bois en vieillissant), plus mon cœur balance vers l'épure, la recherche de vins fins, sapides, épurés, où l'empreinte du vigneron est plus discrète que celle du terroir. Chez Thierry Matrot, vigneron emblématique de Meursault, cette culture de l'élégance et du temps long a toujours existé, mais pendant les décennies 1990 et 2000, il fallait être patient, très patient même, pour ouvrir les grands vins du domaine et en profiter pleinement. Mais cela a changé, avec l’arrivée des filles de Thierry, qui ont repris avec panache, depuis quelques millésimes, cette ligne directrice tout en la faisant évoluer. Les 2018, 2019 et désormais 2020, affichent une cohérence de gamme juste renversante, c’est sans exagération une des plus belles visites faites à Meursault au printemps dernier. Évidemment, je ne suis pas le seul à le souligner : la presse, les passionnés, les grands vignerons voisins, comme Jean-Marc Roulot, saluent une des plus grandes progressions du village... Toute la gamme des 2020 est remarquable, plongez-vous dans le “ j’achète ” pour découvrir les cuvées qui nous ont fait vibrer !

« Beaucoup d’émotions dans la gamme, avec un crescendo de plaisirs qui nous a retournés comme des crêpes... » Louise et Théo qui étaient avec moi autour de la table avec Adèle Matrot, témoigneront: on s’est régalé de la gamme des 2020 au domaine. Tout commence par le Bourgogne blanc, vraiment très solide qui isole une vigne dans les bas de Meursault et une autre située un peu plus au sud vers Dezize-lès-Maranges. Épaulé, bien construit avec un peu de gras et d’ampleur, ce Bourgogne profite d’un schéma d’élevage très particulier... En gros, le domaine utilise ses fûts neufs pour son Bourgogne blanc, au lieu de les utiliser pour les Premiers Crus comme c’est souvent le cas ailleurs. L’idée est que les fûts d’un vin profitent aux Villages et Premiers Crus, où l’on cherche plus l’empreinte du terroir. Finalement, ce Bourgogne boxe en sensation au-delà de sa catégorie car sans paraître boisé, il arbore une structure et une ossature qui le rapprochent de certains Villages. Son cœur est beau, rythmé par une belle acidité (vendange précoce du 17 août pour ce vin) ; son allonge impressionne pour cette catégorie ! Le Meursault village est une pièce maîtresse de la cave : 5 ha sur 12 parcelles, avec du lourd : Le Limozin, Les Vireuils, Les Pelles, Les Chevalières... Elles enfantent un Meursault très fin, aux notes de châtaigne, de craie, d’agrumes confits... On se rapproche plus d’un Puligny que d’un Meursault en jeunesse, tant la bouche est cristalline et sapide. Coup de cœur ! La montée dans les tours est directe quand on attaque le coteau : Blagny d’abord, ces terroirs frais qui, en millésime chaud, brillent particulièrement. C’est, avec celui de JB Bouzereau, un des meilleurs Meursault Blagny bu cette année, avec ce nez finement fumé, cet éclat de craie, les fleurs blanches... Beaucoup plus d’allonge et de rythme, sans pour autant élargir trop la bouche ! Le Meursault Charmes est une véritable tuerie... le genre de vin où tout le monde se tait, car on en prend plein les papilles pendant de longues secondes... Les 2/3 de la parcelle sont dans les « Charmes-Dessus », sous les Perrières, donc ça vibre, c’est long, hyper long même, avec un corps plus concentré que dans les Blagny. Juste TRÈS TRÈS GRAND ! Belle surprise également dans Les Chalumeaux, un Puligny dans le haut de coteau, qui passe haut la main derrière le Charmes. Plus lumineux, et très complet, il fait son entrée dans notre sélection alors que, sur le papier, je n’aurais pas misé dessus. La suite, c’est de la pure magie : Les Combettes, qui réunit le meilleur du Charmes et du Chalumeaux, avec encore plus d’étoffe... Un Combettes admirable qui joue, à mon sens, dans la cour de ceux de Benoît Riffault ( Domaine Sauzet). Le Meursault Perrières est racé comme jamais... Un pur-sang fougueux, hyper minéral dont les traits saillants appellent à beaucoup de retenue et de patience. Il faudra 6-7 ans à cette merveille pour commencer à s’ouvrir. Coté persistance, on est au niveau d’un Grand Cru !
Enfin, un petit mot sur les rouges... concentrés, égrappés, pleins de peps... Le Village en Meursault rouge claque la cerise bien mûre, il est encore tôt pour en livrer tous les codes mais on a beaucoup aimé sa gourmandise et son fond. Peu de bois sur ce vin qui rayonne avant tout par la composition de son fruité intense. Dans La Pièce sous le Bois, vous avez ici les codes d’un Premier Cru de Volnay dans le coteau... Plus de parfums, plus d’évanescence, plus de minéralité et d’allonge. C’est le rubis, au pays des diamants qui parlera aux collectionneurs de rouges “ insolites ” !