Sancerre Le Chêne Marchand 2020
Domaine François Crochet

Le domaine frappait déjà fort avant 2019, mais là, il est passé dans une autre dimension... Les vins sont parmi les plus vibrants que j’ai pu déguster au Salon des Vins de Loire, un vrai choc ! » Chers membres passionnés, vous êtes peut-être comme nous, à l’aube de ce printemps 2023, en quête de nouveaux plaisirs pour aiguiser vos papilles et vous régaler de grands blancs ligériens. Et oui, dans moins d’un mois c’est le printemps, les petites fleurs, les herbes, les premiers chèvres, les apéros en terrasse ! Pour moi, cette période rime avec Sancerre et ses grands sauvignons de terroir qui, dans ce rôle de vecteur de fraîcheur, n’a aucun équivalent quand le printemps arrive. Parmi les meilleurs auteurs que nous suivons, vous connaissez sûrement les frères Pinard qui ont frappé fort sur Bué en 2021 (je vous en parlais en janvier) ; mais ils ne sont pas les seuls, et j’irai même jusqu’à dire qu’à leurs cotés cette année, il y a François Crochet qui, depuis la vendange 2019, a considérablement affiné sa proposition. En goûtant la série des 2021 au Salon des Vins de Loire début février, j’échangeais avec François sur ce qui se passe au domaine. D’abord, François travaille à 100% en levures indigènes depuis quelques années, ce qui affine de manière remarquable les trames aromatiques du sauvignon qui peuvent parfois déborder. Mais ce n’est pas le seul détail qui fait la grande différence. François a décidé, pendant la période Covid, d’étirer les élevages de ses Sancerre. Après avoir constaté le gain d’expression terroir, grâce à cette pratique sur lies fines, François ne démord pas : « Ça change beaucoup de chose ». Dans mon verre à ce moment, j’avais le simple Sancerre du domaine : une tuerie que je n’ai même pas craché. Notez que dans cette cuvée, il y a les Petits et Grands Chemarins, que normalement le domaine isole. Mais la production étant trop petite, François a décidé de les assembler. Dans le verre, c’est de la pure poésie qui vous attend, un vrai souffle printanier qui passe de notes de menthe poivrée par un peu de carambole, et des agrumes. Pas la moindre trame végétale ne vient chagriner le ressenti, le vin se livre avec un peu d’ampleur et beaucoup de fraîcheur.. J’ai adoré ! Derrière vint « Exil », la cuvée de silex du domaine que François a travaillé sur une équation particulière cette année : 50% amphore, 50% bois. Le résultat est stupéfiant, l’amphore apporte une granularité au vin et le bois la patine. On lit bien les instances un peu fumée des silex, tout en conservant le prisme d’un raisin bien mûr. D’ailleurs, c’est un peu le risque sur ce millésime, les silex manquent parfois d’un peu de chair et de maturité. Là, pas du tout ! Goûtez y si vous aimez les sauvignons sur silex, c’est une merveille. Que dire enfin du Chêne Marchand qui passe en catégorie « Premier Cru » à mon sens. Là, on élargit le spectre aromatique mais aussi le coffre, l’allonge, le ressenti du sel. Une très grande quille qui pose les bases d’un plaisir intense et d’une longévité en cave nettement supérieure aux deux autres. Ne la manquez surtout pas !

On aurait tellement aimé en avoir plus... Ne serait ce que pour vous les faire goûter au prochain Lab de printemps. Hélas, la nature a été cruelle avec le domaine qui ne peut proposer que quelques caisses de chaque vin à ses clients. Je vous invite donc à cliquer vite, et surtout à goûter à ces merveilles qui sont parmi les meilleurs bus sur Sancerre dans le millésime. Ceux de Stéphane Riffault et des frères Pinard boxent aussi dans cette catégorie, mais ils expriment des terroirs un peu différents. En levant votre verre avec ces merveilles dans vos verres au printemps, vous penserez à l’impact de ces élevages plus longs qui ont transformé l’œuvre du domaine. Mais faites attention, cela vous rendra beaucoup plus exigeant avec les autres Sancerre que vous connaissez !