Saint-Véran Bois de Fée 2019
Domaine Thibert

« L'étincelle est partie d'une bouteille de Bois aux Fées 2018 sublime, bue au restaurant. La confirmation au domaine autour de toute la gamme m'a donné de vrais frissons de bonheur ! Une superbe adresse, à garder précieusement dans vos petits carnets ! » Chers Burgundy lovers, le focus sur ce magnifique domaine de Fuissé est un enchaînement d’émotions et de rencontres récentes, qui m’ont conduit à me rendre au domaine afin d’essayer de comprendre d’où venait ce frisson dans le dos ! Tout a commencé un vendredi d’avril 2023, où je déjeunais dans un restaurant solide de la rive gauche avec Antoine B., membre du club depuis la première heure et passionné d’art de vivre. Sur la carte des vins de « Oui mon général » (restaurant dangereux, peu recommandable si vous avez du travail derrière...), j’avais repéré quelques vins du Mâconnais car Antoine est un fan, comme moi, des vins d’Audrey Braccini au Domaine Ferret. Mais au cœur de cette solide carte des vins trônait un Saint-Véran « Bois aux Fées » 2018 du Domaine Thibert, dont j’avais eu quelques échos par des amis passionnés. On a donc tenté notre chance et, sincèrement, on s’est pris la foudre, un frisson fabuleux ! Alors deux semaines plus tard, juste avant d’aller voir Audrey Braccini pour ses derniers jours chez Ferret (elle a quitté le domaine à l'été 2023), je suis allé voir la famille Thibert, située à 200 mètres de la cuverie de chez Ferret ! J’y ai rencontré Camille, Sandrine et, bien sûr, Christophe Thibert, l’homme qui pilote avec brio ce domaine vibrant de Fuissé. Ce fut l’occasion de comprendre leur cadastre, qui s’étire sur 14 ha en propriété, complétés de 14 ha en fermage et surtout de comprendre un peu mieux d’où venait cette émotion ressentie si fort au restaurant. En parcourant la gamme qui se décline en tirages assez limités, j’ai été très surpris de voir que le domaine conserve systématiquement ses vins au domaine et ne les vend qu’à trois ou cinq ans de maturité pour certaines cuvées. Un choix « naturel » pour exprimer au mieux les lieux selon Sandrine, car un grand Saint-Véran ou Pouilly-Fuissé mérite du temps ! Une pratique si sage, si rare de nos jours ! Je n'ai pas pu tout déguster car la gamme est très vaste, mais les sept vins de cette sélection illustrent avec panache le style maison. J’ai tout aimé, plongez-vous vite dans le « j’achète » pour connaître chaque cuvée dans ses moindres détails !

Place dans ce « j’achète », à la gamme, avec un petit mot sur le Mâcon-Fuissé 2019. Un simple Mâcon d’étiquette, mais bien plus dans le verre ! Il naît entre Fuissé et Loché, sur un socle volcano-sédimentaire, près d’un bois, à base d’une jolie sélection massale. Neuf pour cent de la cuvée est fermentée en pièces bourguignonnes, qui étirent et structurent le vin ; le reste en cuve. Christophe Thibert témoignait en me disant qu’il a fallu onze ans au domaine pour décaler la commercialisation de cette cuvée phare de la gamme, un de leurs best-sellers. Dans le verre, on y retrouve avant tout la trame de 2019 : concentré, mûr et salin avec une fraîcheur de bouche assez bluffante. Toutes les cuvées, d’ailleurs, n’affichent jamais trop de degrés, toute la gamme oscille autour de 12,5 ou 13 %. C’est le résultat d’une viticulture dite « à plat » selon Christophe Thibert. Avec une petite réduction et un socle agrumé et floral, ce Mâcon embarque les papilles à toute vitesse, on profite du caractère aérien de la matière et d’un rythme salivant parfait. Premier coup de cœur et une cuvée abordable que je vous invite à goûter ! Deuxième trésor à découvrir : le Pouilly-Fuissé Héritage... 7675 cols produits sur 2019 et une cuvée qui assemble une vingtaine de petites parcelles qui profitent de trois types d’exposition et d’altitude. Un orgue complexe qui se met à chanter très rapidement dans le verre. On sent au premier tour de verre le pédigrée de certaines vieilles vignes (60 ans) et les 15 % de bois qui ponctuent les messages d’un fin toast. Derrière, c’est la minéralité, une fine réduction grillée qui prend le relais sur fond de pêche de vigne et d’agrumes. J’ai adoré l’extrait sec persistant et l’allonge de ce premier Pouilly ! Le passage en vitesse lumière passe par mon chouchou : Bois aux Fées, magnifique parcelle en coteau exposée sud-ouest sur le petit village de Chasselas, avec des vignes vénérables de 75 ans ! J’avais adoré les 2017, mais aucun doute possible, les 2019 sont très au-dessus ! Le domaine revendique la parcelle sur ses étiquettes depuis 2009. Là, sincèrement, on prend une claque en dégustation ! La fine patine des fûts François est encaissée sans broncher par la cuvée, c’est un des vins les plus longs, les plus complexes de la série, une réponse à « Peut-il y avoir des Premiers Crus à Saint-Véran ? »... Franchement, j'aurais pu acheter toute la cuvée si je ne m’étais pas raisonné, ce vin est autant un choc gustatif qu’un souvenir émotionnel... J’aime dire que c’est le genre de vin qui fait faire des bêtises... Le crescendo continue sur Vinzelles, dans les Longeais : « Un futur Premier Cru », dixit Sandrine qui me disait que, dans la foulée de Pouilly-Fuissé, le tout petit écrin de Vinzelles classe ses meilleures parcelles. Cette parcelle est collée aux fameux « Quarts » que je vous ai servis et commentés en 2016 chez les Bret Brothers. Là, on plonge dans un fond de poires dans le crémeux millésime 2017, qu’une petite pointe exotique épouse avec malice. Beaucoup de salivation, un coffre plus ample et surtout pas mal de plaisir à la fin pour cette cuvée accomplie. On comprend à la dégustation le caractère légitime des Longeais, dans ce futur classement des Premiers Crus. Clou du spectacle de cette série : le fameux Clos Gaillard, pépite qui rappelle un autre vin de la gamme très solide : Les Cras. Là, on est niveau Premier Cru + de la gamme sur Pouilly, tout est décuplé au niveau sensoriel. Le 2019 est immense, parti pour écrire une longue histoire dans les meilleures bouteilles du millésime ! Bref, cette série du domaine illustre avec panache ce coup de cœur que je souhaitais partager avec vous ! Vous comprendrez à la dégustation pourquoi le domaine se rapproche de la deuxième étoile RVF, la trajectoire est sublime ! Vous comprendrez aussi pourquoi l’agent du domaine n’est autre que celui du Domaine de la Romanée Conti !