Pessac-Léognan 1er Grand Cru Classé 2024
Château Haut-Brion

« Haut-Brion / La Mission Haut-Brion 2024 : deux icônes, deux visions, quatre chefs-d’œuvre. » Chers membres passionnés, il y a des campagnes primeur où le classicisme s’impose comme une évidence. Et puis il y a des domaines où, millésime après millésime, l’éclat du terroir et la justesse du style transcendent les conditions de l’année. Haut-Brion et La Mission Haut-Brion, les deux joyaux de la maison Clarence Dillon, en sont l’illustration la plus saisissante en 2024. Qu’il s’agisse des blancs (remarquables dans ce millésime) ou des rouges qui sont surprenants de fond, on se rend compte à la dégustation encore ici, que ce sont les moyens déployés à la vendange (double trie : densimétrique et optique) qui ont permis d’isoler l’essence de ces terroirs. Je partage donc ces quelques lignes aux amateurs du club, qui aiment les trames de Bordeaux tout en souffle, mais sans perdre le fond ! Je ne sais pas si on peut comparer 2024 à un autre millésime, car jamais les moyens techniques n'ont été aussi importants, mais ce que je sais par contre, c’est que personne ne pourra challenger ce qu’il y a dans ces deux flacons ! Commençons par Haut-Brion qui incarne à lui seul la vérité des grands terroirs, et l’intelligence des équipes techniques. Dans ce millésime très arrosé, les graves composés de variétés de quartz, d’argile, de sable, de calcaire et de faluns (calcaire coquillé), ont drainé le surplus d’eau… un atout majeur dans ce genre de millésime ! Vous retrouverez un rouge de grande stature, avec cette élégance retenue qui caractérise les vins du Château. Merlot (48 %) et cabernet-sauvignon (39 %) se livrent avec parcimonie mais précision. Le vin est longiligne, profond, racé, sans esbroufe, mais avec une autorité naturelle. Il évoque en jeunesse les myrtilles sauvages, le sous-bois, la terre humide et une touche de cèpes. En blanc, on touche à un des plus grands de la région, avec un équilibre à 13,7% naturel, batti sur 52% de sémillon et le reste de sauvignon. Vin de texture magnifique, avec l’aubépine, les fleurs blanches, la fine patine des bois qui ne prennent pas trop de place (40% de bois neuf). C’est un vin magistral, digne des plus grands de l’hexagone, un genre de Montrachet local ! Dans Mission Haut Brion rouge, c’est la volupté canalisée. Plus immédiate, plus sensuelle que Haut-Brion, La Mission signe un vin charnel, moelleux, profond, avec une texture voluptueuse et un éclat fumé typique de ses graves. Ici, c’est le toucher qui impressionne, cette manière de livrer une puissance douce, précise, enveloppante. Le cabernet-sauvignon (52 %) y sculpte la colonne vertébrale, mais c’est l’ensemble qui séduit, à la fois ample et lisible. Jeune, il impressionne plus que Haut Brion, mais dans le temps, les matrices s’inversent. Dans la mission blanc, on a une accroche de terroir, en prime d’une texture envoutante. Dominé par le sémillon (63 %), ce blanc impose une mâche saline, une matière savoureuse, légèrement anisée, qui vous happe dès la première gorgée. Gras mais sans lourdeur, il se distingue par une vraie personnalité tactile, une accroche terrienne et une énergie vibrante. Ces 2024 m’ont rappelé les vieux Laville Haut Brion de l’époque (ancien nom de la Mission blanc actuel).

J’achète, car ces quatre vins incarnent ce que Bordeaux fait de plus grand… à des prix redevenus bien plus raisonnables pour les rouges. Dans un millésime qui exigeait précision et sang-froid, Haut-Brion et La Mission Haut-Brion livrent quatre interprétations magistrales. Les rouges 2024 sont denses, complets, racés, avec des textures longilignes pour Haut-Brion, plus moelleuses et charnelles pour La Mission. Des vins d’avenir, mais déjà lisibles, parfaitement équilibrés. Les blancs 2024, eux, confirment le très haut niveau de l’année à Bordeaux. Gras, salins, vibrants, ce sont des vins rares, produits en quantités infimes, et capables de défier le temps avec grâce. Alors est ce que ces primeurs sont des investissements ? La réponse est oui. Les rouges sont en ligne directe avec leurs plus beaux vins du millésimes , pour des prix en baisse marquée. Les blancs, plus chers, restent des icônes ultra-limités, dont la rareté ne fait que croître. Il n’y aura pas de seconde chance ! Ne les laissez pas filer !