Vin de France Général de la Révolution 2022
Domaine Comte Abbatucci

« Quand c’est grand, la Corse, c’est fabuleux… », me disait un membre de Chais d’œuvre lors du salon Vinapogée il y a quelques semaines. C’est tellement vrai ! Ce jour-là, nous étions en admiration devant les vieux millésimes de Manu Venturi, qui avait apporté des merveilles : 2014, 2013, 2011 sur le Clos ou Chiesa Nera… Alors forcément, la conversation a fusé : “Quid des vins de Gérard Courrèges ? Et ceux de Jean-Charles Abbatucci ?” en évoquant, bien sûr, leurs plus belles cuvées ! Une transition parfaite pour les légendaires Diplomate d’Empire, Général de la Révolution ou Monte Bianco qui ont hissé Jean-Charles Abbatucci au rang de maître… Que dis-je, au rang de Légende ! Ses 2022 sont d’une beauté absolue et ceux qui ont bu de grands millésimes du domaine savent que quand c’est grand au domaine, c’est le grand frisson ! Diplomate est ce blanc charnel, ample et profond, que j’aime décrire comme le Meursault Charmes de la gamme du domaine : un vermentino crémeux, suave, qui distille des notes d’infusion, de peau d’agrumes, de fenouil avec une fine patine d’élevage ! En général, les amateurs de grands blancs de texture (Hermitage, Châteauneuf blanc, grands Meursault) fondent pour cette cuvée. Dans Général de la Révolution, c’est un profil plus ciselé, plus en longueur qui est proposé. J’adore ce vin sur sa phase d’évolution, quand il se minéralise. On y retrouve des sensations de vieux rieslings parfois, ces notes d’herbes sauvages et de fleurs, une pointe racinaire également. Jeune, il a moins de charme que Diplomate mais quand on l’attend, la magie opère ! Goûtez un 2014 en ce moment : un pur bonheur ! En rouge, résister au fruit bombé du millésime est une mission impossible … Ministre Impérial affiche les arômes de fraises au sucre et de baies du maquis qui ont rendu ce vin célèbre pour sa finesse… Beaucoup d'arômes, une structure de grands sciaccarellus où règne la finesse de certains Chambolle ! Avec 3 ans de bouteille, ce sera de la folie pure ! Dans Monte Bianco, l’équation autour des cépages sciaccarellu, niellucciu, morescola, morescono, montanaccia, carcajolo nero et aleatico, est d’une complexité assez unique. Ces cépages endémiques sont infusés en vinification et livrent un véritable ballet de sensations : nez complexe nourri d’une pointe fumée, avec des fleurs séchées, de la fraise encore, mais dans un registre plus sombre ; des épices derrière, mais qui corsent (pardon pour le jeu de mots) sans durcir ! C’est encore jeune à ce stade, mais Dieu sait (et quelques passionnés aussi) combien ça devient fin et sensuel avec un peu de bouteille !

Bon, ce n’est pas franchement une découverte ces parcellaires de Jean-Charles Abbatucci mais un rendez-vous… Un must, comme le sont également les cuvées 174 du brillant Gérard Courrèges ou les fameux « Ermite » de Gilles Séroin. Tous les passionnés de grands vins se rejoignent pour citer ces cuvées, comme la synthèse brillante de 20 ans de métamorphose en Corse, et ne crient pas au scandale en voyant leur positionnement tarifaire. Car oui, c’est haut de gamme mais on est bien loin du délire affiché par la Bourgogne de 2023, où des jeunes trentenaires de Côte d’Or affichent des Meursault Genevrières à 300 €... Oui, vous avez bien lu, alors vive la Corse et vive les immenses cuvées de Jean-Charles Abbatucci, qui nous régalent depuis plus de 10 ans chez Chais d’œuvre !