Barolo Margheria 2013
Domaine Massolino

"Les Barolo de Serralunga ont toujours une touche fumée, une petite pointe goudronnée qui va au-delà du fruit, à l'eau de vie"… Ces paroles, ce sont celles de Michel Bettane, qui en 2011, était venu déjeuner au Carpaccio, le restaurant étoilé du Royal Monceau, où j'officiais. Je venais de lui servir à l'aveugle, cette merveilleuse cuvée Margheria de Massolino, dont les Barolo font partie du top 5 de l'appellation. Évidemment, Michel n'a pas mis 3 minutes à reconnaître le style infusé, et traditionnel de ce domaine où les vins sont dessinés par de beaux raisins, nés sur un grand terroir. Ce terroir, c'est celui de Serralunga, un genre de Vosne-Romanée local où les argiles sombres donnent au Nebbiolo, toute sa singularité. Pour les amateurs de légendes, c'est là juste à côté que naît "Montfortino", la Romanée-Conti Italienne du Piémont de Giacomo Conterno. En 2013, Margheria est splendide, nourrie de cette chair envoûtante de cerises à l'eau de vie, de notes de mûre sauvage et de rose séchée. Des 3 grands crus du domaine, je dirais que c'est le plus accessible en jeunesse, le plus enrobé et le plus caressant. Les deux autres, Parafada et Vigna Rionda sont sublimes, mais beaucoup plus capricieux en jeunesse, ils méritent au moins 7 ans en cave, avant de livrer leur potentiel ! 

Si l'on s'autorise une comparaison entre Vosne-Romanée et Serralunga, alors je dirais que Margheria est un Vosne Suchots ! Un cru fabuleux, où les vins portent un fruit profond et suave, très identitaire, mais tout de même accessible jeune. Parafada serait plutôt un Malconsorts, plus minéral, plus mystérieux, mais plus long et plus complet. Vigna Rionda serait le Richebourg, assurément. De la gamme de Massolino, c'est lui qui domine de loin les autres cuvées, mais il exige d'être patient, très patient... Bref, vous comprendrez certainement que l'on parle d'un domaine de légende, d'un beau millésime en 2013 pour Parafada et Margheria, mais on parle surtout d'un domaine à la régularité hors norme... Même Lucciano Sandrone et Marco Parusso, dont j'adore les vins, ne sont pas aussi réguliers, et aussi précis d'une année sur l'autre. Si vous avez un doute, lisez quelques commentaires de grands journalistes, vous serez très vite fixés !