« Des 2022 totalement renversants de floralité, et une gamme sans faute qui impose le respect. Encore une fois, David Duband frappe fort et innove sur quelques nouvelles cuvées ! Son tout nouveau projet des Terres de Philéandres lui donne des ailes et une nouvelle jeunesse ! » Chers Burgundy lovers, quel bonheur d’écrire ces quelques lignes qui font remonter des souvenirs d’il y a 15 jours, où Geoffrey D. (membre fidèle du club) et moi avons passé une journée merveilleuse en Côte de Nuits ! Ce fut l’occasion de visiter tout d’abord le domaine Mugneret Gibourg, véritable icône de Vosne Romanée, qui a signé des 2023 éblouissants de finesse, que j’aurai plaisir à commenter pour leur sortie en juin 2025. Quand on connaît le caractère productif de cette vendange et que l’on goûte de telles merveilles, on se dit qu’il y aura sûrement de belles choses « in fine ! ». Le programme s’est étiré ensuite à Brochon, où nous sommes allés mettre quelques mots sur les 2022 de Bernard Bouvier, des pinots en vendange entière qui racontent l’histoire de vieilles vignes sur les secteurs de Gevrey, Marsannay, Fixin, entre autres… Guettez votre boîte mail en juillet si vous suivez le domaine, car le Gevrey Racines du Temps 2022 est une quille totalement cosmique, qu’il ne faudra pas rater ! Et c’est en apothéose, chez le volubile et adorable David Duband que s’est terminée cette journée… Un moment délicieux, où Geoffrey et moi sommes ressortis totalement retournés par l’accueil, la générosité, le discours ! J’aimerais, avant d’entrer dans les détails de la dégustation et de la gamme, souligner le fait que David est un VRAI grand de Bourgogne. Un homme humble, parti de rien, attaché à ses terroirs de hautes Côtes autant qu’aux Echezeaux qu’il exploite. C’est aussi un vrai passionné du terroir, un agronome hors pair, qui dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Depuis 2002, année où je suis allé au domaine pour la première fois, il n’a pas changé ! Il est toujours aussi enthousiaste, accueille volontiers des particuliers passionnés, passe du temps avec eux… C’est devenu tellement rare ! Pensez-y si vous faites un petit saut en Bourgogne avec des amis passionnés, l’adresse est franchement géniale ! Revenons un peu sur cette gamme de 2022 dégustée et soulignons l’actualité brûlante du moment : « Les Terres de Philéandre ». David est sur un projet unique d’acquisition de terres dans les Hautes Côtes : 53 ha, qu’il va reprendre à sa main peu à peu. Un projet surexcitant, un challenge surtout pour ce prodige de Bourgogne qui ne roupille pas ! Il a débuté en 2022 avec quelques cuvées « test », comme un excellent aligoté travaillé en foudre Stoeckinger, et une cuvée sans soufre baptisée « Célémi », absolument bluffante. J’avais rarement bu un vin aussi précis dans cette catégorie de vins sans SO2. Je vous en reparlerai ! En attendant, soulignons la magie qui règne dans les 2022 du domaine : on a tout goûté, le millésime est dément, les vins floraux, épicés, expansifs… On s’est roulés par terre ! Plongez dans le j’achète pour découvrir la série !
Bon, commençons cette série en soulignant quelques choix du domaine, qui font les petites différences. Pour David, le stress hydrique de 2022 ou les nids de pourriture dans les pinots de 2023 ne sont qu’une résultante de choix agronomiques… Il pense que le labour a tué les sols et qu’il est temps de replanter des arbres au cœur des parcelles, de remettre des couverts végétaux et de rééquilibrer les sols. C’est de là que tout part selon lui. Rappelons au passage que la biodynamie est en place au domaine, et que l’on met les petits plats dans les grands, même dans les Hautes Côtes ! Débutons la gamme avec le fameux Hautes Côtes Louis Auguste, qui naît sur le coteau juste en face de la cave à Chevannes. Une pente sérieuse, une densité à 10 000 pieds/hectare... Ça ne rigole pas ! David y signe un vin tout en dentelle, aux essences de fraise, d’orange et d’épices (un vin 100% grappe entière, sans soufre pendant la période d’élevage). En bouche, c’est du velours, un vin sans tanins qui vous attend ! Dans le Gevrey Village, on redescend sur la côte, avec un village très frais, teinté de poivre vert, d’agrumes, de noyau. On sort sur ce flacon de la signature « cerise intense » des vins de la commune, avec une trame légèrement mentholée et un bouquet évanescent. Une superbe entrée en matière. Le Chambolle Village est taillé dans la soie, il combine le menthol, le poivre, les fleurs, à une poudre légère de cassis. Sa trame est aussi salivante que raffinée, j’ai adoré ! Le Nuits Village est une claque… J’ai marqué sur mon carnet : « le mec que personne n’attend, mais qui fait sensation ». En effet, dans le verre, ce vin combine la force un peu plus tellurique des terroirs nuitons à ce souffle mentholé, floral et épicé des vins du domaine. Le Morey Clos Sorbè est assez athlétique sur 2022, il a la carrure d’un Teddy Riner en pleine préparation. Puissant, séveux, il me rappelle les 2020 ou 2018 qui étaient un peu coincés jeunes, mais qui aujourd’hui s’ouvrent comme des fleurs. Misez sur lui si vous aimez les vins un peu plus denses et racés que les versions « bouquet de fleur » des autres cuvées. Le Nuits 1er cru « aux Thorey » est mon plus gros crush de la gamme… un +++++, note ultime de mon échelle personnelle. Un nez flamboyant, aux essences de sichuan, de café vert, de poudre de fleurs, de baies de cassis, avec une race évidente. En bouche, c’est la classe totale, chose assez inhabituelle sur ces secteurs sud côté Prémeaux des terroirs de Nuits ! Le 1er cru « Pruliers » paraît un poil plus mûr, mais déploie aussi une superbe complexité, avec un peu plus de noyau, d’épices et toujours ce relief de café vert dans la partition. Un 1er cru de demi-garde qui, dans 5 ans, va faire des étincelles ! Sur les Sentiers, attendez-vous à un vin de grand tempérament, taillé un peu comme un Bonnes Mares. Incisif, racé, il déclenche une avalanche de salive et laisse sur lui une impression minérale saisissante. La trame reste assez veloutée, mais les tanins montent encore un peu la garde à ce stade, en mode : « On se calme, merci de revenir en 2027 ! » Le quatuor de grands crus ferme la marche avec panache : grandiose Echezeaux, qui fait en partie en rapport prix-émotion, de mon top 3 des grands crus bus cette année en Bourgogne. Vin exquis, très complexe, aux nuances ferrugineuses, épicées, teintées d’agrumes, de menthe, de cassis doux. Le Clos Vougeot est très beau aussi, et n’a pas les pieds dans la glaise. Les tanins sont classes, la longueur est là, tout comme la patte florale des vins du domaine. Le Charmes est un vin « parfum », qui pousse dans tous les sens, mais sans le moindre accroc en bouche. Un pur bonheur. Latricières était un poil réduit au premier tour de verre, mais s’est vite remis sur piste avec 3 tours de verre. Guettez sa persistance et son allonge autour de la cerise amarena, des épices, du bois de santal. Un vin parti pour 20 belles années dans une cave fraîche ! Voilà pour la gamme, vous noterez aussi que la politique tarifaire du domaine reste « raisonnable »… Normal, David a les pieds sur terre, tant mieux ! On applaudit et on adore ! Bravo David !