Pavillon Rouge 2024
Château Margaux

« Le génie de Margaux, c’est de rester seigneurial même quand le chaos s’invite. »
Chers membres passionnés,
Je savais pourtant en arrivant à Château Margaux, que cette dégustation primeur serait un moment à part. D’abord parce que l’on ne visite pas tous les jours un Premier Grand Cru Classé de cette stature. Ensuite parce que Château Margaux fait partie de ces rares lieux où tout – l’architecture, le jardin, le silence des chais – vous rappelle que vous entrez ici dans un pan vivant de l’histoire du vin.
Nous avons été accueillis par Aurélien Valence, directeur commercial du domaine, pour une dégustation aussi limpide que passionnante. Il nous a conté le millésime 2024 avec une transparence rare, évoquant tour à tour les stratégies de taille ultra-précoce (pour viser septembre, « car on ne fait pas de grands millésimes en octobre »), la floraison homogène… et le désordre climatique qui s’est invité ensuite. À ses mots, on comprend vite que ce millésime s’est mérité. Et que seuls les grands terroirs ont pu transcender l’instabilité du millésime.
Ce fut le cas ici, sur ces graves nobles de Margaux. L’équipe a fait des choix radicaux : 15 % de la récolte a été vendue en vrac, une sélection d'une sévérité exemplaire. Les cuvaisons ont été rallongées, les extractions affinées, avec l’aide d’un algorithme maison et d’un laboratoire interne qui suit les polyphénols deux fois par jour… Résultat ? Des indices dignes des 2010 et 2015, et une structure qui n’a rien à envier à ces deux monuments.
Pavillon Rouge 2024 est l’énorme surprise : plus cabernet que jamais (77 %), avec pour la première fois 9 % de cabernet franc, et une trame soyeuse absolument irrésistible. Il montre un équilibre bluffant (pH 3,63), une fraîcheur intense, et un style élancé, vibrant. Je me suis pris une grosse claque, car sur le millésime, les seconds vins sont assez moyens…
Mais le Grand Vin… quelle magie ! Margaux 2024, c’est la pulpe sans la largeur, une bouche séveuse, un toucher royal, et cette immense persistance qui signe les très grands. Peu démonstratif, infiniment noble, avec une persistance affolante ! En remontant dans la voiture ce jour là, je me suis dit : « Margaux 2024 est l’un des plus grands de rive gauche ! un flacon magique ! »

J’achète parce qu’un Château Margaux de cette classe, à ce prix-là, c’est tout simplement un rêve, qu’on croyait perdu pour toujours ! La baisse de prix cette année est à l’instar de Lafite, Cheval Blanc ou Ausone : spectaculaire, inespérée même. J’achète surtout parce qu’on parle d’un Premier Grand Cru Classé, au sommet de son art, qui dans un millésime aussi sélectif, a très largement dépassé le reste de l’appellation ! Mais j’achète aussi Pavillon Rouge, car il incarne tout ce que l’on attend d’un second vin ambitieux, dans sa version la plus cabernet, la plus précise, la plus aboutie, avec une velouté qui m’a touché.