Pauillac 2018
Xavier Copel

« Un Pauillac totalement bluffant, avec des courbes aussi belles qu’un bon paquet de Grands Crus Classés… Sûrement une des plus belles bouteille bue cette année à Bordeaux»
Chers membres passionnés, certains souriront à la lecture de ces quelques lignes, car il ne m’arrive pas souvent d’être aussi enthousiaste quand on parle de Bordeaux et de découvertes... Mais la semaine dernière, j’ai eu le plaisir de découvrir la production ultra confidentielle de Xavier Copel, un électron libre du Bordelais qui vinifie de très petits lots issus des plus beaux cadastres de la région. Accompagné ce jour-là de Philippe Noyé, l’agent star qui a déniché le Clos Rougeard, Dagueneau, les frères Danjou, Jérôme Bretaudeau, Romain Guiberteau (et tant d’autres), j’ai découvert l’histoire de cet œnologue originaire de Cahors qui, au gré de ses expériences dans de grands domaines, a tissé des liens très forts avec des viticulteurs. Son aventure entrepreneuriale a débuté il y a quelques millésimes avec pour cap : de grands cadastres pour le sourcing de ses raisins, une viticulture BIO au taquet de ce qui peut se faire dans la région, une sélection drastique de baies nées de rendements serrés et un travail d’orfèvre au niveau des élevages avec son tonnelier fétiche. Il opère ainsi sur différentes parcelles : son Saint-Emilion vient du cadastre de Cheval Blanc, le Sauternes du secteur d’Yquem et le Pessac du domaine de Chevalier où il a travaillé pendant des années. Sincèrement, la gamme que j’ai dégustée m’a mis une énorme gifle et il me tardait de partager ce coup de cœur avec vous. Sa plus grande bouteille est assurément ce Pauillac qui naît sur le cadastre de Bages. On est à quelques encablures de Pichon Baron et de Latour, sur une croupe graveleuse de ce secteur. Ce sont de vieilles vignes de cabernet sauvignon qui, sur 2018, composent 75% de l’assemblage, complété de merlot et de cabernet franc. Pour la petite anecdote, seulement 1800 bouteilles de cette merveille sont nées dans ce millésime. En termes de style, c’est totalement bluffant. Les matières portent un fruit et des tanins d’une élégance rare; le travail de la matière est à peine poussé, le vin est poudré et l’élevage en barriques neuves est quasi-imperceptible... Cela m’a rappelé ma visite à Petrus où, à aucun moment, les notes de bois ne s’invitent dans la lecture du fruit. Ce dernier est intense, avec les touches épicées typiques des grands Pauillac. On plonge dans la gelée de cassis, le cèdre, le graphite, avec une trame délicate et hyper salivante. On soulignera aussi l’excellente persistance de ce flacon qui joue, à mon sens, dans la cour de Second Grand Crus Classés qui valent le triple ! Bref, une énorme claque sensorielle, du jamais bu à ce niveau de prix sur l’appellation. Foncez !

Bon, au prix où sont proposés ces délicieux Pauillac, je n’ai qu’un seul conseil à vous donner : goûtez ! Goûtez à ce travail d’orfèvre qui prouve que la région peut aller bien plus loin dans le raffinement de ses propositions et que la mode des vins copieusement élevés est derrière nous. J’ajouterais que ce sont des tirages niches, qui sont désormais distillés chez quelques grands restaurateurs et grandes tables étoilées. L’équipe de la SBM à Monaco est tombée totalement sous le charme de ce flacon, qui s’arrache déjà par quelques sommeliers pointus. Par chance, on était les premiers à réserver ces trésors. Ne les manquez surtout pas !