Alsace Pinot Noir Clos de la Faille 2020
Domaine Albert Mann

« Tout simplement les plus grands pinots noirs jamais signés par Jacky Barthelmé et son fils Antoine... On touche du doigt à la perfection dans ce millésime, la Bourgogne n’a qu'à bien se tenir ! » Quelle visite, quelle émotion surtout... Vendredi dernier, lors d’une petite tournée Alsacienne chez quelques domaines de légende (Boxler, Humbrecht, Mann), je me suis pris la foudre en débutant la série de pinots noirs chez Jacky et Antoine Barthelmé dans le millésime 2020. Oui, la foudre, car sur les 4 pinots dégustés, les 4 déclenchent de vrais frissons et aucun n’a manqué le rendez-vous de cet immense millésime. Avant d’entrer dans les détails de chaque cru, il convient de rappeler les conditions de cette récolte : un été assez sec, chaud, naturellement concentré et un cycle végétatif assez précoce. Une vendange très saine, faite en pleine crise covid, mais douée d’une pureté de fruit et d’équilibre dans les raisins qu’on avait rarement vu. Même les excellents 2019 du domaine, n’atteignaient pas le degré de concentration et surtout, la trame de velours des tanins proposée ici. On notera dans ce millésime, l’affinage des élevages, avec une proportion de bois neuf qui ne dépasse pas 10%. Certaines pièces viennent de chez Meo car Antoine y a passé quelques mois, d’autres de chez Taransaud. Derrière le fruit éblouissant de chaque vin, on peine à ressentir l’élevage, tout en découvrant des pinots structurés, savoureux et très longs. Plongez vous dans le j’achète, pour découvrir les 4 cuvées, mais lisez vite, les volumes sont minuscules !

Comparer les 4 pinots du domaine côte à côte est une expérience unique et singulière. Tout commence avec le fameux Clos de la Faille, 1 ha de pure magie que Jacky Barthelmé a su hisser au rang de "terroir de légende" par la dimension des pinots noirs qui y naissent. Née dans la prolongation du "Hengst", sur des terroirs marno-calcaires, cette vigne plantée à 13.000 pieds par hectare de pinots fins fait naître des rouges somptueux qui, à l'aveugle, pulvérisent un bon paquet de grands Bourgogne. Des quatres, c’est celui qui offre une matière plus florale et une trame plus fine... On se surprendrait à vouloir les ouvrir trop tôt ! Derrière, le duo Grand P et Grand H est une démonstration de ce qu’un terroir « Grand cru » peut proposer. Le Grand P offre une trame de grand pinot bourguignon dans le calcaire, un niveau premier cru qui n’est pas sans rappeler dans sa résonance aromatique, certains terroirs haut de coteau de Vosne. Une puissance saisissante qui appelle à un peu de sagesse niveau garde mais une quille de pédigrée ahurissant ! Plus civilisé, mais plus épicé dans son relief : Grand H, né dans le Hengst (l'étalon en Alsacien) qui livre une matière tout aussi intense, mais dans un registre plus épicé et plus sanguin. Bouche absolument parfaite sur 2020, avec de l’acidité, un fruit mûr et dense, des tanins fins et beaucoup de longueur ! Clou du spectacle, qui là se rapproche de la perfection : Saintes Claires, une vigne qui épouse le haut du Furstentum, où Jacky m’a emmené après la dégustation pour aller y voir les travaux titanesques réalisés : des petits murets en pierres sèches sublimes qui forment de petites terrasses ; une massale très haut de gamme de pinot, dont les vignes bridées en rendement, commencent à rejoindre la roche mère. Elles ont à peine 20 ans, mais pourtant, le résultat est stupéfiant sur 2020. A l’aveugle, je dirai sans hésiter « Vosne Beaux Monts » ou un truc dans le genre tant la teinte du fruit, la qualité des traits et la longueur, sont au niveau ! Une quille stratosphérique, vendue à prix d’or, mais qui dans une série de premier cru ou grands crus bien plus chers de Bourgogne, peut faire d’énormes dégâts !