Auxey-Duresses Les Hautés 2021
Domaine Anne-Marie et Jean-Marc Vincent

« Les plus gros frissons en dégustation de ce début d’année... sans aucune exagération » !
Chers membres, comment commencer ces quelques lignes sans penser à cette visite de février 2023 chez Anne-Marie et Jean-Marc Vincent, ce couple adorable (le mot est faible) pour qui j’ai une admiration sans limite... Leur parcours de vie est extraordinaire, leur viticulture à la pointe de ce que je peux voir dans la région, et la richesse de leur réflexion me rend, à chaque visite, un peu plus admiratif... C’est un véritable bonheur de vous décrire mes sensations sur les 2021 qui, sans aucune exagération, m’ont donné de vrais frissons ! Nous avons débuté la gamme avec un petit tour dans la cave située sous la maison, superbe écrin du 15ème, dont les voûtes et l’architecture laissent déjà une magnifique impression. C’est, avec la cave du Thibaud Morey à Chassagne, une des plus belles que je connaisse dans ce style. A droite en bas de l’escalier se trouve un fût « spécial », appelons ça une œuvre, et non un vin, puisque Jean-Marc a débuté il y a quelques années, une soléra d’aligoté. Si vous relisez les j’aime-j’achète des 2018, vous en retrouverez des traces. Une solera, quelle idée... « C’est contradictoire avec l’époque, mais c’est ça qui marche » nous glissait Jean-Marc avec un sourire communicatif. Dans nos verres, un aligoté qui affiche des arguments sublimes, entre le gras sec, une matière pleine de complexité et d’évolution, un genre de rencontre entre la fraîcheur de fruits de vergers et une tombée d’oléagineux. On s’est regardé avec Etienne en mode “pétard, c’est quoi cet ovni” en faisant le parallèle avec la solera de Jérôme Bretaudeau...un autre génie du vin dont on adore l’audace et la gamme. Premier coup de cœur. En remontant un peu dans le village, nous avons échangé un peu sur ce qui a changé en 2021 pour Jean-Marc. « Beaucoup de choses », disait Anne-Marie en soupirant... Un gros travail à la vigne of course, des vignes tressées, des hautes densités comme Olivier Lamy...et des choix d’élevage en fûts « Pierre de Bourgogne » (chênes de coteaux, signés Bruno Lorenzon) qui offrent des rendus sublimes et des patines de bois comme je n’en avais jamais vues jusqu’alors ! A la cave, nous avons goûté les premiers vins, Jean-Marc a abordé le sujet des pressurages, où il s’est inspiré des méthodes de Jean-Marie Guffens qui, avec son bras droit Julien, mise beaucoup sur la sélection des presses. C’est assez complexe, mais en gros, si vous gardez les têtes de presse uniquement, les acidités, le relief et la pureté sont boostés. Moins de jus donc, car le reste est écarté, mais pour un résultat saisissant ! La démonstration dans le verre est unique, avec des Beaurepaire (vigne au sud du coteau, près de la maison d’Aubert de Villaine) d’une pureté incroyable. Un truc de fou ! Je ne l’avais jamais bu à ce niveau de définition. Même constat dans les « hautes » qui ne jouent plus dans la cour des Auxey, mais de grands Meursault. Une grande densité de goût, une impression de minéralité exceptionnelle, et une allonge extra. Le Gravières blanc les coiffe sur le poteau, car la très haute densité de plantation et ce terroir de super Premier Cru de Santenay vont plus loin sur tous les aspects. Intensité, longueur, énergie... C’est une claque ! Carton rouge cette année pour le Montagny en revanche, ce n'est pas le même approvisionnement que les années précédentes (vignes de la famille Lorenzon) et, par conséquent, le niveau n’est pas là. Un autre site où des sommeliers moins regardants vous en parleront comme la 8ème merveille du monde, nous non... Par contre, si on parle du Puligny Corvée des Vignes, forcément, on change de ton. La signature du terroir est là, la teinte aromatique est plus claire, plus lumineuse, il y a le côté classe et sapide des beaux Puligny. De quoi fermer la gamme des blancs avec panache. En rouge, Jean-Marc a trié comme un dingue, et ce qui est sorti est un concentré du meilleur. Enorme kiff dans le Beaurepaire, que j’ai trouvé pur, salivant, hyper sapide et drapé de tanins de velours. Le genre de pinot qui, par sa fraîcheur, son fruité acidulé précis et généreux, fait lever les yeux au ciel. Gravières est un concentré de terroir également, (17 hL/ HA sur la parcelle), il affiche une trame plus tellurique façon « Rugiens » de Pommard. Des notes plus sombres dans le verre, avec ce côté plus sanguin et épicé du terroir. Très grande bouteille qui résume à elle seule l’idée que pour faire le meilleur, il faut accepter de tout perdre. Clou du spectacle : Gravité 2020, ce concentré des plus belles parcelles et raisins du domaine, que Jean-Marc étire en élevage pour une mise sur le marché décalé. Là, c’est le Santenay Grand Cru non déclaré, une bouteille qui, lorsqu’elle atteint 7-8 ans, fait des ravages à table. J’ai servi un 2013 à mes parents il y a 15 jours, on s’est roulé par terre, alors que le millésime était comparable à 2021, bien compliqué. N’est ce pas là que l’on reconnaît le génie du vigneron ?

Bon, c’est un fait depuis deux ans, les prix ont augmenté de manière significative au domaine, mais c’est totalement normal... On parle d’une viticulture d’élite, d’un nombre de personnes par hectare qui est celui des domaines de légende, et surtout, d’un tout petit domaine en taille... Donc pour que l’équation tienne, il faut que les flacons soient bien valorisés, et j’ai été le premier à encourager Anne-Marie et Jean-Marc à faire reconnaître leurs efforts. Les 2021 sont donc au niveau de prix des vins haut de gamme de Bourgogne, mais ils le sont, vous vous en rendrez compte en goûtant à ces Santenay et Puligny... A titre personnel, j’ai plus vibré en visitant Anne-Marie et Jean-Marc en Février que chez la plupart des autres domaines... Clairement, il y a un truc chez eux, et je ne suis pas le seul à le souligner ! Chapeau à cette famille partie de rien qui fait briller, de tous ses feux, le petit village de Santenay !