Marsannay Les Ouzelois 2020
Domaine Bernard Coillot Père et Fils

« Avec l’explosion assez hallucinante des prix des vins sur Gevrey, la question du choix entre un Gevrey et un excellent Marsannay ne se pose même plus ! Surtout dans les 7-8 premières années où la différence peut être infime entre ces deux villages ! »... Ça n'aura échappé à aucun passionné, l’inflation frappe de plein fouet la Bourgogne qui nous échappe un peu plus chaque jour... Hier encore, je tombais de ma chaise en découvrant le prix d’un Gevrey Vieilles Vignes d’Harmand Geoffroy, proposé au prix d’un de ses 1er crus il y a 4 ans... Douché par cette surprise, je me suis dit : « Eh bien on boira plus d’excellents Marsannay » et Dieu sait s'il y en a ! Chez Christophe Coillot, que nous suivons depuis la vendange 2013, c’est en partie cette équation prix plaisir juste magique que nous allons chercher. Le style intense, pulpeux et velouté à la fois, de ses Marsannay font à chaque fois l’unanimité, surtout chez les amateurs de pinots égrappés. Dans ces 2020, qui rejoignent en intensité leurs aînés de 2019, je peux vous dire qu’il y a du vin dans la bouteille et des plaisirs assez insoupçonnables pour des Marsannay. Crescendo dans le trio proposé ce soir, vous ne pouvez pas manquer les Ouzelois, parcellaire juste magique de spontanéité où le pinot se gorge de burlats juteuses. Jeune, sur les 2-3 premières années, c’est clairement une de mes préférées et assurément le rapport prix-émotion plaisir le plus redoutable ! Derrière, les Longeroies et les Boivins sont là pour rappeler que la classification des 1ers crus sur l’appellation n’est pas qu’une lubie de l’esprit. Tout en longueur, bercé d’une floralité qui envoûte, le Longeroies monte sur la deuxième place de mon podium. Il lui faut 2 belles années de cave pour lâcher tous les chevaux, mais en termes d’allonge et de plaisir, il double sans forcer les Ouzelois par la droite ! Enfin, pièce maîtresse de la gamme depuis plus de 10 millésimes, et parcelle iconique de Christophe Coillot : Les Boivins. Ceux qui connaissent ont déjà arrêté de lire ce commentaire, mais pour ceux qui découvrent, on parle d’un parcellaire à fleur de roche dont l’intensité et le relief font de ce Marsannay une véritable « torpille » anti Gevrey. Bien souvent au domaine, il dépasse en plaisir le Gevrey qui naît sur Brochon. Plus profond, plus long, c’est un vin qui impressionne, surtout quand on a l’audace de le garder quelques années !

Posez vous la question deux minutes : est-ce qu’un Bourgogne générique d’un domaine star de Gevrey vaut une fois et demi plus cher que la meilleure parcellaire d’un des top domaines de Marsannay... C’est bien de ça qu’on parle ce soir, d’un décalage incohérent des prix entre deux villages voisins, où, dans bien des cas, le match à l’aveugle peut être serré. Si vous aimez les grands vins de Bourgogne mais que les prix des villages et premiers crus en Côte de Nuits vous donnent la nausée, alors ne négligez surtout pas Marsannay dans vos achats. Au niveau du style, c’est une question de goût. J’adore autant ceux de Pataille que ceux de Bernard Bouvier ou ceux de Christophe Coillot. Le dernier s’inscrit dans le paysage des pinots qui claquent par leur intensité. En gros, vous montez dans le cerisier et vous n’en descendez plus !