Quarts de Chaume Grand Cru La Martinière 2021
Domaine Ogereau

« Sûrement le plus grand liquoreux de Loire bu dans le millésime, une pure merveille ! » Chers membres passionnés, évoquer dans ces quelques lignes les 2021 d’Emmanuel Ogereau, c’est replonger dans cette visite estivale de 2022 totalement renversante où j’ai amené ma famille au domaine. Un moment de vie unique, plein de générosité et d’émotions. On est ressortis de ces 3 heures de dégustation avec les sens ébouriffés et une seule certitude : les kings du botrytis en Anjou noir et ceux qui signent les plus grands moelleux dans ce secteur, c’est eux ! Et cela s’est vérifié sur de nombreuses cuvées dont les fameuses Bonnes Blanches, ce lieu-dit de Saint-Lambert où Emmanuel excelle aussi bien en sec qu’en moelleux. Son père, qui nous a servi un 1996 en fin de dégustation, en était le témoin : « ce terroir est porté par la grâce » ... Dans nos verres, un chenin électrique, totalement truffé, bercé de coing, de gelée royale, d’abricots confits... Un vrai shoot pour les sens avec des sucres super fins et une acidité percutante. Pour revenir aux 2021, si vous n’avez qu’un seul liquoreux à mettre en cave sur ce millésime (car un des meilleurs et un des plus abordables), c’est clairement le Quarts de Chaumes La Martinière... Rappelons ici qu’on est dans le grand cru, le saints des saints où Emmanuel a rendu la magie du terroir encore plus vibrante sur cette vendange : moins de sucre, plus de tension et une concentration en extraits secs hallucinante. Dans le verre, malgré l’extrême jeunesse, on passe par ces notes de poires williams très intenses, adossées à une petite touche mellifère. En filigrane, une pointe d’exotisme, de safran et le contraste d’agrumes légèrement confits. C’est en bouche que la partition devient totalement géniale, avec la densité d’un grand Quarts de Chaume mais sans lourdeur... Les schistes arrivent en renfort d’une superbe acidité pour étirer la matière sur une longueur exceptionnelle ! Une quille stratosphérique, vendue une bouchée de pain ! Profitez-en ! Un autre petit mot aussi sur un sec qui nous a vraiment régalé dans la gamme sur ce millésime tardif : Le Grand Beaupréau, très beau Savennières qui allie un gras sec, à une fine patine d’élevage. Dans le verre, c’est la poire, le nefle, des notes d’infusions de plantes qui font vibrer les papilles sur leur passage ! Coup de cœur là encore, et deux bouteilles qu’il me tardait de vous présenter !

Pour la petite anecdote, 3 semaines séparaient cette visite en Anjou d’une visite à Yquem, faite en Juillet. Si Yquem est et sera toujours un terroir « à part », je suis de ceux qui pensent que les Quarts de Chaume font partie de ces grands crus exceptionnels totalement sous valorisés aujourd’hui, alors que pendant des siècles, les grands de ce monde se les arrachaient. Même combat pour Savennières qui, grâce à quelques acteurs clefs comme Thibaud Boudignon, Eric Morgat, Tessa Laroche où Damien Laureau, reprend un peu de lustre par rapport à leur passé glorieux. Là, vous avez deux quilles de haut vol signées par un des jeunes talents de la région que la presse et les pros applaudissent aujourd’hui... Et cela pour des prix vraiment raisonnables ! Chapeau Emmanuel !