Sancerre Chêne Marchand 2021
Domaine Vincent Pinard

« Quoi de neuf chez les frères Pinard en ce printemps 2023 ? » Chers membres passionnés, écrire ces quelques lignes avec cette journée fraîche et ensoleillée de printemps, c’est un peu comme vivre comme une fleur à cette saison et se projeter dans des moments de vie en famille ou entre amis. À nous les apéros en terrasse, les premiers chèvres, les préparations aux herbes fraîches et les préparations de ceviche ou autres délicieux tartares. J’adore ce moment de l’année ! C’est aussi un moment singulier dans l’offre des grands vins de Sancerre car c’est là que Clément et Florent sortent leurs parcellaires. Et ça aussi j’adore ! Le 4 novembre dernier, je visitais le domaine et ces amis autour des premières sensations de 2021, un millésime challengeant, mais relevé avec panache par ces brillants interprètes des terroirs de Bué. Challengeant, avec un gel au printemps cruel, une pression fongique de dingue en été, vendange aussi tardive que 2013... Un véritable combat de boxe pour les vignerons de l’hexagone où pour faire le meilleur, il fallait accepter de tout perdre en triant sévèrement ! Nous avons commencé par les rouges et mis des mots sur des sens avec la cuvée de pinot noir classique : une petite merveille de tendresse, aux tonalités aériennes, fleuries, rythmée par des sensations bien salivantes. Ce millésime me rappelle la gourmandise des 2017, vous pourrez vous en régaler rapidement. En montant dans la gamme, on notera l’absence de cuvée vendange entière sur ce millésime (trop risqué) et seulement 18 hl/ha dans cette couleur... une misère ! Mais le résultat qui s’annonce est plutôt beau car les frangins de Bué ont fait le choix d’une infusion de baies sur cette vendange. Coup de cœur comme d’hab sur Charlouise qui, sur cette vendange en demi-corps, frôle le dangereux (elle est 100% égrappée sur ce millésime vs 30% de vendange entière sur 2020). On mesure vraiment la dimension de vinificateur des frangins quand on boit ce genre de merveille aux tanins doux et au fruité succulent ! En blanc, je vous le disais en fin d’année 2022 en présentant les premières cuvées de la gamme, j’ai adoré la trame très « années 90 » de ces Sancerre, même si certains ne sont pas encore en bouteille. Un millésime frais mais mûr au domaine, avec peu de glycérol, des bouches fuselées, avec beaucoup de rythme... Un millésime qui « donne soif » tellement les blancs sont digestes et sapides ! Pour entrer dans les cuvées et les parcellaires, il faut se plonger dans le j’achète !

« Un coup de fusil dans un ciel de printemps »... C’est ce que j’ai marqué dans mon carnet au moment de Florès 2021, cette cuvée qui ouvre la gamme des frères Pinard et qui, depuis l’arrivée des cuves bois au domaine, a totalement changé d'envergure. Dans le verre, c’est un shoot de menthe poivrée avec un corps saillant et une allonge salivante autour de l’agrume. Il y a peu de glycérol dans ce millésime, ce qui rend le profil digeste de la cuvée encore plus addictif. Coup de cœur ! Derrière, Nuances 2021 est plus complexe et plus persistant, avec un fruité supérieur qui évoque le carambole, l’angélique confite et la menthe poivrée. On gagne en persistance de bouche sur cette cuvée où l'âge des vignes et la sélection de terroirs sont supérieurs ! Pour les autres cuvées, elles sont enfin sorties de la phase d’élevage, je les attendais comme un enfant attend Nöel ! Dans Grand Chemarin, terroir de cœur des frères Pinard, on attaque les strates géologiques les plus identitaires du domaine. Clément et Florent me disaient qu’en 2021, c’était la vigne qui avait le plus souffert et qu’il y en a eu très peu… Pourtant, l’éclat de craie est là, la magie du sol se combine aux instances de menthe poivrée, c’est aussi salin que digeste. Petit Chemarin garde son cap « chablisien », je l’ai trouvé au top car très fidèle à ce terroir imprimé par le coquillage, la craie. Il appelle des huîtres, des couteaux et surtout une délicieuse conversation au printemps avec des amis ! Coup de cœur comme toujours dans le Chêne Marchand qui prend plus d’ampleur en bouche. Logique, c’est la trame du vin, on a ici un combo gras-sec-salinité exquis, j’aime dire que s’il y avait des Premiers Crus à Bué, le Chêne Marchand en serait un ! Impossible de terminer ces lignes sans parler du Château, cuvée que j’ai eu du mal à comprendre au départ et autour duquel j’ai eu droit à une petite verticale en fin de dégustation. 2021 est très beau car moins sur l’épaisseur que ses aînés, il fait une entrée dans notre sélection avec panache... Qui l'eut cru ? Narpi est aussi un des ovnis que je vous invite à découvrir : ce rouge sans soufre de la gamme est libre, précis, bien salivant... Là encore, la maîtrise est superbe, incontestable même... Avis aux amateurs de vins natures précis... C’est rare, donc foncez !