Meursault 1er Cru Perrières 2022
Domaine Michel Bouzereau et Fils

« 2022, c’est le genre de millésime qui fait du bien à toute la Bourgogne. Les blancs, les rouges sont superbes, la lecture des crus est limpide et, derrière 2021, on renoue avec une récolte normale en volume, ce qui calme un peu la fièvre de la région ! » Chers Burgundy lovers, chaque année, à l’aube de ce mois d’avril, écrire ces quelques lignes autour du domaine Bouzereau est une forme de rendez-vous, un pèlerinage presque pour le sommelier que je suis ! Depuis 2012, nous vous proposons et commentons avec passion les vins de ce brillant vigneron de Meursault, couronné de 3 étoiles RVF et d’une aura exceptionnelle dans la sphère des grands amateurs. C’est aussi, et surtout, un vigneron adorable, humble, d’une sincérité désarmante ! Chaque visite au domaine depuis 2002 est un vrai bonheur ! En février 2024, je suis passé voir Jean-Baptiste, comme chaque année à cette période. On a papoté autour des sujets du moment : les prix de la région, la folie des grandeurs de certains, l’export qui souffre et certains marchés qui se tassent ! Mais aussi de bonnes nouvelles, comme celle de son fils Paul qui fait ses classes chez Pierre-Yves Colin et qui pense déjà à la relève !! L’autre sujet passionnant de cette visite fut l’équilibre des 2022 ! Quel grand millésime pour la région, quelle homogénéité surtout, dans les deux couleurs ! Comme dit Jean-Baptiste, c’est grand, et ça fait du bien à toute la Bourgogne, tant pour son économie que pour son image ! Pour lui, c’est 2020 avec plus de fond en blanc. Les rouges sont par contre plus tendres que les 2020, moins extrêmes dans leur intensité. De grands pinots comme les 2019 ! Commençons ces commentaires par les blancs, et dans l’ordre où Jean-Baptiste me les a servis : le Bourgogne qui naît sur Meursault est un petit trésor qui parlera à celles et ceux qui veulent goûter au style, sans casser leur tirelire. L’excellent 2022 affiche la trame d’un Village, avec un crémeux de texture superbe, qu’un relief sapide et un peu de minéralité tranche. Ce n’est que l’ouverture de la gamme mais déjà hyper satisfaisant en sensations. Son rapport prix-plaisir est génial ! L’autre Bourgogne, qui fut une des belles acquisitions de Jean-Baptiste il y a quelques années, est le fameux Clos du Moulin, 1 ha de bonheur dans le cœur du village qui, sans exagération, est un baby Meursault sur ce millésime 2022. J’ai été assez scotché par sa concentration dans le millésime, avec peu de gras sec, la patine des fûts Damy et un tourbillon d’agrumes et de châtaignes. Le Limozin raconte quant à lui l’histoire d’une parcelle merveilleuse, dans la veine de terre qui épouse les Premiers Crus. Ce n’est que le 3ème millésime de ce matériel végétal qui a été 100 % renouvelé en portes-greffes 3309 avec une sélection de haute qualité ! Et comme le disent souvent les anciens : c’est à cet âge que tu vois ce que donneront les vieilles vignes. Dans le verre, ce vin n’affiche pas la même densité que l’exceptionnel Les Tessons, mais croyez-moi, c’est déjà très bon ! Un Meursault qui brille par sa floralité, sa finesse agrumée et son fond de noisettes en filigrane. Son grand frère Les Tessons est à nouveau LA quille en Village à saisir de toute urgence. Intense, construit, paré d’une étoffe fascinante, il saisit toutes les papilles sur son passage avec une minéralité qui crée le waouh effect ! J’ai marqué « topissime +++++ » sur mon carnet ! Tout est dit ! En matière de Premiers Crus, le Meursault Blagny rappelle combien les terroirs de ce hameau empruntent une partie de la minéralité fuselée de Puligny. Racé, pas trop large, il prendra 3 ans pour livrer son ampleur naturelle et la complexité qu’il promet ! Goûtez les 2018 en ce moment, ils sont géniaux ! Le turbo s’active sérieusement en attaquant Genevrières, Les Charmes Dessus et Perrières. Classe et volupté dans le premier, c’est le gendre parfait, le bonhomme sympa, souriant, parfait sous tous les angles. Il ne parle pas trop fort, écoute les autres et parle à chacun… Les Charmes Dessus fait passer le compteur dans le rouge ! On est dans Les Charmes Dessus, avec une minéralité presque aussi saisissante que Perrières. On prend une énorme décharge de sensations avec du sel, des agrumes, de la châtaigne, des éclats de craie, le tout enveloppé dans une trame charnelle. Grosse grosse quille ! Perrières vient dans la foulée le dominer par sa longueur et son coffre impérial sur 2022. Honnêtement, je pense que c’est lui LE grand vin de la gamme du millésime, même si Le Cailleret le talonne. Mais là, on chipote, c’est un peu comme un match Nadal-Federer, on applaudit à chaque point, sans avoir de favori ! Un dernier petit mot sur le rouge que j’adore depuis 2019 au domaine : le Beaune Premier Cru Les Vignes Franches, pinot acidulé qui claque la cerise et les fleurs, au cœur d’une trame assez délicate. 2022 est superbe. Attendu 5 ans, il fera des étincelles dans un beau verre à Bourgogne !

Tout est dit dans le j’aime, donc difficile de prolonger ces lignes sans tomber dans la redondance. Rappelons que Jean-Baptiste Bouzereau est au sommet de son art et que ses vins s’arrachent... Côté prix, c’est haut de gamme mais pas dans le délire ambiant des autres stars du village qui affichent des Premiers Crus à plus de 300€... Je les laisse à celles et ceux qui peuvent se les payer, moi je mise sur mes chouchous de la gamme, en pensant déjà aux moments de bonheur qu’ils vont me procurer ! »