Côtes du Lot Dolmen 2020
Domaine Belmont

Dolmen, Montaigne… Deux réponses fortes à la question qui travaille les Burgundy lovers: “peut-on produire de très grands Chardonnay en France, en dehors de sa Bourgogne natale ? A-t-on réellement découvert tous les grands terroirs pour ce cépage ?” La réponse, évidemment, est celle que tout passionné souhaite entendre : non. Il y a tant de beaux vins qui m’ont bluffé cette année, tant de surprises… La cuvée M3 de Shaw & Smith par exemple, les Santa Rita Hills de Rajat Paar, les grands blancs de la Bodega Chacra en Argentine… Et en France, il y a ce trésor du sud-ouest situé dans le Lot à Goujounac, l’œuvre de Christian Belmon, un homme visionnaire,qui, au début des années 90, s’est penché sur le potentiel de sa région. Il a vite compris qu'avant le phylloxéra, la région comptait de nombreux vignobles et de parcelles calcaires de toute beauté. Épaulé dès ses débuts par Claude et Lydia Bourguignon (les ingénieurs agronomes les plus célèbres de l’hexagone) pour comprendre l’origine géologique de ces sous-sols, il a très vite souligné la parenté entre certains secteurs de Côte de Beaune et ses lieux-dits « Montaigne et Dolmen », deux superbes parcellaires qu’il a plantés en haute densité d’une massale de beaux chardonnays. Très vite, les vins ont été vinifiés en méthode bourguignonne (fermentations sous bois + malolactique + longs élevages) et reconnus dès les années 90 par Michel Bettane comme de redoutables challengers de l’offre bourguignonne. Au domaine, choisir entre les deux parcellaires est une histoire de goût : Montaigne est du genre Puligny, Dolmen du genre Meursault. Dans le 1er, on trouve le relief, la pierre humide, le côté lumineux et pointu. Dans le second, l’étoffe, le gras sec, la châtaigne et ses attributs que l’on aime tant. Depuis pas mal d’années désormais, j’aime suivre les millésimes de ce domaine qui, avouons-le, est d’une régularité sans faille. Leurs 2020 enchaînent derrière les concentrés 2019, avec un peu plus de fraîcheur, de jus, et de liberté.
On retrouve Montaigne dans la proposition minérale qu’on lui prête, avec un coeur plus sapide, des notes quasi-iodées des calcaires de la parcelle ; c’est le vin qui mêle avec élégance la floralité du chardonnay à ce spectre cristallin qu’une pointe de miel et l’élégante patte des fûts Damy escortent en finale. Dans Dolmen, l’épaisseur des traits évoque le charme sensoriel de certains Meursault sans avoir pour autant la prétention d’en être un. Le gras sec de bouche se veut plus tapissant et le vin plus crémeux ; l’équilibre est assuré par l’excellent relief acidulé et le prisme minéral du lieu. On passe de la châtaigne à l’agrume puis par un peu de noisettes du piémont. Ces deux cuvées se complètent comme elles se distinguent… Goûtez-les, et vous verrez que les terres de prédilection du chardonnay ne sont pas que bourguignonnes!

Bluffer ses copains, goûter à un Chardonnay génial « hors Bourgogne », se poser la question : « et si un jour c’était moi ? » ; refaire le monde entre potes ; sortir de la morosité ambiante… Les arguments pour vous inviter à goûter à ces trésors ne manquent pas. Si vous êtes un Burgundy lover et que votre sang est composé, comme le mien, d’une grosse partie de chardonnay, alors vous devez absolument goûter à ces cuvées. Une fois ces cases cochées, vous pourrez aller un peu plus loin dans l’aventure en dégustant par exemple : les chardonnays de Stéphane Derenoncourt au domaine de l’A, les chardonnays de Claude et Lydia Bourguignon, les chardonnays de Santa Rita Hills de Rajat Paar ou ceux de la Bodega Chacra en Patagonie… Là, vous repenserez à votre passion pour le vin, à Hervé Bizeul qui plante du pinot noir et qui signe une cuvée avec Jean-Yves Bizot, à tous ces projets fous qui, un jour, pourraientt devenir les vôtres … Ça sert à ça de telles cuvées, à rêver du jour où !