Barsac Bonneau 2018
Château Closiot

" Qui d'autre, orait osé ? Réponse : personne ! Il y a parfois dans le monde du vin, des personnes exceptionnelles qui vont à contre courant et qui dynamitent les pensées établies. Jean-Marie Guffens est de cette trempe ! Cet entrepreneur, parti de rien à la fin des années 70 sur quelques ha dans le Mâconnais, s'est hissé parmi les noms de légende en Bourgogne, autant par le génie qui anime ses cuvées et leur " patte " (je vous en reparlerai), que par son franc parlé et son sens aigu de la provocation. Fort d'un succès juste hallucinant (tous les vins sont vendus en primeur) , entre le Château des Tourettes en Lubéron, que dans son négoce haute couture (Verget), Jean-Marie s'est lancé dans une aventure complètement folle : racheter 8 ha à Closiot, un des plus beaux spots de Barsac. Oui, Barsac, le terroir légendaire du Sauternais certes, mais une appellation en crise, à l'heure ou les vins liquoreux ne se vendent plus trop... Tout le monde pourrait dire que c'est un pari fou... Nous chez Chais d'oeuvre, on pense que c'est du génie pur ! Avec Julien, son bras droit qui l'accompagne dans tous ses domaines, ils ont très rapidement saisi ce qui pouvait réanimer cette appellation : faire d'immenses liquoreux, ceux qui donnent des frissons de bonheur ! Eh bien le pari est réussi, grâce à la nature qui a enfanté de beaux raisins sur 2018. Des 4 ha du Clos Bonneau (parcelle historique, très connue pour le botrytis), le domaine produit selon l'année 3 vins : un sec très bien dessiné, à base de Sémillon essentiellement qui passe dans des fûts bourguignons. On a beau essayer de ne pas y penser, il porte un peu la griffe des secs de Jean-Marie. Puis 2 liquoreux, qui se distinguent par des tries. C'est sur le premier, que mon coeur s'est arrèté mardi dernier au domaine, une pure merveille de liqueur (151 grammes), aux essences de mirabelle, de safran et d'écorces d'orange. En y goutant, j'ai regardé Julien avec le sourire en lui disant : deux choses me frappent dans cette bouteille : 1) où est le soufre qui normalement sur des Barsac en jeunesse, nous cassent le crâne ? 2) les fûts ressemblent à des bourguignons, car les empreintes vanillées sont hyper fines... Pourquoi ? Julien m'a répondu : pourquoi faire la même chose que les autres ? A bon entendeur !

Sincèrement, cette visite mardi après midi au domaine, fut un moment d'une richesse absolue. Tant, dans les verres, et la démonstration de maitrise de Julien au domaine, que dans la somme de détails qui forgent les petites différences. Si comme moi, vous avez été bercé lors de votre jeunesse, par quelques gouttes de ces nectars inimitables de Barsac (Climens, Doisy-Védrines etc..) , alors je vous invite à nager avec nous et Jean-Marie Guffens, à contre courant ! Je vous assure qu'il y a une magie dans ces grands liquoreux, et qu'ils sont capables d'illuminer n'importe quel visage, lors d'un grand moment en famille. Jeune, servi en contraste avec des mets peu sucrés, autour de l'abricot ou de l'orange amère, c'est merveilleux. Les plus audacieux tenterons avec un poulet rôtie, un homard aux sucs d'orange ou avec un bon roquefort, car les mariages sont exceptionnels. Vieux (15-20 ans), c'est la bouteille de méditation parfaite à faire gouter en " petite dose " à ses enfants/petits enfants face à la cheminée. Là, vous pourrez leur dire:  " vu vois, ce Monsieur, il a tout fait pour sauver un des plus grands trésors de notre patrimoine viticole! " Et vous aussi, par la même occasion ! Côté prix, c'est le prix de l'excellence, de choix drastiques, et d'un produit rare et couteux à réaliser. Alors faîtes vous plaisir, ce vin est bien plus qu'un Barsac, c'est un acte militant, engagé, et diabolique en dégustation !