Alsace Grand Cru Kirchberg de Ribeauvillé Riesling 2019
Domaine Kientzler

« Les vins de terroir de très haut pedigree en Alsace sont de vraies machines à faire remonter le temps... Peu de personnes ne soupçonnent leur potentiel et leur complexité... Peu de personnes osent les garder comme on devrait le faire... C’est tellement dommage ! » Ce j’aime j’achète n’est pas franchement un énième commentaire sur un beau domaine d’Alsace, ou un coup de cœur sur une cuvée, mais une véritable invitation à regarder l’Alsace différemment. Chez nombre de domaines que nous suivons depuis une dizaine d’année, nous martelons ce message : « Les grands crus deviennent exceptionnels dans le temps alors qu'ils ne valent, pour certains, qu’une bouchée de pain ! » Prenez les fameux Geisberg d’André Kientzler par exemple, ce fameux coteau des chèvres (en alsacien) dont les terrasses marno-calcaires épousent les flans de Ribeauvillé. Jeune, c’est bon, tendu, salin, sapide... Mais vieux, c’est à se damner ! J’ai bu des 1996, 2002, 2005 récemment, à pleurer, un immense riesling sur la truffe, le miel, l’encaustique, les plantes... Grandiose. Avec le Clos Sainte Hune, c’est un des crus calcaires qui évolue le mieux avec les années. Alors voici une petite verticale, histoire de comprendre le process de ce grand vin : 2018 d’abord, jeune (beaucoup trop jeune) mais bien né... Taillé pour la garde. Il parlera à ceux qui misent sur une explosion dans 8-10 ans, âge où le Geisberg lâche toute sa puissance. Quelques 2015 ensuite, qui commencent à se minéraliser et qui nous fait comprendre ce qui se passe sur cette cuvée quand les années passent. 2010, 5 ans plus vieux, est d’une jeunesse insolente... Sa douzaine d’années passées n’ont eu aucun impact sur lui, si ce n’est que de préserver l’éclat agrumé et les sensations de craie du lieu. Le millésime est immense et parti pour rayonner dans le temps comme le font aujourd’hui les 1990 ! Pour ceux qui veulent remonter le temps, prenez des 2002 et 1994... Là, on bascule dans un univers fabuleux, avec des notes de caramel d’agrumes, de cire, de truffe, de miel qui se déploient. Rappelons que 2002 est, avec 2008, un des plus grands millésimes de la décennie pour le riesling et que 1994, contrairement au reste de la France, fut superbe en Alsace, surtout quand on monte dans les grands crus, les VT et SGN. Autre plaisir assez décoiffant qui m’a scotché lors de la dégustation d’ACT (regroupement de supers domaines d’Alsace où on trouve la crème de la région), c’est le Kirchberg 2019. Année transcendante, magique même sur le Kirchberg qui, pour la première fois en 20 ans de dégustation chez Kientzler, semble dépasser le Geisberg en précision et en intensité. Ne le manquez surtout pas, c’est un fusil de très haute précision, un vin d’esthète qui parlera aux puristes !

Les quelques membres qui sont venus avec moi dans le vignoble en Bourgogne le savent : ma cave sur place est blindée de grands crus d’Alsace... Je peux décliner, sans exagérer, 40 ans de grands vins de la région, essentiellement dans les grands crus... Pourquoi ces choix ? Tout simplement parce que les rapports prix-potentiel de garde-plaisir sont les meilleurs en blanc de l’hexagone ! Entre 18 et 50€ en Alsace, un particulier peut boire des trucs de malade et miser sans grand risque sur des courbes d’évolution magnifiques ! Autre aspect fascinant dans l’offre de la région : leur capacité à être de grands ambassadeurs de la gastronomie... Prenez un Kirchberg 2019 sur une huître en gelée de pomme verte par exemple... Ou sur quelques saint-jacques marinées en octobre prochain (c’est la saison)... Et sortez un 2002 sur un turbot rôti servi avec une mousseline de rattes au citron confit ! Vous en pleurerez de bonheur ! Petit détail utile avant de vous laisser : tous les vins proposés aujourd’hui sortent directement de l’oenothèque du domaine. Conservation au top, bouchons au top... C’est suffisamment rare pour être souligné !