Puligny-Montrachet 2021
Domaine Henri Boillot

3 bouteilles de chaque premier cru ou grand cru... 18 villages. Basta ! Bon, je ne vais pas faire dans la dentelle pour ce j’aime j’achète de chez Henri Boillot car notre allocation est tellement misérable dans ce millésime crucifié par le gel, que le temps de finir ces 8 lignes, tout aura disparu chez ceux qui adorent le domaine (vous êtes nombreux)... Je promets, quand des temps meilleurs se présenteront (vivement l’arrivée des 2022), de passer au laser le détail de chacune des 12 cuvées que nous achetons, tout en vous donnant quelques anecdotes à raconter à vos convives. En attendant, quelques Meursault et Puligny qui, sur les villages du domaine, posent les bases d’un millésime plein de peps, de rythme et sans richesse de glycérol. Un millésime qui, dixit Thibault Liger-Belair présent à l’une de soirée membre, sera « bien au-delà » de ce qu’on pouvait imaginer. L’anecdote est d’ailleurs croquante si on compare les équilibres (ph acidité, alcool) on est plus sur une année comme 2010 que 2013, le dernier millésime d’octobre vinifié en Bourgogne ! Bref, c’est plus solide que ce que tout le monde a imaginé à la naissance de cette année. Les chardonnays renouent donc avec des degrés mesurés, on lit bien les terroirs avec un peu de gras dans le Meursault et plus de relief salin dans le Puligny, qui est plus fuselé ! Dans les premiers crus, Pucelles et Genevrières tiennent leur rang respectifs, le millefeuille minéral s’ajoute à une complexité accrue, les persistances sont là avec des reliefs bien acidulés. Les aficionados du domaine ne manqueront pas le duo de Puligny qui s’ouvre dans les Pucelles. Pour l’anecdote, le domaine a fait un rendement quasi « normal » sur ce lieu-dit car il a été protégé avec une éolienne chauffante partagée avec le domaine Leflaive... Donc pas d’écart de maturité ou de souci lié au gel et au final, un très beau Premier Cru comme on l’attend : ample, sapide, concentré en parfums avec ce côté talc de craie qui accompagne la fine réduction sur lies (notes noisetées, pointe de popcorn). Dans le Clos de la Mouchère, qui fait échos à la race du Premier Cru « Perrières », on retrouve cette matière pénétrante, sapide, ce côté jus de cailloux qui fige sur les papilles une longueur éblouissante. Un vrai diamant ! Les deux grands crus sont tellement rares que très peu de personnes ont pu y goûter... Mais est-ce un sujet ? On parle d’un Charlemagne et d’un Bâtard qui sont signés par un domaine de référence... Le risque de vous planter est assez nul ! En rouge, place au volupté, aux teintes rubis et aux envolées florales dans ce millésime qui rappellera sûrement les 2017 dans quelques années. C’est bien Guillaume Boillot qui est aux commandes pour les rouges au domaine et son style a beaucoup évolué. Son trio de Volnay Premier Cru est assez captivant, les vins sont peu extraits et raffinés. On pourra en profiter dès 2027 comme on se régale déjà des 2017 en ce moment ! Fremiets sera un poil plus structuré que Chevrets (plus fin, tout en dentelle). Caillerets explose tout, c’est un terroir de dingue empreint de minéralité et d’un grain qui touche au plus profond ! Un dernier petit mot sur les Bonnes Mares du domaine qui naît sur Chambolle. Là, on entre dans une équation magique car les touches telluriques ne sont pas enfouies dans un fruit bombé... Les messages sont clairs, la force du lieu bien présente mais les tanins très doux. Un genre de rencontre entre le jour et la nuit !

Des prix « haut de gamme » mais pas débiles... Mon cœur de bourguignon saigne en écrivant ces lignes mais c’est un peu la folie les prix de Bourgogne depuis 2 ans... Les grands crus atteignent des niveaux qu’on ne pouvait imaginer encore il y a quelques mois, ce qui les exclus du jeu si on mesure comme on aime le faire chez Chais d’œuvre, les rapports prix émotions. Dans les villages en blanc et les Volnay Premier Cru, vous noterez la sagesse des prix, même pour le Caillerets. Les Premiers Crus en blanc sont forcément plus haut de gamme mais pas totalement inatteignables. Si vous êtes rapide et que vous avez une bonne cave, la probabilité que vous vous régaliez avec eux est assez haute ! Ne trainez pas par contre, on en a très très peu !