Pays d'Hérault L'Aphyllante 2020
Domaine Vaïsse

« Une région qui brille de tous ses feux, et qui n’a jamais produit des vins aussi fins et complexes qu’aujourd’hui ! » Quelle trajectoire depuis 20 ans, quelle révolution surtout ! Ce n’est plus une simple prédiction, où quelques épiphénomènes, c’est un constat global qui fait voler en éclat tellement d'apriori sur la région ! Oui, le Languedoc, le Roussillon peuvent produire de grands vins, des vins fins, expansifs, capables de vieillir avec panache... On a tellement entendu le contraire dans les années 90... Si vous avez suivi la région et sa métamorphose initiée par quelques grands noms : Laurent Vaillé, Olivier Jullien, Xavier Braujou et tant d’autres, vous avez sûrement en tête la partition sublime proposée par Pierre Vaïsse, ce brillant vigneron que je suis depuis le millésime 2007 ! Je me rappelle des premiers coups de crayon, des premiers vins fins, de sa cuvée Aphyllante au toucher de velours, de ses premiers viogniers, sans lourdeur..
Aujourd’hui, Pierre est au sommet de son art et rayonne dans la région comme l’un des meilleurs auteurs des Terrasses du Larzac. Des 2020, on retiendra la finesse, le caractère voluptueux des matières, le raffinement que ce millésime a déjà montré sur les Côte Rôtie, les Châteauneuf ou en Corse. Il est moins solaire que les 2019, et brille par sa trame, qui fait passer des messages en finesse et en volupté. Vous retrouverez l'Aphyllante, sélection drastique de mourvèdre, qui livre une trame épicée et charnue avec une classe affolante. Avec la cuvée L’enclos de la Terrasse d’Elise, c’est un des vins les plus civilisés que vous trouverez autour de ce cépage dans la région. Dans « Pur », place au carignan livré, là encore, dans un raffinement extrême ! L’épice, le bleuet et la violette vous attendent dans ce flacon avec une saisissante finesse de trait. C’est le sud sans les stigmates du sud ! Les amateurs de cabernet sans pyrazine ne manqueront pas les Garrigues, un des rares assemblages bordelais que je bois en dehors de Bordeaux. Un peu de merlot entre dans la composition de cette cuvée, que nous avions connue en pur cabernet dans le passé. Ici, c’est le cassis doux, l’espelette, le graphite qui tiennent en respect la matière. Dans le Galibaou du Russe, on poivre un peu les messages, avec un combo syrah-mourvèdre délicieux. Il faut goûter à cette cuvée si vous avez une âme de syrah lover ! J’ai encore des 2012 à la maison sur ce vin qui vaut le détour ! Les puristes qui aiment les grenaches expansives, peu extraites, se dirigeront vers « Pitchot », qui livre avec délicatesse des messages de framboise sauvage, d’épices douces. Beaucoup de finesse encore une fois, et une trame salivante qui ne coupe pas l’allonge. Un dernier mot sur le viognier remarquable du domaine, Hasard, qui n’est pas un copier-coller de Condrieu. Ici, le cépage ne déborde pas du verre, on garde une finesse et une trame salivante. L’ambiance de fruit d’été est assez irrésistible !

Des prix qui grimpent.. Oui, le domaine a augmenté ses prix récemment, mais ne l’a pas fait depuis 12 ans... Je laisserais chacun mesurer l'étendue du scandale, mais perso, je ne suis pas choqué de voir ce domaine proposer des vins autour de 40€. Ils ont largement prouvé leur valeur, leur potentiel de garde aussi. Quand on sait que les Bourguignons ont mis 35% en deux ans à des flacons bien plus chers, on se dit que tout est relatif !