Nuits-Saint-Georges 2017
Maison Philippe Pacalet

« Prouver, c’est mieux que promettre. » Ce slogan, pensé par notre ami David Hairion qui est le chef d’orchestre du salon « Vinapogée », est assurément un de mes favoris. Combien de vignerons osent sortir en ce moment, quelques 2014, quelques 2017 et 2018 et les présenter avec fierté en vous disant : « si vous voulez comprendre les vins du domaine, c’est à cet âge qu’il faut les boire ». Philippe Pacalet, vigneron haute couture de Beaune, qui avant de se lancer seul, a fait briller le Domaine Prieuré-Roch, est un ardent défenseur d’un savoir-faire ancestral, et des vins de longue garde. Quand il vinifie un Gevrey village, un Pommard, un Aloxe 1er cru ou un Nuits, il va jusqu’au bout de ses convictions et recherche la concentration maximale dans les baies, avec beaucoup de rafles, à l’ancienne ! Croyez-moi, dans certains millésimes il faut oser le faire, et ça paye ! En jeunesse, ce genre de dessin ne rend pas les choses très aimables, au contraire. On est loin des pinots éclatants qui surfent sur un fruit pétant de cerises et de noyau. Mais quand la magie du temps opère, ce n’est plus la même chanson. Un peu comme chez Confuron ou chez de Courcel, j’adore voir se déployer dans le verre ces flacons fabuleux. Chaque année, le domaine fait une petite verticale chez Pierre Sang et c’est à chaque fois une leçon. Alors si vous voulez vous plonger dans cet univers, lisez le j’achète, et comparez les vins. En ce moment, ce sont les 2020 qui sortent chez les voisins. Philippe Pacalet fait partie des rares « sages » de Bourgogne, qui laisse encore le temps faire son œuvre. Une philosophie admirable ! Perso, j’adore !

Parmi la série des quatres vins proposés, je conseille fortement de commencer par le Nuits 2017, un millésime typiquement bourguignon qui a enfanté des pinots floraux, fins, pas trop nerveux et posés. On plonge dans ce vin entre la dimension tellurique de Nuits, avec un fond de gelée de cassis, et surtout beaucoup de fleurs, de bois de santal, de rose séchée. A boire en ce moment, c’est délicieux ! Sur 2018, Gevrey 2018 est une bombe, qui malgré son évidente jeunesse, rappelle les qualité d’un tel millésime. Fruit bombé, notes de cerise, de fleurs et d’épices, avec la complexité mentholée de la vendange entière ... Ça pousse en bouche comme dans pas mal de premiers crus, son potentiel est immense. Belle surprise également sur l’Aloxe Premier cru. Philippe Pacalet est pas mal implanté autour de Corton, et quand on voit ce que donne son Corton Bressandes (gigantesque), on se dit que c’est une bonne chose. Ici, c’est un assemblage de deux premiers crus, et par conséquent, on ne peut préciser le nom du premier cru sur l’étiquette. (Les coutières & Maréchaudes). Un Aloxe premier cru qui tire sur les pétales de fleurs, la réglisse, la mûre et la poudre de cassis. 2018 booste un peu la chair de ce cru, lui apporte le confort et déjà une phase de plaisir. Disons qu’il est à la moitié de l’ouverture de son potentiel, que je vois autour de 2025-2026. Dans le Nuits premier cru « Argillas », que certains d’entre vous connaissent si vous aimez les Nuits de Vincent Dureuil (c’est la vigne familliale du coté de sa femme Céline). Un « vrai Clos » de Nuits, où les spécialistes saluent les « vrais Nuits » côté sud... On ne fâchera personne aujourd’hui, mais oui, il y a bel et bien plus de race et de griffe dans les clos au sud de Nuits, que ceux au nord, qui touchent Vosne. Tout dépend de ce que l’on recherche en fait. Là, ce sont des densités à 12000 pieds, de petits raisins qui concentrent les messages calcaires du sous-sol. Beaucoup de sève, d’intensité et de relief salivant au cœur de ce rouge qui mérite à l’instar d’un grand cru, au moins 10 ans de maturité. J’ai adoré la composition des 2018, qui gardent leur fruit dans ce cocktail puissant, épicé, tirant sur le bois de santal et l’écorce d’agrume ! Vivement 2026, pour ouvrir cette merveille !