Magnum Barbaresco 2017
Domaine Angelo Gaja

Magistral, une vraie démonstration ! 20 ans séparent ce commentaire et ma première visite chez Angelo Gaja, j’ai l’impression que c’était hier. En ouvrant la semaine dernière, un splendide Barbaresco 2011 du domaine, j’ai complètement vrillé : un vin juste dément de complexité, au bouquet envoutant, indescriptible même, qui m’a rappelé qu’il était grand temps de vous reparler de ce ténor de l’appellation. J’ai donc appelé l’importateur du domaine, et dégusté les derniers vins du millésime 2017, juste spectaculaires, et décidé de vous les proposer pour que vous puissiez, comme moi, vivre ce moment de folie que propose un grand Barbaresco du domaine. Des 6 vins dégustés, je vais être très transparent, tout ne m’a pas renversé. Les parcellaires ou grandes cuvées comme « Sperss , Costa Russi, San Lorenzo, Sori Tildin » impressionnent ( en même temps, au prix proposé, c’est normal) mais ne me donnent pas les petits frissons que me donne le Barbaresco « classique » du domaine que je trouve bien meilleur en rapport prix/emotion. J’avais déjà eu ce sentiment quand je les servais au Royal Monceau. C’est donc ce seul et unique vin, que nous vous proposons aujourd’hui, le seul à représenter sans artifice, la vraie dimension des grands terroirs de l’appellation, tout en surfant sur le style assez contemporain des Nebbiolo du domaine. Dans le verre, on retrouve les codes des grands vins de l’appellation, avec un rubis à peine extrait, un bouquet enchanteur riche de rose séchée, de fruits à l’eau de vie, de graphite, qu’une fine patine boisée cintre sur la jeunesse. A l’aération, des instances d’écorce d’orange s’invitent, on entre dans la 3ème dimension plus spirituelle des vins du domaine, qui évoque un peu d’encens, du cèdre, et un peu de tabac froid… En bouche, la sève impériale de la cuvée fait son entrée avec classe, accompagnée du moelleux nécessaire pour tempérer sa puissance. L’ensemble est riche, contrasté de la fraîcheur naturelle des grands Nebbiolo, les tanins viennent étirer l’univers aromatique perçu au nez avec une persistance délirante. Dans ce vin, on sent le terroir, le style, limite la fierté de son auteur, et on s’incline face à la composition globale de l’œuvre. La méga classe, et un grand cru digne de la légende !

« Vous les Français, vous faites des vins pour boire, nous, on fait des vins pour manger » Voilà la petite anecdote que vous pourrez conter à vos convives, si vous leur parler d’Angelo Gaja, qui ne fait pas des vins pour prendre l’apéro en terrasse. Pour lui, la promesse de ses grands vins est celle du temps long, des vins qui 15 ou 20 ans après renversent tous les convives, des vins qui marquent au fer rouge, tous ceux qui ont la chance d’y goûter ! J’ai d’ailleurs fait le test, lors du baptême de mon fils avec un Jéroboam de 1988 du domaine, juste hallucinant, que toute la table a pris en photo en mode « mais c’est quoi ce truc de dingue »…. Bref, ce Barbaresco d’Angélo Gaja, c’est une case à cocher dans une vie d’amateur, un vin de garde exceptionnel, une icône du Piémont. Côté prix, c’est décoiffant certes, mais pas forcément plus cher que nos grands crus de Bourgogne. Perso, je trouve que ça vaut largement le coup ! Nous avons des bouteilles, des magnums et même un jéroboam en cave, c’est dire à quel point nous croyons à ce flacon !