Tokaji Aszú Eszencia 1997
Disznókő

Comment évoquer les Tokaji de Disznókő sans penser au printemps des vins de Tokaji de 2016... C’était en mai, il y a 6 ans jour pour jour, je me souviens de ces 3 jours dédiés à cette sublime région viticole où des acheteurs du monde entier viennent mettre la main sur les plus beaux lots du millésime, lors d’une vente aux enchères ! Si vous n’avez pas entendu parler de cette grande fête, renseignez-vous ! L’originalité de la démarche réside dans le fait que tous les vins sont dégustés à l’aveugle, sans la moindre information... Les lots sont découverts au moment de la vente et tous les grands noms sont présents ! A l’époque, j’avais flashé sur 3 lots complètement hallucinants, et je m’étais dit : "j’en prends au moins un". Mais les 3 lots venaient du même domaine et furent vendus ensemble. Tous étaient de chez Disznókő, avec un furmint, un hárslevelü et un zéta (les 3 cépages de Tokaji) que nous avions fait mettre en bouteille sous forme de collection privée “pour les membres de Chais d’œuvre..." Ce fut un carton ! Alors en re-dégustant les collections de nouveaux millésimes du domaine il y a quelques semaines, Mathieu et moi avons flashé à nouveau. Le bal a commencé par un 5 Puttonyos 2012 éblouissant, très tropical dans les fragrances et orienté sur le zeste, le yuzu, la clémentine confite et la vanille. Une merveille dont la liqueur ne prend jamais le pas sur l’acidité qui éveille sur son passage toutes les papilles. Derrière, il y a eu un somptueux 6 Puttonyos 2015, juste incroyable : 180 grammes de résiduel que l’acidité concentrée des raisins aszús vient trancher avec panache. On y retrouve la mangue, l’abricot et le raisin sec, la vanille, la cardamome... C’est presque un dessert à lui tout seul ! Le bouquet final de cette série fut l'Eszencia qui, sans aucune exagération, fait partie des plus grands liquoreux bus dans ma vie : une couleur sombre, presque acajou, un bouquet enivrant de safran, de figues, d’écorces confites, de raisins secs, de moka... un vin dont chaque goutte fait disjoncter les papilles par son incroyable concentration en saveurs, et sa longueur interminable. Comptez au moins une minute de persistance aromatique intense sur ce nectar, on est au niveau d’un vieux Yquem... Juste démentiel !

"Je n’aime pas les moelleux..." Combien de fois ai-je entendu cette phrase lors de soirées chez Chais d’œuvre... C’est un peu comme dire, je n’aime pas les desserts... J’ai des souvenirs de clients qui en arrivant au Bristol (3 étoiles) nous disaient : on sait pas si on prendra des desserts car on n'est pas trop sucré… Sauf qu’en cuisine, c’était Laurent Jeannin aux commandes, un pur génie de la pâtisserie qui a su rendre aérien, fins, envoûtant chaque bouchée de ses desserts. Eh bien disons qu’à l’instar d’un vieux Yquem, d’un vieux Jurançon de Dagueneau ou d’un vieux Vouvray de Foreau, ces Tokaji sont un peu de cette trempe. Le 5 Puttonyos vous initiera aux plaisirs de la région, en offrant un rapport prix/plaisir dément. Cet été, sur un dessert un peu tropical ou en mode méditation face au couché de soleil, c’est la quille qui vous mettra dans l’ambiance. Le 6 Puttonyos sera le deuxième étage de la fusée : plus profond, deux fois plus long, incroyable de complexité, là, on change de catégorie, on rêve d’une tatin de mangue ou d’abricot, avec un sorbet à la verveine. L’Eszencia est LE vin à boire une fois dans sa vie... C’est un pur jus d’aszú, la crème des crèmes, un vin de méditation à la complexité démente. Seul, en fin de soirée d’été, il chipera la place à un de vos digestifs préféré ! Cochez vite cette case, on parle d’un vin unique au monde !