Un personnage haut en couleur, un tempérament de feu, qui n’est pas sans rappeler celui de Didier Dagueneau à ses débuts...mais surtout, un talent rare, voué à une success story comme on en croise peu... Chers membres passionnés, repenser, en écrivant ces quelques lignes, à notre sortie au Domaine Les Poëte, c’est forcément se regarder avec Mathieu d’un regard complice et éclater de rire à nouveau, car croyez-nous, cette visite, on s’en rappellera toute notre vie ! Plantons d’abord le décor pour que ceux qui découvrent sachent de quoi on parle : Guillaume Sorbe est un ancien sommelier, brillant, qui a œuvré dans quelques beaux établissements avant de se lancer en viticulture dans le Val de Loire. En quelques millésimes, Guillaume s’est très vite distingué dans le secteur de Reuilly et Quincy, forgeant à coup de viticulture passionnée et bio, une gamme éblouissante de blancs qui ont très rapidement affolé les radars. Nous nous étions enflammés dans quelques commentaires sur les 2015, puis rapidement sur les 2016 que nous avions redégusté au Grand Tasting : une confirmation éclatante ! Depuis, nous ne rêvions que d’une chose avec Mathieu, aller à la rencontre de ce talent hors norme et saisir toute la magie qui dessine ces trésors, chose que nous avons pu faire il y a 2 ans ! D’abord, il a fallu trouver la cave... Quelle histoire, même le GPS ne pouvait rien faire pour nous... La cave ? Disons plutôt que le hangar est collé à une station service, le long de la départementale... Pas d’affiche, pas de téléphone, pas de nom... Pas de rendez-vous non plus, Guillaume avait zappé notre rendez-vous... Par chance, il s’est libéré, nous a emmené voir ses vignes et raconté toutes ses péripéties : installations, mise en place du bio, ses engueulades avec tous les voisins, les coups de boules avec les gitans qui venaient lui piquer son matériel, la gendarmerie qui le convoque à 2 reprises pour lui supprimer son fusil... Bref, un gars entier, au tempérament de feu, qui ne passe pas par le périphérique pour vous dire ce qu’il pense... On a adoré ! Mine de rien, on a ressenti toute la passion qui fait de Guillaume un des plus brillants auteurs de sa génération, un genre de Dagueneau en puissance, qu’il faut suivre avec assiduité car la trajectoire, soyez-en sûre, est juste parfaite ! Lisez le j'achète le détail de chaque cuvée !
"Les orties pour la biodynamie, ça ne s'achète pas sur amazon... Ils me font bien rigoler tous ces biodynamistes du dimanche..." ! Entre deux coups de gueule en conduisant sa camionnette, qu’il confondait avec un 4x4 au cœur de ses vignes en dévers, Guillaume nous a guidé au cœur de ses parcelles, qu’il chouchoute plus que tout. Pour lui, un paysan, ça plante ses orties, ça les fauche... Idem pour les engrais organiques... Vous le comprenez sûrement à la lecture de ces lignes, ce qui anime Guillaume, c’est la passion, c’est tout ou rien, au point d’ailleurs, de prendre des risques financiers qui ont failli le mettre sur la paille... Là encore, je repense à Didier Dagueneau qui pendant la période de taille disait à Louis Benjamin : « Tu vois mon fils, si tu coupes là, tu fais un grand vin. Mais si tu coupes là, tu t’achètes un chalet à Courchevel... ». Assurément, il n’y a pas de chalet à Courchevel dans le plan de Guillaume, mais l’envie furieuse et assumée de faire des grands vins. En cave, Guillaume est parfaitement conscient (c’est sa patte) que les grands terroirs se minéralisent avec les années... C’est là que la magie opère selon ses mots. Il sort donc en 2022, ses 2018 , alors que la plupart des vignerons de Sancerre attaquent la mise en marché des 2021... Est-il fou ? Ou visionnaire ? La réponse est dans le verre ! Vous découvrirez à la dégustation de ces très beaux 2018, le style du domaine qui est marqué par de très longs élevages sur lies, qui texturent, nourrissent et amplifient le sentiment de concentration. Dans la cuvée Argos, vous retrouverez un Sauvignon de Quincy de grande maturité qui, entre exotisme et notes de menthe glaciale, déploie des touches de thé, de poivre, avec un trait de mangue et du sel, beaucoup de sel qui tranche la finale de bouche ! A l’aveugle, les 2017 que nous avons servi au salon d’Hervé Bizeul, tutoyaient dans leur style, de grands Chablis ! Pour Orphée, on regarde le ciel de bonheur au premier tour de verre : note de pomelos, d’herbe fraîchement coupée, on passe par les agrumes un peu confits et par une fine amertume de peaux d’agrumes en finale. Le vin est est plus ample qu’Argos et brille par sa superbe texture... Je conseille aux fondus de vins d’en mettre un peu de côté ! Coté prix, franchement, on nage dans le bonheur... Il y a cette petite cuvée « S » qui vaut une bouchée de pain, superbe également, portée par le souffle d’une menthe poivrée et des notes de pomelos. C’est clairement une quille qu’il faut avoir au rayon kit de survie de sa cave. Les deux autres jouent la carte des parcellaires, du terroir jusqu’au bout. Ils sont déjà prêts mais quand on regoûte quelques 2015 aujourd’hui, on se dit qu’il serait pas mal d’en attendre quelques unes aussi. Bref, Guillaume Sorbe, c’est un ovni, une fusée même, qui arrive dans le rétroviseur des meilleurs de Sancerre ! Achetez tout ce que vous pouvez !