Azienda Agricola Montevetrano
Le plus grand vin du sud de l'Italie ? Pas très loin de Naples, vous imaginez la chaleur, la sécheresse et vous pensez à des vins lourds et épais. Perdu ! Montevetrano est un bijou de finesse, de délicatesse, mais aussi de belle densité, découverte d’un très grand vin. Silvia Imparato, dans une vie précédente était une photographe cosmopolite, résidant à Rome et passionnée par la gastronomie et le vin. Au milieu des années 80 presque par jeu, elle réunit quelques amis dont l'œnologue désormais très connu Riccardo Cottarella (alors tout jeune, mais qui allait devenir par la suite un des œnologues les plus réputés d’Italie, une véritable vedette à l’image de Michel Rolland à Bordeaux) sur la propriété familiale de Montevetrano, pour élaborer différemment le vin local. Silvia et Riccardo choisissent alors de planter du Cabernet Sauvignon et du Merlot (à l’image du Bordeaux...) auxquels ils ajoutent une pincée du cépage autochtone Aglianico (quelques pourcents pour le premier millésime en 1991). Situées à 100 m d’altitude, les vignes sont plantées à moins de 10 km de la mer, sur les collines qui dominent le golfe de Salerne à proximité de la côte amalfitaine, et constituent les premiers contreforts des monts Picentini dont les sommets culminent à près de 2 000 m. Les fortes amplitudes thermiques entre le jour et la nuit et le microclimat frais contribuent à expliquer la spécificité de ce vin. Dès la première vendange en 1991, il apparaît évident que le vin recèle dans son terroir un potentiel extraordinaire, capable de se mesurer aux plus grands, et doté d’un potentiel de vieillissement d’au moins deux décennies quelque soit le millésime. Qui plus est le lieu est enchanteur : en contrebas du château médiéval, les vignes jouxtent les forêts de chêne et de châtaigniers, les oliviers, les citronniers... Ce qu’ils n’avaient pas vraiment prévu c’est que ce vin allait plaire, beaucoup, notamment à Robert Parker et qu’il allait rapidement connaître un succès mondial auprès des fans de cuvées rares ou connues des seuls amateurs " pointus ". Et à Montevetrano, la rareté n’est par organisée : elle tient à la taille plus que réduite du vignoble, à peine 5 hectares ! On peut légitimement se poser des questions avant de déguster un vin italien produit à partir de cépages… bordelais. On peut craindre une volonté d’imiter, voire de caricaturer un vin de Bordeaux comme cela arrive trop souvent en Italie ou dans le reste du monde. Et puis on peut aussi se demander pourquoi faire appel à des cépages internationaux alors que l’Italie est bien plus riche en cépages autochtones que la France. Ce vin ne ressemble en réalité qu’à lui même. On ne pense ni à Bordeaux, ni à la Toscane, ni à aucune autre région. On ne pense qu’à un grand vin, grandeur qui se manifeste par une finesse de texture exceptionnelle, un grain de tannin d’une délicatesse exemplaire, une densité superbement équilibrée par une tension élégante, un équilibre sans faille, totalement harmonieux et une digestibilité étonnante. Ce qui est frappant, c’est l’extrême régularité qualitative de ce vin et des sensations qu’il distille, les millésimes n’apportant finalement que des nuances à une trame d’une remarquable justesse. Est-ce dans la tête (quand on le sait) ou une réelle évolution gustative ? Toujours est-il que la part du Merlot qui baisse légèrement au fil des ans pour laisser un peu plus de place à l’Aglianico, semble offrir un peu plus de dynamisme en bouche au vin et une touche supplémentaire de complexité. Au final, une superbe révélation, une expression extrêmement racée d’un vin méditerranéen possédant une vraie personnalité. À côté du mythique Montevetrano, il existe un autre vin rouge, " Core ", une étiquette obtenue à partir de raisins Aglianico purs, comme pour rendre hommage au lien indissociable que cette noble vigne entretient avec la région de Campanie. La version blanche de Core a également été produite récemment, où les raisins Fiano et Greco s'unissent pour créer un nectar minéral et frais.