Nuits-Saint-Georges Les Herbues 2020
Domaine Moron-Garcia

La relève Nuitonne est là et elle n’a rien à envier à celle de Vosne-Romanée ! Amis amateurs de Grands Bourgogne rouges, voici un jeune talent de Côte-de-Nuits que je vous invite à suivre de très près, car déjà l’année dernière avec les 2019, j’avais pris une énorme gifle chez Chais d’œuvre, en découvrant la micro production de Pierre-Olivier du Domaine Moron-Garcia. Si vous ne connaissez pas encore, c’est normal, on parle de 3,5 ha, d’un domaine créé en 2016 par des amis d’enfance de Nuits, de deux jeunes qui ont envie d’écrire l’histoire et de faire briller Nuits-Saint-Georges autant que Vosne Romanée. Il y a quelques jours, j’ai pu mettre des mots sur les 2020 qui viennent à peine d’être mis en bouteille et les impressions que j’avais eu sur les 2019 ne font que se confirmer ! En termes de vision, on sent le souffle d’une jeune génération qui pense que tout ou presque se joue à la vigne : tout est fait en bio dans les règles de l’art, les réflexions sur la gestion du végétal et du cycle de la plante sont à l’unisson avec toute ce que l’on entend chez les meilleurs domaines de la Côte, même les quelques achats de raisins qui servent de « laboratoire » sont issus de vignes bios et vendangées par leurs soins… Bref, on met les petits plats dans les grands. En termes de style, le domaine est en quête de floralité et mise sur des lectures contemporaines du pinot noir : peu d’extraction, une matière première traitée comme du caviar, des élevages très doux, au service d’une pureté de fruit remarquable. Dans le verre, cette proposition rappelle un peu certains vins de Charles Lachaux sur Vosne, une des rising star du moment. Évidemment, j’ai voulu mettre la main sur quelques bouteilles du domaine pour partager ce coup de cœur, je vous invite à lire le j’achète si vous voulez plonger dans le détail de chaque cuvée !

Avant de parler des cuvées, un petit mot sur le ressenti avec les premiers 2020. On notera deux choses : le fruit sur ce millésime est plus dense que sur les 2019 avec plus de fond sur certains secteurs comme Nuits ou Vosne. Côté tanins c’est un poil plus soutenu, mais chez ce domaine, croyez moi, c’est la classe absolue ! Autre point, les aligotés sont nés bien dorés, à l’instar du blanc proposé aujourd’hui qui sort totalement des codes de l’aligoté classique : du gras, de la maturité, du sel, du fond... Y a du matos comme on dit ! Dans la gamme des rouges, le duo de Nuits-Saint-Georges proposé est assez impressionnant. On retrouvera Les Herbues, (gros coup de cœur de 2019) côté Vosne, qui sera le plus charnu en fruit des trois. On y retrouve cette teinte profonde des vins de Vosne, un peu d’argile, des pointes de pivoine, de menthol, de bois de santal, il séduira les amateurs de Vosne particulièrement. Son pendant côté Prémeaux sera les Grands Vignes, un secteur que les amateurs de Liger-Belair connaissent forcément. On bascule de l’autre côté du village pour ce vin et on change de manière assez logique de trame de bouche : plus de minéralité, plus de race en sensation, avec comme dans le 2019 à l’époque, ce coté « bouquet de fleurs liquides » qui vient égayer l’ensemble. J’invite également les amateurs de Marsannay à se poser sur le Clos du Roi, qui est peut-être LE premier cru en devenir le plus légitime de Marsannay. Là, c’est le fruit sombre (noyau, cerise, épices) qui vous attend, avec une matière hyper impressionnante pour un Marsannay. A l’aveugle, je dirais Morey je pense. Clou du spectacle, il y a ce Corton Grand cru « Baie par Baie » taillés au ciseau (un travail de fou, pas du tout rentable) qui, comme le fait Lalou Bize-Leroy, montre bien que le vin c’est parfois de l’horlogerie de haute précision. Là, on profite de la dimension grand cru, tout en concentrant les messages de ce grand millésime 2020 dans un jus séveux, suave, habillé d’une trame minérale tellurique impériale. On joue dans la cour de très grands clos Vougeot avec ce dernier !