« Un vrai bijou Provençal, dont les grands blancs ont toujours marqué les passionnés de sémillon... Les derniers millésimes, signés par Philippe Pacalet, sont à se damner ! À goûter absolument ! » Chers membres, ce n’est pas parce que le soleil fait son apparition en début de semaine que Chais d’œuvre se met en mode parasol, pieds dans le sable, apéros entre potes... Non, c’est d’un grand terroir dont on parle ce soir, d’un très grand terroir même et surtout d’un diamant brut que le génial Philippe Pacalet sculpte avec talent. Pour ceux qui suivent nos présidents en vacances, vous n’aurez pas de mal à situer le Fort de Brégançon et son vignoble voisin, Malherbe, dont le vignoble en parcellaires met en relief toute la richesse géologique de La Londes connue en Provence pour ses schistes et ses sols de ph acide. Ceux qui ne connaissent pas penseront : rosé pâles de Provence, tiolés, sans élevage et bridés au SO2 comme c’est le cas dans la majorité des propriétés de ce secteur... Mais non, Malherbe a toujours été un écrin singulier mené par la famille Ferrari qui a toujours été un peu à contre-courant des modes et des pensées de l’œnologie moderne. Il y a 10 jours, j'ai participé à une masterclass organisée par le domaine et commentée par Olivier Poussier, Meilleur sommelier du monde 2000. Un moment fort puisqu’au travers de cette dégustation beaucoup de sommeliers ont témoigné du passé de Malherbe, de ses blancs exceptionnels au vieillissement et de ces sémillons sur schiste qui emmènent vers des plaisirs rares avec le temps. Mais le passé est le passé et ce qui compte, c’est l’avenir. J’ai, pour ma part, été totalement happé par la proposition du domaine où rayonnent de multiples cuvées toutes plus bluffantes les unes que les autres. Les blancs, mêmes jeunes sur la Pointe du Diable, ou les rosés sont saisissants de sincérité et d’ouverture. La montée en gamme dans les rouges est tout aussi spectaculaire avec notamment le rouge de Malherbe en vendange entière que je situerai à mi chemin entre un pinot façon Pacalet (floral, épicé) et une grenache infusée, sans oublier cette cuvée hommage « Madame Ferrari » qui livre un vin totalement contemporain à base de blancs et rouges complantés. Ses parfums, sa trame digeste et parfumée ont répondu à la question que tout le monde se posait en arrivant : c’est la révolution à Malherbe et jamais les rouges n’ont été aussi définis et vibrants qu’aujourd’hui ! Plongez vous vite dans le j’achète pour saisir les nuances !
Avant d’entrer dans les détails, j’attire l’attention de tous les amateurs sur de petits détails sur le site du domaine, où au-delà des textes, la beauté des photos vous plongera dans un décor saisissant. Je vous passe aussi les détails historiques, l’ancienneté du vignoble et tout ce qui sied à la biodiversité, au respect de la nature et à la richesse géologique de chaque lieu... C’est sans fond ! Ce qui compte par contre, c’est d'être précis autour des vins, alors allons-y ! Petit projecteur au départ sur la parcelle de la Pointe du Diable qui n’est pas une « entrée de gamme » comme on pourrait le vulgariser, mais un parcellaire à part. Les pieds dans l’eau, sur terroirs sablonneux, avec éclats de quartz, le blanc 2022 est une pépite à découvrir si vous voulez plonger dans l’univers des grands blancs du domaine. Depuis 3 ans, le pressurage a changé, il se fait sur grappe entière ce qui confère aux vins une fraîcheur, une énergie même qui, dans cet assemblage ugni-sémillon, pose déjà les bases d’un plaisir soutenu. J’ai été scotché par la texture et l’ouverture de ce vin qui, jeune, ne campe pas dans le fermentaire. Dans le verre, c’est un peu de lime, d’amande, d’aubépine, avec un miel frais en filigrane. Superbe cuvée. Je dirai la même chose du rosé qui, sans avoir la conversation de l’autre parcellaire, affiche déjà du plaisir sur la maras des bois et l’écorce d’agrumes. On monte clairement dans les tours avec le blanc Malherbe qui assemble rolle (parcelle 9) et sémillon (parcelle 20). Fermenté en demi muids et foudre Stoeckinger, il affiche une étoffe admirable et une patine qui a fait fondre mon cœur de bourguignon. De jolies notes de fruits jaunes, de noyau, avec un peu de cédrat (rolle) dans le verre, son allonge est superbe. Au sommet des blancs, le Grand Vin : pure merveille, digne d’un Simone blanc à mon sens ou d’un Vino di Gio du Clos Saint Vincent pour sa griffe. Ici, des vignes de 50 ans des meilleurs sémillons avec un peu de rolle sur les plus beaux spots. Dans la cave, même process mais avec plus de soin pour cette cuvée tirée à 1.000 cols. Enorme kiff en texture, en relief, en allonge. J’ai adoré ! En rouge, le Malherbe rouge est une merveille quasi bourguignonne qui a fait dire à Xavier Thuizat, le chef sommelier du Crillon : « Propose ça à tes Burgundy lovers de Chais d’œuvre ! » C’est tellement ça. Une bombe au nez, aux essences de sauge, de mûre sauvage, de rose, avec la pivoine et le noyau. Un combo grenache, syrah, mourvèdre, que seul un druide comme Pacalet peut amener à ce degré de finesse et de complexité. Enfin, clou du spectacle, Madame Ferrari, cuvée « hommage » qui tourne autour d’un style contemporain de rouge : rubis quasi translucide, tout en parfums, en fleurs, en fraîcheur salivante... Une lecture encore plus à contre-courant que ce que vous pouvez imaginer dans la région et à la fin, un vin qui dans un verre à pinot, vous embarque à vitesse grand V ! Bref, Malherbe perpétue la légende autour de son terroir mais l’arrivée de Philippe Pacalet offre une révolution à la propriété. Goûtez-y pressement !