Criots-Bâtard-Montrachet Grand Cru 2020
Domaine Caroline Morey

« Mon style favori en ce moment sur Chassagne ! » Chers Burgundy lovers, écrire quelques lignes sur les vins de Caroline Morey à l’aube de ces fêtes de Noël, c’est forcément repenser aux quelques bouteilles que j’ai partagé depuis deux ans avec ma famille en Bourgogne et revoir cette étiquette de 1er cru Vergers 2017 qui, à table, nous a procuré les plus grands frissons de l’année sur cette appellation ! Alors oui, je pense pouvoir dire que c’est mon style préféré sur Chassagne, même si d’autres comme Thierry Pillot ou Thibault Morey me touchent aussi beaucoup ! Petit rappel utile pour ceux qui prennent le train et qui découvrent, Caroline Morey est l’épouse de Pierre-Yves Colin et a repris un micro-domaine (4 ha à l’époque) hérité au début de la décennie de son papa. Nous avons suivi le domaine depuis ses débuts et compris très vite qu’il allait s’y passer de grandes choses. D’autant plus qu’aujourd’hui, les enfants sont au domaine pour prolonger l’œuvre familiale et leur vision est tout aussi radieuse et prometteuse que celle de leurs parents. En termes de style, c’est assurément la quête de vins tout en persistance et en finesse que l’on évoque. On lit dans les blancs du domaine la « patte » d’élevage de Pierre-Yves, avec des choix de bois en 350 litres qui étirent les vins. De fines pointes de réduction habillent le bouquet des blancs du domaine avec un très fin couvert de maïs grillé et de châtaigne, et en bouche, les vins présentent juste ce qu’il faut d’épaisseur et de texture pour provoquer une avalanche d’endorphine. Dans chaque cru, la lecture terroir est superbe et pas simplement sur les 1er crus les plus prestigieux, je vous invite à être très concentrés aussi sur les Santenay blancs qui méritent vraiment le détour ! En rouge, là aussi, je suis fan, Caroline a le doigté pour magnifier des rouges suaves et savoureux, ils sont peu boisés, parfumés et assez radieux ! Un petit mot sur 2020 avant de passer au j’achète avec le détail sur chaque cuvée : millésime précoce mais pas chaud, avec un peu de rendement qui a détendu les structure alcool, les vins sont aussi purs que les 2019 mais un peu plus digestes. J’y vois une superbe reussite en blanc comme en rouge. Dans ces derniers, on soulignera l’intensité du fruit qui pousse un peu plus que dans le très équilibré 2019. Ils affichent intensité, fraîcheur, et panache. Attendus 2-3 ans, ils vont nous régaler !

Dans la série de blancs, le Santenay Cormières est là pour donner le cap, imposer le style : matière tendue, fine réduction sur lies, avec déjà dans cette cuvée, un compromis de gras et de sapidité enthousiasmant. C’est le vin parfait pour se régaler du style maison en jeunesse. Derrière, la série de Chassagne est bouleversante, j’ai presque tendance à les préférer aux vins de Pierre-Yves, c’est dire ! Les Chambrées est une énorme gifle, d’une intensité et d’une précision à couper le souffle, il est suivi derrière du premier cru Vergers : 1er cru tout en finesse, puissance en demi-corps avec une longueur phénoménale. Comme évoqué dans le J’aime, les 2017 sont à se damner en ce moment, il faut 5-6 ans à cette merveille pour causer dans le verre ! Les Chaumées, né dans le cru qui prolonge le coteau en direction de Saint-Aubin, sonne la fin de la récréation, il est juste magistral et s’impose face aux autres. Puissance affirmée, beaucoup de relief, sa fine réduction sur le maïs grillé épouse les agrumes et la craie. On note sur ce vin le tactile plus enveloppant d’une matière divine. Le Criots, de manière assez logique, est une bombe atomique, mais ne donne pas encore le dixième de son envergure. Je n’ai même pas encore ouvert les quelques 2017 que j’avais acheté, c’est encore tôt pour un tel canon ! Que dire des rouges... vraiment très beau aussi . Un des fils de Caroline me soufflait l’année dernière que sa maman ne veut plus du tout d’extraction et cela se lit dans les vins qui sont des infusions de pinot : le trio Santenay la Comme, Chassagne rouge et Beaune Grèves est à pleurer. Le premier trouve dans ce cru dense côté Chassagne une grâce tactile affolante (du jamais bu sur ce cru souvent ferme), le Chassagne le domine un poil dans sa longueur. Le Beaune, plus ferrugineux, porte la signature des Grèves, il brille par ses épices, sa pointe sanguine, son fruit étincelant... Bref, la démonstration chez Caroline Morey reste magistrale, les 5 millésimes que nous avons achetés au domaine sont un sans faute presque insolent ! A goûter de toute urgence si ce n’est pas déjà fait !