Puligny-Montrachet 1er Cru Les Chalumeaux 2021
Domaine Matrot

« Le raffinement et l'élégance sont-ils l'apanage de l'art de vivre »... Ainsi débutaient nos « J’aime-j’achète » enflammés l’année dernière, en évoquant les vins touchants et sincères de la famille Matrot, cette adresse emblématique de Meursault qui, depuis quelques millésimes désormais, s’impose comme un MUST absolu du village. Eh bien cette année encore, on ne risque pas de changer de ton, au contraire. J’ai eu la chance de retrouver Adèle Matrot dans un salon à Paris et de mettre des mots sur des sens autour de leur gamme de 2021, très belle, mais née dans un millésime si cruel... Le gel, vous le savez certainement, a englouti une grosse partie de la récolte... Mais ce qui est resté est « in fine » livré avec l’élégance du style maison, et doué d’une concentration que je n’attendais pas à ce niveau, surtout dans les blancs. Plongez-vous dans le j’achète pour sonder l’univers de chaque cuvée.

« Ce qui est bien dans un millésime comme 2021, c’est qu’on ne manque pas de fûts... » vous diront les vignerons de la région... Et c’est tant mieux d’une certaine manière car avec une demi-récolte, tout peut être fermenté sous bois, ce qui sculpte les vins autrement que la cuve. Au Domaine Matrot, on commence la gamme par le Bourgogne blanc, vraiment très solide qui isole une vigne dans les bas de Meursault et une autre située un peu plus au sud vers Dezize-lès-Maranges. Bien construit avec un peu de gras et d’ampleur, même dans ce millésime plus frais, ce Bourgogne profite d’un schéma d’élevage très particulier... En gros, le Domaine utilise habituellement ses fûts récents pour cette cuvée, au lieu de les utiliser pour les Premiers Crus comme c’est souvent le cas ailleurs. L’idée est que les fûts d’un vin profitent aux Villages et Premiers Crus, où l’on cherche plus l’empreinte du terroir. Finalement, ce Bourgogne boxe en sensation au-delà de sa catégorie car sans paraître boisé, il arbore une structure et une ossature qui le rapprochent de certains Villages. Sur 2021, on a baissé un peu en glycérol et en largeur par rapport à 2020, mais j’aime son rythme et sa salinité qui est lisible dans la jeunesse.
La déclinaison de Meursault servie derrière, fait passer à un autre étage. Le village, qui est une pièce maîtresse de la cave, assemble 5 ha répartis sur 12 parcelles : Le Limozin, Les Vireuils, Les Pelles, Les Chevalières... Dans un millésime normal, elles produisent une belle cuvée en volume, mais c’est totalement l’inverse sur 2021... J’aime cette cuvée pour ses fines notes de châtaigne, de craie, d’agrumes confits, et surtout pour sa classe. J’aime dire qu’on se rapproche plus d’un Puligny que d’un Meursault en jeunesse, tant la bouche est cristalline et sapide. Quand on attaque le coteau de Blagny, on sait que la famille est dans sa zone de prédilection. La famille opère en effet sur ce terroir, avec son légendaire rouge La pièce sous le bois, un pinot envoûtant et quasi-volnaysien dans sa trame. Ne manquez pas le 2021, qui rappelle 2017, c’est un pinot peu extrait d’une grande sensualité. En revenant dans les blancs du secteur, vous trouverez dans le Meursault Blagny, l’excellent trait d’union entre les Charmes et le village. Un vin qui puise dans l’altitude du cru et le coteau, ce relief saillant, cet éclat de craie, de fleurs blanches... et qui affiche une grande allonge. Le Meursault Charmes est chaque année une véritable tuerie... Les 2/3 de la parcelle sont dans les « Charmes-Dessus », sous les Perrières, donc ça vibre, c’est long, hyper long même. On pourrait comparer ce 2021 aux 2014 du domaine.Les Chalumeaux est un Puligny dans le haut de coteau, qui passe en finesse derrière le Charmes. Vin lumineux, peu boisé, porté par la magie géologique du cru. Nous avons une poignée de Meursault Perrières, pur sang exceptionnel qui parlera aux amateurs de jus de caillou...Hyper minéral et fuselé dans ce millésime, il exige 5-6 ans de cave pour se sculpter et libérer son potentiel. En rouge, si vous aimez les pinots fins, peu extraits et égrappés, vous adorerez le Bourogne, le Meursault rouge ou le Blagny La pièce sous le bois... Voyez dans cette vendange la fraîcheur d’une année tardive, le croquant acidulé du pinot qui claque en bouche et une architecture qui évolue au gré de la gamme. En écrivant ces lignes, je repense aux 2020 que je commentais mi-juillet, lors d’un live instagram dédié à nos coffrets... J’aime le style, et ces rouges qui ont toujours fait rayonner le domaine !