Bâtard-Montrachet Grand Cru 2021
Domaine Pierre-Yves Colin-Morey

« Un millésime fuselé et vibrant, qui colle à merveille au style des vins du domaine. Avec de longs élevages et une mise décalée sur le marché, le domaine atteint son objectif ! Que ce soit chez Pierre-Yves ou chez Caroline Morey, son épouse, la gamme est remarquable ! » Chers membres passionnés, j’écris ces lignes à l’aube de ce week-end ensoleillé de juin, en me disant ceci : « Ces lignes ne servent à rien, les vins vont s’arracher en deux minutes »… Tant pis, je continue ce récit de visite au domaine d’il y a quelques mois, pour nourrir la curiosité de ceux qui n’ont pas encore coché ces cases merveilleuses de Bourgogne et entretenir la flamme chez les Burgundy lovers du club qui, comme moi, voient dans les vins du domaine une forme de perfection dans la région ! J’ai donc eu le plaisir de me rendre chez Pierre-Yves Colin Morey et Caroline Morey en novembre 2023… Le domaine avait convié ses clients professionnels, agents, afin de partager tous ensemble les ressentis sur les 2021 et de remonter dans les millésimes, à table, dans des formats de fête ! Inutile de vous dire qu’après quelques verres de Bâtard-Montrachet 2015 et de Meursault Perrières 2013 servi en jéroboam, le retour en TGV n'a pas été simple ! Toute l’équipe du domaine était là : Pierre-Yves, Caroline, Matis (un des fils, qui avec Clément, son frère, assure la relève) et même Paul Bouzereau, le fils de Jean-Baptiste Bouzereau qui fait ses classes chez Pierre-Yves avant de revenir au domaine… Ça promet ! Nous avons parcouru 2021 dans toutes les cuvées, avec d’abord les vins de Pierre-Yves, puis ceux de Caroline. Avant d’attaquer 2022, qui ne sortira qu’en 2025. La volonté de l’équipe est de décaler les mises en marché de ces superbes flacons, qui méritent plus que tout d’être sagement attendus dans des caves de passionnés. Plongez dans le « j’achète » pour découvrir les cuvées !

Bon, allons straight to the point comme on dit, car la gamme est longue… très longue ! Les 2021 sont de vrais rescapés (il y a très peu de vins au domaine), Chassagne ayant été dévasté par le gel d’avril, mais ce qui est né est, dixit Pierre-Yves, miraculeusement concentré. Bien tendus, les vins méritaient d’être assagis par le temps, et se livrent désormais sous de remarquables équilibres. Commençons par les cuvées de Pierre-Yves, avec le très simple mais très efficace aligoté qui n’a pas vocation à faire des concours… On s’en moque un peu, il n’est pas fait pour ça. Ciselé, pur, il met les papilles en route avec panache ! Le Saint-Aubin village, derrière, fait comprendre qu’on n'est pas venu au domaine par hasard… plein de rythme salivant, porté par un corps en demi-puissance, il affiche déjà la « patte » de Pierre-Yves, avec une fine réduction grillée, posée sur un corps fuselé ! Une belle entrée en matière. Saluons dans la même veine le niveau du Hautes-Côtes, vignes que Pierre-Yves a reprises il y a quelques années avec son « partner in crime », Benoit Riffault du domaine Sauzet. Là encore, on est dans les sphères accessibles en jeunesse de la gamme, avec un vin porté sur la fraîcheur, les fleurs blanches et peu de bois en sensations. On accélère sérieusement en attaquant Hommage à Marguerite, assemblage de plusieurs petites parcelles sur Saint-Aubin. Plus corsé en saveurs, animé de plus de sensations salines, c’est un vin qui affiche une élégance folle, liée aux choix d’élevages. Il tient la route face à pas mal de Chassagne ! Châtenières est délicieux, mais absent de notre allocation hélas… Si vous le trouvez, foncez les yeux bandés. Vous pourrez vous consoler avec le Chassagne Vieilles Vignes blanc, vecteur d’une minéralité plus brute et d’un cœur vibrant. Le « 1er cru » le dépasse forcément, puisqu’il combine Mazures et Champs Gains. Dans le verre, c’est le village en plus ample, plus long, plus sapide… Les sensations crayeuses sont évidentes sur ce flacon ! Le Charlemagne est drapé de peau de citron, de talc de craie, avec un peu plus d’élevage en sensation… Là, on lève les yeux au ciel tellement c’est jouissif ! Je n’ai pas goûté le Bâtard sur cette vendange… Trop peu de vin, mais évidemment, on parle d’un des plus grands de l’appellation… Donc cliquez vite ! Chez Caroline Morey, même vinification, même style, mais avec les vignes familiales du père de Caroline. Le Santenay est déjà très bon… mais j’ai vibré dans les Chambrées, avec un Chassagne de grande tenue, plus complexe que le village de Pierre-Yves. Le 1er cru affiche beaucoup de pureté, sans être très étoffé sur 2021. À mon sens, c’est une petite bombe à retardement, à ouvrir vers 2027. Le Criots est orgasmique… Pas d’autres mots pour ce vin qui fait partie de mon top 5 des Grands Crus dégustés en 2023. Place aux rouges, qui valent le coup si vous aimez les vins « parfums »… Des pinots rubis, très peu colorés (surtout le Grèves, quasiment rosé) mais qui débordent de parfums. Excellent Chassagne rouge qui joue la carte des petits fruits acidulés et des fleurs, mais sans tanins. Le Premier Cru La Comme est tout sauf rustique, comme c’est parfois le cas sur ce terroir. Nuances plus ferrugineuses, mais là encore, beaucoup de tendresse. Le Beaune Grèves est scotchant… En le regardant, on se dit : « Y aura rien dans le verre, ce vin n’a pas de couleur », mais en bouche, c’est une explosion de sensations… !