Charlemagne Grand Cru 2020
Domaine de la Vougeraie

Les mêmes attributs de maturité que sur 2019, mais avec moins de sensation d’épaisseur... Côté longueur, c’est du même calibre ! 2020 ne nous aura pas marqué qu’avec la crise du covid, et heureusement... Avec son aîné 2019, ils forment un sacré duo de millésimes qui marqueront la région pendant un bon paquet d'années. En blanc comme en rouge, le niveau dans la région est superbe, avec un poil plus de jus dans les baies sur 2020 que 2019 et parfois, c’est pas plus mal... Au Domaine de la Vougeraie, où nous nous régalons depuis plusieurs millésimes avec des blancs de plus en plus purs et de plus en plus raffinés, 2020 brille de tous ses feux. Le simple Beaune blanc est d’une efficacité redoutable, le Clos blanc de Vougeot est franchement sublime (j’ai encore servi des 2019 récemment, à pleurer), le Charlemagne est lui aussi de plus en plus pur... Cette parcelle des Charlemagne, tout près de la croix, est travaillée au cheval. Les tailles sont courtes, les rendements bridés, le domaine met les petits plats dans les grands pour hisser cette parcelle au plus haut niveau. Côté élevage, je trouve que les vins sont plus subtils que dans le passé et les boisés plus mesurés. Dans un Charlemagne qui est au terroir ce que le caviar est à l’art de vivre, il faut du raffinement, de l’élégance. La craie, les agrumes, les fleurs blanches et le caractère iodé presque marin de la minéralité du cru doit trouver dans l'élevage, un tremplin aromatique, rien d’autre ! Dans le verre, malgré le péché de jeunesse évident (un Charlemagne commence à chanter à 5-6 ans), on se régale de la subtilité minérale, du caractère poudré de la matière, de ce talc de craie qui se pose sur la langue. À aucun moment on ne se doute que le millésime fût chaud et très précoce... Et l’équilibre semble parfait... !

Ça va piquer... C’est assez dramatique de vous annoncer ça, mais sur 2021, en blanc en Bourgogne, c’est la cata ! 10 hl/ha pour les plus chanceux, et rien du tout pour ceux qui ont subi le gel de plein fouet. Conséquence de cette année si compliquée : une baisse considérable de l’offre dans un marché déjà bien tendu, et une augmentation des prix... Donc oui, les prix des Grands Crus en Bourgogne vont piquer sévèrement, et nous savons d’ores et déjà que ça n’est pas prêt de s’améliorer. Un conseil, profitez de ces derniers 2020 franchement exceptionnels pour mettre en cave, avant d’attaquer le tunnel qui nous amènera à septembre 2024. On ne sait pas ce qui nous attend dans les années à venir, en termes de prix surtout, et de manière assez pragmatique, je me dis qu’il vaut mieux agir que regretter ! Moi, je mets 3 bouteilles en cave de ce trésor, c’est toujours ça que les autres n’auront pas !